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Frankenstein à Bagdad
Frankenstein à Bagdad



Fiche descriptive

Roman Graphique

Ozanam (d'après le roman de Ahmed Saadawi)

Antonio Cittadini

Alessandra Alexakis

Soleil

Fantastique

13 mars 2024


18€95

9782302092884

Chronique
Frankenstein à Bagdad
Tragédie burlesque fantastique

À Bagdad, les habitants tentent d'organiser une vie quotidienne normale, malgré les attentats qui fauchent des vies. Parmi eux, un chiffonnier récupère des morceaux de corps sur les lieux des attentats pour assembler un être complet.

Lorsque sa tâche s'achève, le corps s'anime, et ce Frankenstein irakien n'a plus qu'une idée en tête : venger toutes les morts qui ont contribué à le créer.
un chef d'oeuvre!


Tragédie burlesque fantastique
Frankenstein à Bagdad, planche de l'album © Soleil / Cittadini / Ozanam / Alexakis / SaadawiBagdad, 2005… Dans la transformée en champ de ruines où patrouillent des soldats américains et des milices sunnites et chiites, la vie reprend son cours, tant bien que mal, rythmée par des attentats suicide…

Parmi cette foule bigarée, Hadi Al-Attag, un chiffonnier à moitié fou, raconte à qui veut bien l’entendre qu’il prélève des morceaux de corps sur les victimes des attentats et les assemblent patiemment, les cousant les uns aux autres pour créer un corps complet… Mais, une fois complété, le corps disparaît ! Peu après, un mystérieux assassin à l’apparence terrifiante sème la terreur dans les rues de Bagdad.

Possédé par une âme errante, le « sans-nom » a pris vie et semble décidée à venger toutes les innocentes victimes qui ont perdu la vie dans les attentats et dont son corps est constitué… Mais une fois l’innocent vengé, la partie qui lui avait été prélevée reprend sa décomposition, obligeant la créature à prélever d’autres organes…


Frankenstein à Bagdad, planche de l'album © Soleil / Cittadini / Ozanam / Alexakis / Saadawi
un conte oscillant entre comédie et tragédie décrivant les horreurs de la guerre et la folie des hommes
Antoine Ozanam fait partie de ces auteurs qui nous impressionne à chaque nouvel album. Et cette relecture moderne de Frankenstein, se teintant du mythe du Golem de rabbi Loew, s’avère particulièrement fascinante…

On retrouve le concept de la créature crée par un vieil homme à l’esprit dérangé à partir de morceaux de cadavre... Nul désir ici de faire avancer la science et se substituant à Dieu pour recréer la vie… Juste l’envie de recommencer à vivre, au beau milieu du chaos engendré par la folie des hommes… Véritable patchwork humain, ce Frankenstein symbolise le patchwork sociétal qu’est l’Irak où plusieurs communautés se côtoient, se mêlent et s’entremêlent…

Adapté du roman éponyme de Ahmed Saadawi, auteur irakien qui a décidé de rester à Bagdad, ce récit choral à la structure délicieusement alambiquée où un narrateur tente de nous raconter cette improbable histoire, s’y reprenant à plusieurs fois pour nous nous permettre de l’appréhender dans son entièreté… Multipliant les portraits de personnages bouleversants qui tentent de survivre, l’auteur nous y dresse celui, saisissant, d’un pays ravagé par la guerre, du promoteur corrompu au journaliste rêvant de gloire en passant par la vieille dame priant pour le retour de son fils disparu en passant par Hadi, chacun d’eux apporte un éclairage saisissant sur la vie quotidienne à Bakdad et sur la folie des hommes… La créature assemblée par Hadi et animé par l’esprit d’Hasib est épris de justice mais il use pour se faire des mêmes armes que ses multiples bourreaux… Pétrie de contradiction, la créature est ainsi profondément et tragiquement humaine, mais porte malgré tous les espoirs d’une Bagdad cosmopolite…

une étrange et savoureuse alchimie graphique et narrative
Frankenstein à Bagdad, planche de l'album © Soleil / Cittadini / Ozanam / Alexakis / SaadawiMais ce qui confrère sa force au récit, c’est cet iconoclaste mélange des genres avec cette tragédie aux accents délicieusement burlesques qui se teinte rapidement de fantastique, tant avec cette créature puzzle qui revient à la vie pour rendre justice aux défunts propriétaires de chacune partie de son corps qu’avec un chat qui s’entretient le plus naturellement du monde avec un archange tout droit sorti du tableau ou cette police qui fait appel à des astrologue pour tenter de résoudre l’affaire du monstrueux assassin… Il s’opère une étrange et savoureuse alchimie entre ces différentes composantes, donnant à l’ensemble une saveur unique et jubilatoire…

Superbement adaptée par Antoine Ozanam, l’histoire est portée par le dessin fascinant de l’impressionnant Antonio Cittadini qui signe à ma connaissance son premier album… Et quel album ! Son dessin semi-réaliste mets en scène cette foule de personnages iconoclastes dont il parvient en quelques cases à esquisser le saisissant portrait. Ses cadrages sont impressionnants et sa narration d’une fluidité remarquable. L’artiste fait montre d’une formidable inventivité graphique, de cette planche où l’on voit chaque parti corps morcelé de la créature réattribué à son possesseur à cette autre où l’on voit la carte de Bagdad qui semble être le corps même de la créature, nous donnant à comprendre ce qu’elle symbolise… Et si l’histoire s’avère aussi prenante c’est sans doute grâce à l’osmose existant entre le scénario ciselé d’Antoine Ozanam et le dessin envoûtant de Antonio Cittadini qui met en relief tour à tour tant l’aspect tragique que la comédie ou le fantastique, le tout porté par la colorisation subtile d’Alessandra Alexakis…

Frankenstein à Bagdad, planche de l'album © Soleil / Cittadini / Ozanam / Alexakis / SaadawiAntoine Ozanam signe une jubilatoire adaptation du chef d’œuvre de l’auteur iraquien Ahmed Saadawi… Oscillant entre tragédie, burlesque et fantastique, son récit choral nous entraîne au cœur d’un Bagdad en ruine, quelques mois après la seconde guerre d’Iraq…

Chiffonnier à moitié fou, Hadi raconte à qui veut bien l’entendre que le corps qu’il a patiemment assemblé à partir des restes de victimes d’attentat a mystérieusement disparu… Peu après une créature inquiétante sème la panique dans les rues de Bagdad en cherchant à venger la mort de tous ceux qui le composent…

Avec ce scénario fascinant et délicieusement alambiqué servi par le dessin inventif de Antonio Cittadini qui signe son premier album nous esquisse le portrait saisissant d’une ville cosmopolite, véritable patchwork communautés et de cultures, comme la créature est un patchwork de corps meurtris par la guerre et la folie des hommes… Si vous aimez les récits intelligents et iconoclastes mélangeant les genres avec audace et brio, ne passez pas à côté de cette pépite !


- Tes histoires, elles font pur à tout le monde. Tu ferais mieux de te taire, sinon, ça finira par te causer du tort… Ces types, ils enquêtent sur différents meurtres, et c’t pas bon. A chaque fois, les témoins parlent d’un immense type à la gueule complètement ravagée… Plein de cicatrices…
- Et alors ?
- Alors, c’est comme dans tes histoires, le meurtrier, il ressemble à ton… « sans-nom ».
- Je…
- Fais attention à toi, mon ami. Fais-toi oublier pendant un petit temps…dialogue page 45

Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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