Guidé par la vénérable tête du Professeur Cormo et embarqué à bord d’un robot de combat, Rubeus Khan et Adélaïde Perséphone continuent leur descente vers les entrailles de la terre craquelée pour fuir les forces de Stanislas de Vaucanson qui ne leur veulent pas que du bien… Au fil de leur dangereux périple émerge une étrange hypothèse : et si l’épicentre des éruptions de magma ne serait autre que le centre de l’antique Vaucanson d’où pourrait sortir ces nuées de démons vindicatifs ?
Pendant ce temps, à la surface, Mimi continue de réorganiser le crime organisé en exerçant son métier de parrain de la mafia de la façon la plus choupi possible… Elle reçoit la visite impromptue d’une inspectrice travaillant pour la mairie et censée vérifier si le taux d’ondes électromagnétique est conforme aux normes en vigueur. Elle découvre que le cleps de Mimi est un robot-espion piloté à distance… Ce qui a le don de mettre en rogne Mimi… Et ce n’est jamais une bonne idée de la mettre en rogne… même si elle ne rechigne pas à mélanger boulot et sentiments…
Dans le même temps, au cœur de la prestigieuse Académie Culliford, le fils de Rubeus Khan rempli les missions confiées par une étrange femme voilée… Durant ses recherches, il va croiser la route de non moins étranges joueurs qui l’intègrent dans leur étrange cercle…
Avec un second tome publié il y a un an, l’interlope et improbable
Donjon Antipode poursuit sa route sur un rythme endiablé, tissant des liens avec des séries antérieurs, introduisant une once de cyberpunk dans un univers d’heroic-fantasy savoureusement déjanté…
Trois fils narratif se succèdent dans ce troisième opus : l’un centré sur Rubeus Khan qui a une fâcheuse tendance à s’emporter durant ses explorations souterraines qui vont leur permettre d’exhumer des secrets bien enfouis et qui va avoir quelques divergence de vues avec Adélaïde Perséphone au sujet du devenir de la tête du Professeur Cormo; l’autre sur Mimi qui mène sa barque de chef de marraine de la Mafia à sa façon et qui va vivre une folle passion et va devoir défourailler à tour de bras; la dernière centrée sur Tommy qui œuvre pour le compte d’une inquiétante femme voilée qui aimerait bien récupérer ses souvenirs afin de savoir qui elle est, même si nous autres, lecteurs, on s’en doute un peu… C’est un sacré foutoir que ce récit choral mais quel pied de suivre ces aventures jubilatoires et mouvementées qui jouent et mélangent allégrement des genres très codifiés pour mieux les détourner, sans vergogne aucune…
Le dessin follement expressif de Vince s’avère comme de coutume dynamique à souhait. Ça défouraille à tout va au cours de scènes de combats débridées, mettant en scène avec un plaisir communicatif des personnages totalement barrés servis par dialogues délicieusement décalés dont Joann Sfar et Lewis Trondheim ont le secret… Et, cerise sous le gâteau, sous l’humour potache et la tripaille sanguinolante, il y a de vrais morceaux d’émotion qui prennent le lecteur à contre-pied et rendent la lecture de cet album de Donjon si savoureuse… Et il y a cette putain de dernière séquence qui laisse augurer un nouveau cycle captivant, en plus de construire des ponts (que dis-je, un aqueduc !) avec…
Donjon Potron-minet… dingue non ? Quant à Walter, il est comme de coutume impeccable !
Un an après le tome 10.002 vient fort logiquement le tome 10.003 qui nous raconte sur un rythme échevelé les aventures de Mimi, Rubeus Khan et de son fils…
A bord d’un mecha de combat et en compagnie d’Adélaïde Perséphone et du chef de l’érudit du Professeur Cormo, Rubeus Khan s’enfoncent dans les entrailles de la terre pour échapper aux hommes de Stanislas de Vaucanson et tenter de comprendre d’où viennent les démons qui envahissent la surface… Mimi poursuit sa grand œuvre de faire son nouveau métier de parrain du crime organisé de façon choupi (sic) tandis que Tommy, fils de Rubeus et étudiant à Académie Culliford aide une mystérieuse vieille dame voilée à retrouver sa mémoire enfuie…
Tissant de savoureux liens avec les autres séries donjonnesques, porté par des dialogues délicieusement percutants et décalés , ce récit choral signé par Lewis Trondheim et Joann Sfar fait la part belle à l’humour et à l’action tout en incorporant à leur histoire de vrais morceaux d’émotions… Débordant d’énergie et d’inventivité, le dessin dynamique de Vince s’avère impeccable pour mettre en image cet album qui joue avec un plaisir jubilatoire avec les codes de différents genres que les auteurs mélangent allégrement pour composer un cocktail unique et détonnant… Etrange et interlope mais indéniablement envoûtant, ce nouvel opus de Donjon Antipodes remplit toute ses promesses… Donjon est décidemment une œuvre à part !
- Hé ! réveille-toi ! Hé !
- ?
- Des coups de feu !
- T’es parano ! J4ai rien entendu !
- Ça me maintien en vie, d’être parano ! Tu mates beaucoup de films noirs ?
- Des œuvres avec des acteurs issus de la diversité ?
- Des polars : à chaque fois que le héros a l’air heureux, blam blam ! La nana qu’il aime se fait dessouder…
- Tu m’aimes ?
dialogue entre Mimi et son amante