Sir Kelton d'Eldergard est un preux chevalier errant qui arpente le royaume à la recherche d’exploits, terrassant géants, gobelourds, ogre, troll et pieuvre géante…
Accompagné de son fidèle écuyer, un gringalet qui passe son temps plongé dans les livres, voilà qu’il arrive à dans la petite bourgade de Bridgetown… La ville semble désertée et le pont qui donnait sans doute son nom à la ville n’est plus qu’une ruine… Sortant de chez eux, les habitants leur apprennent que leur village est sous le coup d’une malédiction et qu’ils vivent sous la coupe d’un dragon qui a détruit leur pont et à qui il verse un tribut en mouton pour qu’il épargne désormais la petite ville…
N'écoutant que son immense courage, Sire Kelton d'Eldergard enfourche son écuyer, brandit son épée, fermement décidé à occire le terrifiant dragon, laissant son jeune écuyer au village… Ce dernier va tenter de comprendre ce qui se trame dans la bourgade, menant son enquête en interrogeant les villageois et en consultant les archives de la ville… Il apprendra que la Bridgetown a été fondé par un sorcier qui vivait à l’écart du village dans une tour isolée… Serait-lui qui serait à l’origine de la malédiction qui frappe la bourgade ?
Dans les récits de chevaliers, qu’ils fussent ou non de la Table Ronde, le valeureux chevalier, souvent assisté par un écuyer qui reste dans son ombre, affronte maints dangers pour protéger les faibles et défendre les opprimés… Il est tout à la fois le moteur et le héros de l’histoire…
Mais tel n’est pas le cas dans ce récit jubilatoire et iconoclaste de Scott Chantler : le chevalier n’est qu’un vantard en quête de gloire qui invente des exploits chimériques pour dorer son blason et être admiré de toutes et de tous… Le véritable héros n’est autre que cet écuyer qui a si peu d’importance aux yeux de son maître qu’on ne connaît pas même son prénom… Il est juste l’écuyer du chevalier et ne semble au départ n’avoir d’intérêt que par ce statut… Lettré, posé, réfléchit, doté d’un esprit d’observation et d’un sens de déduction aiguisé, il ne cherche pas à attirer sur lui la lumière mais à régler les problèmes des villageois dont les propos, parfois contradictoires, posent question… Et le fait est qu’en plus d’être particulièrement attachant, il s’avère être un enquêteur talentueux !
Un village, un dragon, un pont, un chevalier, une tour… Autant de motifs empruntés aux contes médiévaux tels ceux constituant la Geste arthurienne… Mais le scénariste revisite les classiques de façon délicieusement savoureuse en faisant un petit pas de côté pour changer le paradigme usuel et nous offrir un récit drôle et envoûtant absolument irrésistible.
Si le scénario s’avère entraînant, le dessin de Scott Chantler est indubitablement l’un des grands atouts de l’album. Le trait de l’auteur canadien distille une tendresse poignante et une magie qui s’adrsse directement à notre âme d’enfant. Mêlant humains et créatures anthropomorphiques, l’auteur a su donner vie à une sympathique galerie de personnages, chacun s’avérant formidablement bien campé et ce petit écuyer tout juste désarmant de sensibilité. Mention spéciale à l’archiviste dont l’apparence inquiétante, ses trois yeux, ses cornes et ses deux paires de bras masque un érudit attentionné… et au dragon dont l’auteur revisite avec délice le mythe… Les décors sont joliment mis en valeur par des cadrages envoûtants et une narration graphique réellement fascinante qui est pour beaucoup dans le plaisir que l’on prend à lire cet album… Ajoutons à cela des teintes délicieusement automnales qui viennent sublimer l’ensemble de la plus belle des façons…
Avec le saisissant talent qui est le sien, Scott Chantler nous entraîne dans un polar médiévale fantastique à la suite d’un chevalier errant et vantard et de son jeune écuyer…
Lorsque Sir Kelton d'Eldergard apprend que le village de Bridgetown est frappé par une malédiction liée à un terrible dragon qui terrifie la région, il n’hésite pas et enfourche son fier destrier pour aller occire la vile créature… Pendant ce temps, son écuyer va tenter de comprendre ce qui se trame dans ce village fondé par un mage qui pourrait bien être à l’origine des tragiques évènements…
Le dessin attendrissant de l’auteur canadien, ses couleurs automnales et ses somptueuses compositions mettent en scène de façon fascinante ce conte médiéval où le héros n’est pas le chevalier mais son anonyme écuyer… Revisitant la figure du dragon et esquissant un univers où se mêlent humains et créatures anthropomorphiques, cet Ecuyer et son Chevalier est une petite merveille d’inventivité, de drôlerie et de sensibilité… Si vous avez conservé une part de votre âme d’enfant ou si vous êtes un enfant féru d’aventures iconoclastes, ne passez pas à côté de ce petit bijou plein de charmes et de magie !
- Mort au dragon !
- Non, attendez ! Qui parmi vous a vu le dragon incendier la fabrique de Madame Bigbarrick ?
- A quoi tu joues gamin ? Quand elle a pris feu, le dragon passait juste au-dessus. Faut pas nous prendre pour des buses !
- C’est que… Vous êtes tous sûrs et certains que le pont a été détruit par le dragon. Or, j’ai entendu au moins trois versions différentes de cette histoire. Personne ne l’a vu faire, je me trompe ?
*- Si c n’est pas lui, qui a détruit le pont, je vous prie ? Qui est le responsable des malheurs qui nous frappent ?dialogue les villageois et l’écuyer
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