Lorsque la Révolution éclate, Maximilien de Robespierre, qui fut avocat puis député, en devient l’une des figures incontournables. Austère et implacable, ardent défenseur de la République, semblant dénué d’émotions et de sentiments, il hérite du surnom de l’ « Incorruptible ».
Mais Robespierre est un homme complexe et ambivalent. Fin connaisseur de l’œuvre de Rousseau ou de Montesquieu, il milite contre la peine de mort mais votera celle du roi après la fuite de Varennes, défendra la liberté de la presse tout en la limitant; anticlérical, il développe une spiritualité mystique se parant des atours de la religion… Jugé par beaucoup responsable pour beaucoup de la Terreur, il n’aspire qu’à la Paix…
Mais cet homme qui entreprit de brillantes études à Louis Legrand possède une part secrète et méconnue : une enfance marquée par la perte précoce de sa mère et l’abandon de son père, une passion pour la peinture et une liaison avec la fille de sa logeuse qui lui confère une dimension humaine…
[EncartG]dans l’ombre de Robespierre[/EncartG]Adulé par les uns, condamné par les autres, Robespierre est pour beaucoup une figure noire de la Révolution française, bien que le rôle qu’il a joué dans la Terreur reste, aux yeux de certains historiens spécialistes de la période, sujet à caution…
Makyo s’empare du personnage de façon audacieuse pour en esquisser un portrait complexe et contrasté, s’efforçant de faire ressortir l’humanité de ce personnage austère et implacable qui combattit les stigmates de son enfance en se réfugiant dans l’étude et le travail… Les nombreux flashbacks qui émaillent le récit nous entraînent dans son enfance et sa jeunesse, nous dévoilant les les origines de sa soif de liberté à laquelle il n’a cessé d’aspirer, toute sa vie durant. S’appuyant sur une solide documentation, le scénariste retranscrit certains des discours de ce grand tribun pour nous aider à comprendre sa pensée et les idées intransigeante de cet homme mu par le désir de jeter les bases d’une société fondée sur la liberté, l’égalité et la fraternité…
Makyo adosse ainsi sa vie publique à une vie privée fictionnelle qui confère à Robespierre une dimension humaine, en faisant de lui son propre biographe à travers des écrits qu’il dicte à Eléonore, sa « bonne amie », l’une des seule avec qui il semble pouvoir être lui-même, les autres ne connaissant pour la plupart que l’implacable tribun, si on omet le peintre David qui connait sa passion pour l’art auquel il s’essaye dans son atelier pour libérer son esprit de ce travail dans lequel il lance toutes ses forces, s’affaiblissant de jour en jour jusqu’à s’en rendre malade… Narrée par Saint-Just l’auteur imagine le dialogue qu’aurait pu avoir Robespierre et Louis XVI à la veille de son exécution, donne quant à elle lieu à une scène certes fictive mais tout à la fois intense et poignante…
S’étant élevé si haut que certains lui prêtaient l’envie de s’imposer comme tyran, sa chute ne pouvait qu’être retentissante… Montrant la confusion qui régnait alors entre les différentes factions et pointant les nombreux ennemis que s’était fait le « Sphynx Mélancolique » au cours de sa brève mais intense carrière de député, la « chute du Tyran » nous est raconté avec force détail, des manœuvres en coulisses à la séquence de la tribune à laquelle on lui interdit de s’exprimer de peur peut-être qu’il ne retourne l’auditoire…
Somptueusement édité dans cette nouvelle collection ambitieuse et passionnante, l’album est mis en image par le dessin précis et foisonnant de détails de Simone Gabrielli qui signe des planches de toute beauté. La finesse du trait, met en scène des personnages convaincants et retranscrit avec force le bouillonnement du Paris révolutionnaire. La somptueuse mise en couleur d’Assessandro Polelli et son formidable travail sur la lumière s’avère envoûtant, contribuant à esquisser ce portrait en clair-obscur de l’un des acteurs les plus controversé de la Révolution Française…
Parmi les grandes figures de la Révolution, peu ont suscité d’aussi violentes passions que celle de Maximilien de Robespierre, condamné par beaucoup pour avoir été le chantre de la Terreur, adulé par d’autre pour ses idées héritées des lumières qu’il s’appliqua à mettre en application avec intransigeance… Si l’histoire a gardé l’image d’un homme froid, intransigeant et implacable, Makyo s’est efforcé d’en esquisser un portrait tout en nuances qui met en lumière son humanité en faisant de l’homme le narrateur de sa propre histoire…
Pour fuir la mélancolie héritée d’une enfance tourmentée, Robespierre s’est réfugié dans l’étude pour devenir avocat avant d’être élu député et de s’imposer comme l’un des acteurs majeurs de la Révolution… Travailleur acharné, fin connaisseur des écrits de Rousseau et de Montesquieu, il fut adulé par les uns et haït par les autres, fut un fervent abolitionniste de la peine de mort mais vota la mort du roi, anticlérical mais mystique, austère et insensible mais amoureux et amateur d’art…
Si Robespierre, le Sphynx Mélancolique est avant tout une œuvre de fiction, il ne s’appuie pas moins sur une solide documentation, retranscrivant avec force l’atmosphère du Paris révolutionnaire, citant les plus marquants de ses discours et mettant en lumière les différentes factions qui s’opposaient alors… Les somptueux dessins de Simone Gabrielli sont mis en couleur et en lumière par les pinceaux délicats d’Assessandro Polelli, contribuant à esquisser un portrait romantique et contrasté de ce personnage ambigu mu par un idéal de liberté…
- Je ne suis rien… Les idées sont tout. Et même mes idées proviennent de mes maîtres… Aristote, Cicéron… Et évidemment Rousseau et Montesquieu, évidemment…
- Non, Maximilien, tu n’es par rien. Je ne crois pas à cette fausse humilité.
- Tu as raison , Eléonore. L’idée de l’humilité l’et chère et pourtant, je suis orgueilleux au-de-là de l’imaginable !... Je suis un mystère… un mystère pour moi-même. Dialogue entre Robespierre et Eléonore
|