Voilà trente ans déjà qu’Isis partage la vie de Herbert. Pour célébrer cet événement remontant à leurs vertes années, nos deux tourtereaux s’offrent une semaine de cabotage en mer dans le petit voilier d’Andrée…
Mais leur escapade romantique est de courte durée : alors qu’ils mouillent aux abords de l’Île Jaune qui doit son nom aux mimosas qui y foisonnent, une pluie de flèches enflammées s’abat sur leur frêle esquif. Pour Herbert et Isis, il ne fait pas un pli que quelqu’un cherche à les tuer, ce qui fait beaucoup rire Andrée… et ce qui ne manque pas de vexer Herbert qui hallucine de voir qu’elle n’a jamais entendu parler de Herbert de Vaucanson ou du Grand Khan…
Mais les tentatives de meurtres suivantes les font douter… Est-ce bien eux qu’on cherche à occire ? N’est-ce pas plutôt Andrée qui seraient visée ? Isis comprend rapidement qu’Herbert va se mêler une fois de plus de ce qui ne le concerne pas mais Andrée veut-elle seulement être sauvée ?
La tentaculaire série
Donjon m’a d’abord séduit en tant que rôliste pour ce délicieux changement de paradigme qui nous faisait passer de l’autre côté de la barrière en nous donnant avoir l’univers impitoyable d’un donjon côté monstres… Puis la folle inventivité des scénarios, les dialogues mordants et déjantés et les personnages joyeusement barrés et délicieusement iconoclastes au destin peu commun rendent cette série ambitieuse et fascinante particulièrement addictive…
Comme le titre l’indique et rime en -eur oblige, cet album est donc le dix-huitième opus de
Donjon Monsters, avec les contraintes que s’impose les auteurs dans chacune des séries qui constitue cette œuvre monumentale ou dans les sous-séries qui possèdent, outre leur numérotation figurant au dos, un niveau qui intègre chaque opus dans la trame globale, de Potron-Minet au Crépuscule en passant par le Zenith du Donjon… L’excellente idée de cet opus est de mettre en scène des Herbert et Isis vieillissants et que tout le monde semble avoir oublié, ce qui ne manque pas d’inerpeler quelque peu l’ex Grand-Khan tandis alors que l’évocation de ses exploits font mourir de rire une Andrée vieillissante, persuadée que le vieillard est un bout en train, tandis qu’elle vit toujours comme une malédiction son rapport aux esprits des morts qu’elle attire comme un aimant… L’ego d’Herbert de Vaucanson va en prendre un sacré coup, ce qui a une fâcheuse tendance à l’énerver… et un Herbert énervé n’est jamais chouette pour ceux qui se mettent en travers de sa route, comme l’apprendront à leurs dépens les membres de la Congrégation Marquez… entre autres…
Truffé de personnages et de références à l’univers foisonnant de Donjon, l’album est mis en image par la sémillante Aude Picault à qui l’on doit notamment
Amalia. Son trait épuré et élégant fait souffler un vent de fraîcheur revigorant. Sa narration graphique s’avère être d’une redoutable efficacité tandis que sa manière de mettre en scène ces héros oubliés un peu usé par le temps qui passe et les mémoires qui s’émoussent s’avère tout juste jubilatoire…
Alors qu’ils pensaient passer un agréable moment sur le petit voilier d’Andrée pour célébrer leur trente ans d’union, Isis et Herbert vont voir leur bateau attaqué à plusieurs reprises… Qui donc en veut à ces vieillissants héros oubliés de tous… A moins qu’ils ne soient pas la cible de ces tentatives de meurtre…
Aude Picault (au dessin) semble avoir pris un réel plaisir à mettre en image le scénario dynamique et entraînant de Joann Sfar et Lewis Trondheim et à donner vie à ces personnages iconoclastes dont le passé glorieux semble s’être perdu dans les brumes du souvenirs… La vieillesse est décidemment un cruel naufrage, comme disait Charles le Grand…
Truffé de références à l’univers tentaculaire et donjonnesque de la série, ce dix-huitième tome de Donjon Monsters s’inscrit dans la ligne des nombreux albums de la série qui connaît depuis quelques temps un renouveau jubilatoire…
- Il faut qu’on sache qui cherche à nous tuer. Et lever une armée pour nous protéger.
- Hihi ! « Lever une armée » ? Vous êtes les vieux les plus marrants et bizarres que j’ai eu à convoyer.
- Vous ne vous souvenez pas d’Herbert de Vaucanson ?
- Non.
- Du grand Khan ?
- Non. Vous savez, je vis ici de cabotage depuis plus de vingt-cinq ans, parce que… J’aime être isolé du monde. Alors vos noms de chanteurs célèbres et de troubadours, j’y connais que couic !
- Et quand Terra Amata a cessé de tourner puis quand elle a explosé, vous vous souvnez ?
- Ah ! Ça oui !
- C’était moi.
- Hi hi hi ! Vous êtes vraiment rigolos, vous !Citation_auteur]dialogue entre Herbert de Vaucanson et André