 _pl1.jpg)    Depuis le départ de sa mère, Capuche vit la plupart du temps seule dans une maison isolée au cœur de la forêt…
Car si elle habite chez son père, il est souvent, absent… Obsédé par un travail lucratif, il confie l’instruction de sa fille à des percepteurs qui se ne restent jamais bien longtemps… La seule personne prévenante est bienveillante est sa grand-mère qui vit, comme il se doit, de l’autre côté de la forêt…
Un jour, alors qu’elle se rendaient chez cette dernière pour lui apporter un morceau de gâteau aux carottes qu’elle avait confectionné, sa route croise celle d’un loup, blessé… Sans doute le dernier de la région… Elle va prendre soin de lui, soigner sa blessure et veiller à lui apporter, chaque jour, de la nourriture… Le loup dépendait d’elle et, pour la première fois de sa vie, se sentait utile à quelqu’un… Mais il n’est pas facile pour une ado, qui plus est végétarienne, de s’approvisionner en viande sans éveiller les soupçons…
Tout le monde connaît le conte cruel et sanglant qui voit une petite fille, vêtue d’un chaperon rouge, mourir dévorée par le loup après que ce dernier ait dévoré sa grand-mère…
 Mais si Oscar Martin, auteur de Solo s’empare sur conte de Perrault et en utilise les éléments, de l’innocente jeune fille en passant par l’adorable Grand-Mère, le loup ou le chasseur, la forêt et ses dangers, c’est pour mieux les détourner et nous entraîner dans un thriller psychologique fascinant et dérangeant qui redonne au conte sa cruauté originelle tout en instaurant une atmosphère qui va se faire de plus en plus malsaine alors que la relation entre la petite fille et le loup se fait de plus en plus ambigüe…
Difficile de ne pas être fasciné par la façon dont le scénariste parvient à surprendre le lecteur avec ces motifs connus de tous, distillant un étrange et diffus sentiment de malaise dès la première séquence avec ce cadavre jeté dans un lac, vêtu d’un linceul lesté, le tout accompagné par cette citation sibylline de Darwin « Nous avons cessé de chercher les monstres sous notre lit lorsque nous avons réalisé qu’ils étaient en nous »… Citation que l’on oublie rapidement alors que l’on découvre la triste et morne vie solitaire d’une ado abandonnée par sa mère et délaissée par son père…
Les longs récitatifs qui sont autant de monologues confèrent au lecteur l’étrange sensation de lire un récit illustré et non une bande dessinée, malgré les rares dialogues… L’écriture d’Oscar Martin renforce la filiation avec le conte à qui l’histoire emprunte les atours… On tremble pour cette gamine lorsque le regard du loup se fait plus inquiétant et l’on perçoit derrière ses propos pernicieux et manipulateurs les germes du danger…  Mais un twist savoureux va donner une dimension vertigineuse et délicieusement dérangeante à ce récit… On appréciera par ailleurs la façon dont le rouge s’invite dans l’histoire alors que Capuche portait jusque-là un manteau blanc, presque virginal, qui se détachait à peine des paysages enneigés…
Le travail de Tha est tout juste somptueux, mettant en lumière les beauté du monde, la solitude de Capuche, la tendre relation qui s’est tissé avec sa grand-mère ou cet éveil à la vie qui s’empare d’elle lorsqu’elle comprend que le loup a besoin d’elle… La nature dépeinte par cet artiste espagnol est tout juste somptueuse et étrangement apaisante, malgré les inquiétants tours et détours que va prendre l’histoire… La beauté de son trait et la richesse de ses couleurs rendent le twist scénaristique plus efficace encore, prenant le lecteur par surprise et plantant des crocs acérés dans son petit cœur meurtri…tant et si bien que lorsqu’il comprend toute l’horreur de la situation, il est presque trop tard… D’ailleurs, on ne sort pas indemne de cette histoire…
_pl1.jpg) Oscar Martin, l’auteur de Solo, s’empare du conte de Perrault, de ses personnages, ses lieux et ses motifs, pour nous en proposer une relecture moderne et particulièrement cruelle…
Il était une fois une pauvre adolescente abandonnée par sa mère et délaissée par son père qui vivait seule dans une belle et grande maison isolée… Elle ne côtoyait pas les autres enfants de son âge, des percepteurs venant lui donner des cours à domicile… Mais, un jour, alors qu’elle se rendait chez sa grand-mère qu’elle adorait, sa route allait croiser celle d’un loup d’autant plus dangereux qu’il était blessé… Capuche, car tel était son nom, allait prendre soin de lui et exister, enfin !
Porté par des récitatifs très littéraires qui renforcent la filiation avec le conte originel, le récit délicieusement malsain et dérangeant d’Oscar Martin est somptueusement mis en image par les aquarelles de Tha, artiste espagnol au talent confondant qui peint une nature somptueuse et retranscrit avec finesse les états d’âme complexes et tourmentés de notre jeune héroïne… Et si le lecteur pense être en terrain connu, sachez qu’il n’en est rien et que ce conte est infiniment plus cruel et dérangeant que la version originelle…
- Une fois que tu as compris ton erreur, pourquoi ne t’es-tu pas enfui en découvrant qui j’étais ?
- Je suis entré pour t’aider et c’est ce que je fais. J’ai toujours été un problème pour les autres… n général, tout le monde essaye d’éviter les problèmes. J’en ai marre de vivre ça. Je ne suis pas ce genre de personne, moi.dialogue entre le Loup et Capuche
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