     Si la famille de Anson H. Renfield a fait fortune dans le coton en exploitant des esclaves, lui a su la faire fructifier en la diversifiant et en investissant dans les banques, la bourse, les usines, la guerre, le chemin de fer et la corruption. Mais si son immense fortune est de celle qui peuvent faire ou défaire un sénateur ou un président, elle est surtout pour Renfield, alias le Banquier, un levier pour obtenir le véritable pouvoir…
L’homme d’affaire ne quitte jamais son train, entraînant dans son sillage une ville itinérante… Mais Sœur M., de l’Ordre de Sainte-Catherine doit pourtant le déloger de sa forteresse roulante protégée par un dangereux mage… Car Sœur M. est l’un des bras armés de l’église, assassinant froidement les cibles désignées par son supérieur hiérarchique, le père Sarrak…
Pour mener à bien sa délicate mission et tuer l’homme le plus riche, le plus puissant et le mieux protégé du pays, la sœur va contraindre Yaretsi, Orc qui continue de défier la mort, à l’assister… Cette dernière va tenter de se faire engager comme porte flingue afin de faire rentrer la sœur dans le train du banquier…
 Après Jean-Luc Istin et Sylvain Cordurié, c’est au tour d’Olivier Peru de nous immerger dans cet univers baroque et fascinant qui transpose des personnages d’heroïc-fantasy dans un ouest sauvage et fantasmé pour donner vie à un genre savoureux : le western-fantasy…
On retrouve dans cet album Yaresti, ancienne braqueuse de train qui joue avec la mort… Elle va devoir faire équipe à une tueuse implacable, une bonne sœur éduquée depuis son plus jeune-âge par les sœurs de Sainte-Catherine pour tuer au nom de Dieu les cibles qu’on lui désigne… Le tandem s’avère des plus explosifs, et ce dès leur première rencontre qui voit Sœur M. empoisonner l’orc pour s’assurer de son dévouement à sa mission… Le récit repose en grande partie sur leur relation basée au départ sur des préjugés et qui vont évoluer au fil du temps vers un respect mutuel… Le personnage de la none qui a renoncé jusqu’à son identité s’avère délicieusement complexe et torturé, renforçant la dramaturgie de l’intrigue.
 Mais que sont deux héroïnes sans un opposant à leur mesure ? Renfield, alias le Banquier, est l’archétype du capitaliste sans foi ni loi, prêt à tout pour augmenter sa fortune et son influence… Mais la richesse n’est qu’un moyen pour accéder au pouvoir que lui confère les nombreux Totem qu’il traque sans répits, n’hésitant pas à torturer et à sacrifier ceux qui se dresse sur sa route… Dans le genre salopard de la pire espèce, il se pose et s’il évoque le Morton du Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, il s’avère bien plus sombre et inquiétant que ce dernier et on comprend bien vite que le tuer ne sera pas une mince affaire…
Après avoir œuvré sur le dix-septième opus d’ Orcs et Gobelins, l’artiste italien Simone Buonfantino signe une fois encore un album parfaitement maîtrisé. Il reprend avec aisance le personnage de Yaretsi né sous les crayons de Jean-Paul Bordier dans le précédent opus de la série. Son découpage nerveux et immersif et on ne peut plus percutant renforce avec art la dramaturgie du récit et met joliment en valeur les nombreuses scènes d’actions virevoltantes qui émaillent l’histoire. La colorisation de J. Nanjan confère à l’ensemble une dimension rétrofuturiste savoureuse tandis que la couverture de Bertrand Benoît montrant en filigrane deux civilisations que tout semble opposer est comme de coutume somptueuse…
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 Nouvelle série concept initiée par Jean-Luc Istin et Bertrand Benoît, West Fantasy mêle avec audace et inventivité la fantasy avec ses peaux vertes, ses nains, ses créatures, ses mages et ses artefacts et le western, deux genres très codifiés… Après trois premiers tomes captivants, c’est au tour d’Olivier Peru de se frotter à cet univers fascinant, remettant en scène le personnage de Yaretsi que les lecteurs ont pu découvrir dans le précédent opus…
Sous ses habits de religieuse Sœur M. est en fait un assassin de l’Ordre de Sainte-Catherine qui abat froidement et sans états d’âmes les cibles que lui désigne son supérieur, le père Sarrak… Malgré ses talents indéniables, il n’est pas sûr qu’elle puisse se sortir indemne de sa mission : assassiner l’homme le plus riche, le plus puissant et le plus influent des Etats-Unis d’Amérique : Anson H. Renfield que tous surnomment le Banquier… Pour se faire, elle va contraindre une ancienne braqueuse de train orc de l’assister dans a dangereuse mission…
Evoquant en filigrane le Morton d’Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, la cible se pose en matière de parfait salopard usant de sa fortune et de son influence pour servir ses noirs desseins, n’hésitant pas à torturer ou à massacrer pour parvenir à ses fins… Porté par un tandem antinomique, le récit d’Olivier Peru s’avère rythmé et entraînant et le travail de Simone Buonfantino, que beaucoup ont pu apprécier sur son Orcs & Gobelins, est une fois encore percutant… Ce quatrième opus de West Fantasy confirme tout le bien que l’on pensait de cette série violente et originale…
- Tu n’a pas l’air au mieux, Sœur M. Toujours cette foi qui te travaille ?
- Je me questionne, c’est tout, Père Sarrak. Sur ce que nous faisons, sur le mal que j’inflige à mes prochains à chaque fois que je suis envoyée en mission. Est-ce vraiment là le désir de Dieu ?
- C’est l souhait de l’Eglise, et n’oublie pas que l’Eglise est la voix du Seigneur sur cette Terre.dialogue entre le Père Sarrak et Sœur M.s
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