Dans la haute société londonienne du XVIIIe siècle, les femmes ne peuvent hériter. Aussi Mrs Bennet s’emploie-t-elle a marier ses filles à de beaux partis afin de leur assurer un avenir.

Les rencontres se font souvent lors de bals et de fêtes. Jane, l’une des filles de la famille Bennet, attire sur elle tous les regards, et Mr Bringley, jeune homme de la haute société doté d’une grande fortune, est de ceux que la jeune fille ne laisse pas indifférent et ses sentiments semblent partagés. Mr Bringley est accompagné de Mr Darcy un jeune homme qu’Elizabeth, sœur de Jane, prend aussitôt en grippe à cause de son attitude qu’elle juge hautaine et dédaigneuse. Cette dernière ne souhaite par ailleurs se marier que par amour et ne souhaite pas brader son bonheur pour une situation financière confortable…

Comment un homme si antipathique peut-il être l’ami du charmant Mr Bringley tant il lui semble antinomique… Leurs conversations ne font que confirmer le ressenti d’Eizabeth… Mais le cœur a ses raisons que la raison, les préjugés et l’orgueil ignorent…

Chef d’œuvre de Jane Austen, Orgueil et Préjugés a déjà fait l’objet de plusieurs adaptation en bande dessinée comme en Manga… Claudia Kühn et Tara Spruit nous en propose une nouvelle qui remet le roman au goût du jour…

S’inscrivant dans le genre de la comédie romantique comme Beaucoup de bruit pour rien de William Shakespeare, l’histoire nous entraîne dans l’Angleterre du XVIIIe siècle pour y suivre une jeune femme qui va à contre-courant des usages et désire faire un mariage d’amour… Si cela cause le désespoir de sa mère, plus consciente peut-être de la vie qu’aurait une femme célibataire au décès de son père, ce dernier semble vouloir respecter les choix de sa fille, sans doute parce que sa force de caractère et son intelligence font d’elle sa préférée… Le personnage de Darcy s’avère délicieusement complexe et, étonnement, Elizabeth n’est pas surprise de le trouver si souvent là où elle se rend, inconsciente, car trop sûr de son propre jugement, de l’effet qu’elle exerce sur le jeune homme qui tombe peu à peu amoureux d’elle…

Le récit brosse avec une ironie mordante le tableau saisissant de la haute société londonienne corseté par des usages, comme le suggère l’épigraphe qui ouvre l’album en reprenant l’esprit de la première phrase du roman : « C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier ». Le comportement délicieusement caricatural de Mrs Bennet pour marier ses filles est un ressort humoristique savoureux au même titre que le l’étrange ballet amoureux que dansent sans en avoir pleinement conscience Elizabeth et Darcy…

Le dessin épuré de Tara Spruit qui signe, à notre connaissance, sa première bande-dessinée a l’élégance nécessaire pour retranscrire la haute-société corsetée engoncé par ses usages et l’étiquette dont Elizabeth n’a que faire. Son trait met en relief les liens qui se nouent entre les différents protagonistes, de la sororité attendrissante de Jane et Elisabeth à l’indifférence que cette dernière a pour Darcy… L’évolution de ses sentiments pour le jeune homme est lui aussi bien retranscrit et l’album, malgré ses coupes inévitables, retranscrit bien l’esprit du roman.

Après Aurore et Stacy , Claudia Kühn s’empare à son tour du plus célèbre des romans de Jane Austen, Orgueil et Préjugés, pour en signer une adaptation convaincante…

Pour leur assurer un avenir, Mrs Bennet s’efforce de marier ses cinq filles à un beau parti. Si Jane, l’aîné, qui attire sur elle tous les regards lors des soirées mondaines, semble promise au riche et charmant Mr Bringley, Elizabeth refuse toute idée de mariage sans amour, au grand désespoir de sa mère. La jeune femme prend en grippe le hautain et dédaigneux Mr Darcy qui, s’il est l’ami de Bringley, est aussi son parfait opposé. Mais Darcy tombe amoureux d’elle, ce qu’Elizabeth, trop sûr de son jugement sur lui, ne le soupçonne même pas…

Le dessin élégant et épuré de Tara Spruit porte joliment cette comédie romantique du XVIIIe siècle qui esquisse un tableau ironique et saisissant de la bonne société de l’époque.

Il n’est ni laid ni pauvre et il doit même savoir lire. Mais je ne pourrais jamais faire abstraction de son arrogance.
- Et s’il vous invitait à danser ?
- Je refuserais :dialogue entre Elizabeth et Charlotte