Aparecida est la pire prison du Brésil : la surpopulation carcérale y atteint 259%, deux factions rivales, Comando Vermelho et les Primer Comando de la Capital, s’y livrent une guerre totale pour la main mise sur les trafics en tous genre tandis que les néonazis du Carecas do ABC gèrent le trafic d’armes…
Joueur de football promis à un bel avenir, Marcus Anderson est incarcéré à Aparecida dans l’attente de son procès. Il arrive en même temps que Francisco Barbosa, ancien président du centre pénitentiaire de Carandiru qui a réprimé dans le sang une révolte et qui a été pour cela condamné à 408 années de réclusion. Peu après son arrivée, Marcus est pris sous son aile par Cortereal, un détenu trafiquant de cigarettes qui a opté pour la neutralité… Ce dernier ne ressemble pas aux chiens enragés enfermés avec lui… S’il fait montre d’un sang-froid à toute épreuve, Cortereal n'est pas franc du collier et semble désireux de mettre la main sur une vidéo contenue sur une carte à mémoire au cœur de la prison…
Mais, alors que se profile un match entre détenus et personnel, la tension monte de plusieurs crans et la prison est en ébullition… Pour couronner le tout, la ministre a diligenté une enquête interne pour mesurer les progrès réalisés le directeur d’Aparecida… Il suffirait d’un rien pour que la prison ne s’embrase…
Le titre de la série donne d’emblée la couleur : chaque tome verra une poigné d’individu s’efforcer de survivre dans un milieu hostile… très hostile… Après la haute-montagne, c’est donc au sein de la pire prison du Brésil que Christophe Bec va jeter une poignée de personnages…
Si le scénario s’avère aussi nerveux que violent, le scénariste prend le temps de poser le cadre, amorçant son récit par des données chiffrées qui donnent le vertige… Les références au retentissant massacre de la prison de Carandiru le 2 octobre 1992 au sein d’une conversation entre Marcus Anderson et un gardien donne d’emblée la mesure du chaos qui doit régner au cœur de la prison alors que chaque élément narratif renforce l’atmosphère oppressante qui règne dans cette jungle carcérale où les gardiens doivent composer avec les gangs qui semblent régner en maître sur Aparecida… Au milieu de cette faune sans foi ni loi autre que l’allégeance à leur gang, deux personnages dénotent : Cortereal, personnage centrale de l’histoire qui semble presque trop à l’aise dans cette fausse aux lions et dont le comportement intrigue, et Marc, petit prodige du football qui semble être un type bien, même s’il est tombé pour trafic de drogue.
Alors que la première séquence montre d’emblée la tension qui règne entre les prisonniers, elle ne fera qu’aller crescendo et le lecteur comprend qu’on s rapproche dangereusement du point de rupture : la violence va se déchaîner et elle deviendra bien vite incontrôlable tant la haine entre les gangs est palpable… Et ce d’autant plus que le Primer Comando de la Capital a été fondée pour venger la mort des 111 prisonniers de Carandiru et que la présence à Aparecida du responsable du massacre ne fera qu’exacerber les violence…
Deux talentueux dessinateurs sont à l’œuvre sur cet album dont Simon Champelovier en assure les couleurs, conférant du même coup une certaine homogénéité aux planches. Mirko Colak met ainsi en scène la première partie du récit tandis que Diego Bonesso se charge de la seconde. Leur sens du cadrage impressionne et renforce avec art la tension de chaque séquence, faisant ressentir ce sentiment d’urgence au lecteur et nous offrant des visuels saisissant du chaos qui règne sur Aparecida. Leurs personnages s’avèrent inquiétants à souhait et les scènes d’émeutes, faisant du lecteur le témoin horrifié des exactions des prisonniers et des forces de l’ordre, sont particulièrement terrifiantes…
Après Warm Springs, Christophe Bec poursuit sa série-concept qui met en scène une poignée d’individus s’efforçant de survivre en situation extrême…
Gangrénée par violence, Aparecida est devenue une zone de non droit, les gangs se livrant à une lutte à mort pour le contrôle des différents trafics de la pire prison du Brésil. Alors que l’ancien directeur responsable du massacre de Carandiru y est transféré pour y purger une lourde peine, un jeune footballer prodige y est incarcéré pour trafic de drogue dans l’attente de son procès. Il est pris sous son aile par Cortereal, un détenu dont l’attitude tranche avec celle de ces congénères… Alors que la prison va faire l’objet d’une enquête gouvernementale, un match de foot entre détenus et gardiens se profile, exacerbant les tensions…
Avec une montée en puissance savamment orchestré, le thriller carcéral de Cristophe Bec est remarquablement mis en image par le trait puissant de Mirko Colak et Diego Bonesso qui se partage le travail sur l’album alors que les couleurs de Simon Champelovier en assurent l’homogénéité. Le sens du cadrage des deux dessinateurs accentuent avec force la dramaturgie de l’histoire et soutient avec efficacité la tension qui va crescendo jusqu’à l’explosion qui verra une violence insoutenable se déchaîner… Ce second opus de Survival est au final plus oppressant encore que ne l’était le premier… Ce qui n'est pas peu dire !
- Les clans ont été affaiblis après les émeutes. Alors ils essaient de recruter. Les gamins comme toi sont leurs cibles privilégiées, plus facile à embrigader. Ça fonctionne comme ça ici, les jeunes qui entrent sont contrant de devenir des criminels, beaucoup, lorsqu’ils ont fini de purger leur peine, ont des dettes avec les factions et doivent commettre des délits pour s’en acquitter une fois à l’extérieur.
- Je suis en détention provisoire.
- Comme la moitié des gars quasiment… La plupart des détenus que tu vois attendent d’être jugés, ils n’ont même pas été condamnés n première instance, et ça peut s’enliser, durer des mois, voire des années…dialogue entre Marcus et Cortereal
|