1947, quatorze ans après la victoire de Kong. Manhattan a été évacuée et est devenue no man zone où pullulent des dinosaures antédiluviens et où une tribu d’amazones règnent sur Central Park…
Malgré les remontrances de son père, le colonel Pearl, Betty, dont les prouesses aux commandes d’un avion de chasse font la un des journaux, est parvenu à faire du sauvetage de Spit, son teckel, une cause nationale, malgré l’embargo pesant sur ce no mans land… Tombé entre leurs mains, Virgile Price, pilote dont l’avion s’est crashé sur Manhattan jungle, est entre la vie et la mort tandis que Jonas et Irvin tentent de percer le secret des mutations des dinosaures en arpentant les toits de Manhattan Jungle pour prélever des excréments de ptérodactyles dans le but de les analyser. Chasseur émérite, Nergal tente de tirer Virgile des mains des amazones en poussant Venturi à prendre le pouvoir sur les Amazones.
Les acteurs sont en place, le dernier acte peut se jouer…
Le premier opus de the Kong Crew avait fait forte impression en proposant une suite uchronique au chef d’œuvre de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack et dans laquelle le Roi Kong n’aurait pas été défait par l’aviation américaine mais se serait taillé un royaume à sa mesure au cœur même de Manhattan…
Ecrit dans la plus pure tradition des récits d’aventures que l’on trouvait alors dans les pulp magazines qui ont révélé de nombreux auteurs (de Isaac Asimov à Ray Bradbury en passant par Frank Herbert, Philip K. Dick, Edgar Rice Burroughs, H. P. Lovecraft ou Robert E. Howard pour ne citer qu’eux), chaque nouvel opus de the Kong Crew est subdivisé en chapitres entraînants portés par une narration mêlant habilement humour, action et climat post-apocalyptique régressif. Les personnages hauts en couleurs nés sous la plume d’Eric Herenguel s’inscrivent dans cet esprit délicieusement pulp… Passant de l’un à l’autre, ses récits alternés impulsent un rythme très soutenu à l’ensemble et l’on se doute que pour Virgile et Spit, sortir indemne de la zone ne sera pas de tout repos !
L’auteur semble parfaitement à l’aise dans cet improbable terrain de jeu où l’on découvre Manhattan envahie par une jungle hostile où pullulent des dinosaures, araignée géantes et tribu amazone au look savamment étudié. Rehaussé par des cadrages virtuoses, ses visuels percutants s’avèrent particulièrement fascinants, conférant à l’ensemble une touche délicieusement baroque qui fonctionne étrangement bien. S’abreuvant aux récits et aux films de SF des années 50, l’auteur nous offre un divertissement jubilatoire en cinémascope… Les scènes d’action sont tout juste dingues, avec des improbables scènes de poursuite sur la Cinquième Avenue, avec des carcasses de vielles voitures abandonnées lors de l’évacuation alors que des hordes de sauriens, Kong lui-même et la Reine des Amazons chevauchant son tigre descendent l’avenue à un rythme endiablé dans le sillage d’une poignée d’hommes tentant de sortir vivant de l’enfer dans lequel ils ont échoués… volontairement ou non ! Le final en apothéose est quant à lui totalement dingue et si on est triste que ce referme cette trilogie inventive et déjantée mais néanmoins parfaitement maîtrisée, ne sortez pas trop tôt vos mouchoirs : un second cycle est d’ores et déjà annoncé ! Youhou !
Le pitch baroque et déjanté de la série avait de quoi surprendre mais Eric Herenguel n’en signe pas moins un triptyque inventif, baroque et déjanté mais néanmoins parfaitement maîtrisé en proposant une suite uchronique au King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack…
L’aviation américaine n’est pas parvenue à défaire le roi Kong qui règne désormais sur un Manhattan où la nature a repris tous ses droits, le transformant littéralement en jungle urbaine dominée par Kong et où errent des dinosaures et une tribu d’amazones… Tandis que l’armée américaine espère encore pouvoir ramener vivant Virgile Price, un pilote qui s’est crashé au cœur de la jungle, Betty Pearl utilise ses talents d’aviatrice pour attirer l’attention de la presse sur Spit, son teckel disparu en même temps que Virgile. Ajoutons à cela un scientifique désireux de comprendre la régression qui touche la faune locale, et un chasseur poussant Venturi à renverser Damara et vous obtenez un cocktail délicieusment explosif…
Les compositions virtuoses de Eric Herenguel nous immergent dans un Manhattan dangereux et fascinant envahi par une jungle dense et luxuriante et peuplée de créatures toutes plus dangereuses les unes que les autres. Ses crayons donnent vie à des créatures inquéitantes et à une poignée de personnages hauts en couleurs et dotés d’un caractère bien trempé dont les récits croisés impulsent un rythme soutenu à l’ensemble. L’album s’achève en apothéose avec un cliffhanger savoureux aux parfums de Guerre Froide et qui ouvre la porte à un second cycle que nous attendons avec une impatience fébrile tant cette histoire s’inscrivant dans la plus pure tradition des récits d’aventure pulp et des films de SF des années 50 nous a enthousiasmé…
Ce qui est bien dans cette zone, c’est que les emmerdes ne sont jamais décevantes.citation
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