



Après sa prise d’otage retentissante effectuée lors d’une session de recrutement, Alain Delambre est libéré après plusieurs mois de détention. Tout semble s’être déroulé selon ses plans audacieux : le voilà désormais libre en possession de plusieurs millions volés à Exxyal dont les pratiques managériales douteuses sont responsable de la situation…
Mais l’entreprise ne compte pas en rester là… Elle envoie Fontana et ses barbouzes enlever et séquestrer la femme et les deux filles de Delambre pour faire pression sur lui et l’obliger rendre les dix millions dérobés… On lui accorde quatre heures…
Mais Delambre n’est plus homme à baisser la tête et à se laisser humilier une fois de plus. Pour assurer un avenir confortable à ses proches, il est prêt à prendre tous les risques…

Il fallait une bonne dose d’audace pour transposer en bande-dessinée le fascinant second toman de Pierre Lemaître…
Le héros en est un homme ordinaire, aspiré par la spirale du désespoir. Il ne souhaite que gagner sa vie en faisant un travail honnête afin de pouvoir vivre la tête haute et ne plus lire la déception dans les yeux de son épouse et de ses deux filles. Faisant peu cas du facteur humain et lui faisant miroiter un poste de DRH, Exxyal va lui demander d’organiser une fausse prise d’otage dans ses locaux pour éprouver la réaction au stresse de postulants à un poste convoité… Lorsqu’il comprend que le poste est d’ores et déjà réservé à la maîtresse d’un cadre de la boîte, il perd pied et organise une véritable prise d’otage, profitant de la pagaille pour pirater le système informatique avec l’aide de complices et détourner plusieurs millions d’euros…
Le découpage du récit en trois tomes est tout juste parfait, entretenant savamment le suspens, de la préparation méthodique de la prise d’otage à son implacable déroulé, jusqu’à cet après où tout va se jouer… Véritable page-turner, ce troisième opus est tout aussi fascinant que l’était les deux premiers. On suit ces ultimes péripéties riches en rebondissement et à l’issue incertain avec un réel plaisir.

Impossible de reposer l’album tant on est happé par la structure narrative implacable et l’itinéraire de cet homme plein d’initiative et de ressources qui refuse catégoriquement de déposer les armes, quel qu’en soit le prix à payer… Et le prix sera lourd… La fin de l’album s’avère particulièrement poignante et ce n’est pas sans un pincement au cœur qu’on abandonne Alain Delambre à sa nouvelle vie, après tant de sacrifices…
Le dessin fascinant de Giuseppe Liotti se marie à merveille avec la colorisation sombre et lumineuse de Gaëtan Georges qui épouse avec art les états d’âme d’Alain Delambre. S’il était remarquable dans ses précédentes productions, le talent du dessinateur italien explose littéralement avec cette adaptation. Son découpage incisif s’avère des plus remarquable et l’artiste n’a pas son pareil pour trouver le plan le plus percutant pour servir au plus près l’action et esquisser le portrait de personnages ordinaires qui vont jouer leur vie sur un coup de dé pour tenter de faire la nique au système…

Pascal Bertho et Giuseppe Liotti s’emparent avec audace du second roman de Pierre Lemaître (auteur de la trilogie des Enfants du Désastre ou de la Brigade Verhœven qui ont toutes deux fait l’objet de remarquables adaptation au neuvième art !), fascinant et implacable thriller social qui happe le lecteur dès les premières pages pour ne le lâcher qu’à la toute dernière page…
Après un procès retentissant, Alain Delambre a été incarcéré plusieurs mois pour la prise d’otage commanditée par Exxyal, une entreprise qui n’hésite pas à pressuriser ses employés et à les jeter sans vergogne lorsqu’ils lui deviennent inutiles… Mais cet homme ordinaire qui n’aspirait qu’à vivre dignement décide de faire la nique au système en le combattant avec ses propres armes… Et lorsque sa femme et ses deux filles sont prises en otage, il va prendre tous les risques pour assurer leur avenir… Quel que soit le prix à payer…
Dans la lignée du Couperet de Costa Gavras, de la Raison du plus faible de Lucas Belvaux ou de Sauf le respect que je vous dois de Fabienne Godet, l’écriture ciselée de Pascal Bertho et le dessin acéré de Giuseppe Liotti, sublimé par les somptueuses couleurs de Gaëtan Georges qui sont au diapason des états d’âme de Delambre, donnent corps à cette remarquable adaptation qui n’a rien perdu de son impact et de sa puissance…
- Je n’en reviens pas de jouer encore à la roulette russe… au lieu de ramasser les miettes qu’on me laisse. Je mets en danger Nicol t ls filles pour gagner plus.
- C’est pas toi qui a inventé les règles du jeu, Alain.
- J’ai surtout l’impression de faire quitte ou double en permanence.
dialogue entre Alain et Charles