Orphelins depuis de tsunami et l’accident nucléaire de Fukushima, Akiko, influenceuse sur youtube, et son petit frère Osamu vivent chez leur grand-mère… Depuis la mort de leurs parents, Osamu s’est réfugié dans son monde, peuplé de yôkai, créatures magiques et ne cherche pas à nouer contact avec les humains, ce qui préoccupe sa sœur…
Lorsque Bâ-chan meurt, rejoignant ses animaux et son époux, Osamu et Akiko doivent aller vivre à Tokyo chez une lointaine cousine… Mais Osamu ne peut se résoudre à déposer les cendres de sa grand-mère ailleurs que dans cette maison qu’elle aimait tant et où repose son mari… Il convainc sa sœur de fuguer avec lui afin de retourner à Tomioka, ville située dans la zone interdite, pour y déposer les restes de Bâ-chan…
Aidé par les autorités, leur tuteur espère bien pouvoir les retrouver avant qu’ils n s’aventurent trop près des ruines de Fukushima…
Un quart de siècle après Tchernobyl, l’accident nucléaire de Fukushima a rappelé au monde que des accidents nucléaires majeures semblent inévitables… Et si les journaux ont largement parlé de l’un comme de l’autre, les conséquences sur la vie des habitants sur le long terme sont bien souvent ignorées des gazettes et des journaux télévisés, une nouvelle catastrophe chassant l’autre sitôt l’émotion de l’instant retombée…
Dans son Retour à Tomioka, Laurent Galendon nous parle de ces vies bouleversées par la catastrophe et de la difficulté à réapprendre à vivre, malgré le drame qui a profondément ébranlé les consciences et durablement ravagé les alentours de la centrale. Porté par un petit garçon qui ne parvient pas à se remettre de la disparition de ses parents et qui compte bien faire pour sa grand-mère ce qu’il n’a pu faire pour eux, son récit s’avère tout à la fois touchant et poétique alors que le fantastique baigne le quotidien d’Osamu qui communique avec des esprits que lui seul semble voir… L’intrusion du fantastique confère à l’ensemble une dimension onirique et la quête initiatique d’Osamu n’en est que plus touchante…
Retour à Tomioka devait être à l’origine un film d’animation et c’est autour de ce projet que Laurent Galendon et Michaël Crouzat se sont retrouvés. Mais, alors que l’anim poursuit son cours à son rythme et que le dessinateur a abandonné le projet, les auteurs ont décidé de donner une autre vie à leur récit en créant, parallèlement, un album relatant cette histoire bouleversante. Evoquant les anims de Hayao Miyazaki, les planches Michaël Crouzat sont de toutes beauté. Son expérience dans le milieu de l’animation lui confère un sens du cadrage et du mouvement saisissant qui rendent la lecture tout aussi fluide qu’immersive… Sous ses pinceaux, le lecteur perçoit les tragiques conséquences au quotidien de la catastrophe de Fukushima qui sous-tendent le récit, et, si l’histoire se veut solaire et résolument optimiste, elle poussera les jeunes lecteurs à s’interroger sur le nucléaire et la façon dont il peut impacter durablement notre environnement… Ses personnages principaux comme secondaires s’avère des plus touchant, d’Akiko à Osamu en passant par Sanae ou Seiichi, Bâ-chan ou cet étrange gardien (inspiré de Naoto Matsumura, un personnage bien réel) qui s’est donné pour but d’apaiser les animaux jadis domestiqués par l’homme et livrés à eux même après la catastrophe… Même l’inquiétant Hoshakai, yôkai incarnant la radioactivité, s’avère poignant… à sa manière…
Laurent Galendon associe sa plume aux crayons de Michaël Crouzat qui signe un premier album somptueux et poignant…
Depuis la mort de leur parents, disparus lors du tsunami qui a engendré la catastrophe de Fukushima, Osamu et Akiko, sa grande-sœur, vivent chez Bâ-chan, leur grand-mère… Lorsque celle-ci meurt, ils doivent se résoudre à aller vivre à Tokyo, chez Seiichi et Sanae, la cousine de leur regretté père… Mais pour Osamu, Bâ-chan doit reposer à Tomioka, auprès de son époux… Le jeune garçon décide de fuguer après avoir convaincu sa sœur de la justesse de sa quête, dut-elle les mener au cœur de la zone contaminée…
Venue de l’animation, Michaël Crouzat met en scène une poignée de personnage attachants joliment écrits par un Laurent Galendon qui fait comme de coutume la part belle à l’humain et à l’émotion. Le sens du cadrage et du mouvement de ce dessinateur venu de l’animation rendent la lecture de l’album particulièrement fluide et immersive alors que l’on suit le jeune Osamu dans sa quête initiatique qui le verra renouer avec la vie qui l’avait délaissé après la mort a frappé ses parents… Si le récit touchera les jeunes lecteurs auquel il se destine, les poussant à s’interroger sur les ravages de l’incident, qui impacteront pour des décennies la vie des habitants, les moins jeunes seront tout aussi conquis par la poésie qui se dégage de cette histoire simple et bouleversante…
Retour à Tomioka est un album solaire tout à la fois tragique et revigorant qui nous fait partager le quotidien des survivants de la catastrophe de Fukushima…
- On ne peut pas abandonner Bâ-chan au milieu d’étrangers. On doit la mener jusqu’à sa ferme. Tu viens avec moi ou pas ?
- Mais bien sûr que non !!! Seiichi est furieux ! C’est trop dangereux d’entrer dans la zone interdite. On n’est que des enfants, Osamu. On va se faire arrêter et avoir des tas d’ennuis. Osamu, tu m’entends ?
- A demain, alors…dialogue entre Osamu et Akiko
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