13 juin, Afrique du Sud, province de Mpumalanga. La sirène retentit dans un laboratoire de recherche pharmaceutique, provoquant l’évacuation du site… Un gardien peu scrupuleux y voit l’occasion de récupérer l’un ou l’autre animal pour le revendre…

Petroria, 10 juillet. Une chercheuse reçoit un échantillon accompagné d’une photographie d’un éléphanteau. Les analyses montrent que l’animal a subi une mutation radicale, une régression génétique de plusieurs millions d’années… Avertie, l’OMS a tout lieu de penser qu’on est à la veille d’une catastrophe majeure…

Il y a quelques années, Anna Meunier a été mise au ban de la société scientifique pour avoir défendue l’idée qu’une telle mutation était possible… On fait appel à elle pour tenter de comprendre et freiner cette épidémie qui touche bientôt l’être humain : de Paris à New-York des humains affectés régressent jusqu’à l’Homo erectus, semant la panique… Certains militent pour qu’ils soient parqués dans des camps afin de ne pas risquer la contamination…

Erik Juszezak (Le Méridien des Brumes, Dantès…) s’empare du fascinant roman de Xavier Müller pour en signer une remarquable transposition au neuvième art.

A la sortie de l’album, en 2018, l’idée d’un virus sorti d’un laboratoire et se répandant comme une traînée de poudre sur le globe et décimant la population pouvait sembler incongru et par là-même peu crédible… Mais, depuis, la COVID est passée par là et nous avons fait l’amère expérience que le postulat à la base du roman n’était nullement exagéré… Le récit trouve de nombreux échos de ce que nous avons pu vivre pendants ces trop longs mois, conférant à l’album une force indéniable… Et l’idée d’un virus qui ferait régresser les individus, humains ou animal, de plusieurs millions d’années s’avère on ne peut plus originale, offrant une dramaturgie indéniable alors que l’épidémie se transforme en pandémie incontrôlable et que le virus passe de l’animal à l’homme et contamine jusqu’aux végétaux… Est-ce la fin du monde tel que nous le connaissions et la renaissance d’un nouveau ?

Pour se protéger, les sociétés humaines vont se laisser aller à leurs pires penchants, de la déchéance de l’humanité des personnes infectées à la volonté de les parquer dans des camps de concentration, véritable prison à ciel ouvert où ils sont abandonnés à leur triste sort… Le récit s’avère d’autant plus captivant qu’à cette trame à l’échelle mondiale se mêle des histoires plus personnelles, telle celle d’Anna Meunier, ce qui permet au scénariste de nous montrer comment un tel virus impacte la planète mais aussi la vie quotidienne de tout un chacun. Et, comme tout bon récit d’anticipation, l’histoire pose de nombreuse question sur le progrès et notre humanité

Le dessin réaliste de Erik Juszezak sert remarquablement cette histoire née sous la plume d’Erik Juszezak qui, malgré les inévitables coupes, parvient à conserver un rythme haletant de la première à la dernière page… La variété des paysages et la richesse des décors accentuent la crédibilité de l’ensemble et si les planches s’avèrent être d’une redoutable efficacité, la couverture est quant à elle de toute beauté…

Avec Erectus, Erik Juszezak signe une remarquable transposition du roman de SF de Xavier Müller qui imaginait qu’un virus touchant le vivant et le faisait régresser de quelques millions d’années.

La pandémie se répand rapidement sur toute la planète et, alors que les scientifiques cherchent à l’enrayer et à trouver un remède, les politiques prennent des solutions parfois extrêmes pour sauver ce qui peut encore l’être…

Porté par le trait réaliste d’Erik Juszezak et ses compositions très cinématographiques, ce récit choral s’avère s’autant plus captivant et entraînant que l’histoire de cette pandémie nous est comptée à différentes échelles et qu’elle est renforcée par la pandémie de COVID qui a paralysé le monde durant de trop long mois…

- Un virus qui fait remonter le temps au espèces ?! Vous êtes tombé sur la tête !!
- Pablo, il n’y a aucun doute possible. Nous devrions bientôt disposer d’une estimation du nombre d’espèces animales et végétales touchées par ce virus.dialogue page 27