    Non destiné à régner de par son rang de naissance, déshérité par son père, Charles VII n’est plus que le « Roi de Bourges » et doit faire face à l’armée anglaise allié à celle de Bourgogne… C’est pourtant le roi qui mettra fin a la Guerre de Cent ans… Car en coulisse, Yolande d'Aragon, veuve du duc Louis II d’Anjou, affûte une lame qui saura renverser la situation et faire de lui le véritable Roi de France… Cette épée a pour nom Jeanne d’Arc, une jeune bergère fougueuse qui prétend entendre des voies…
Fils de Louis XI et donc petit fils de Charles VII, Charles VIII n’a que treize ans à la mort de son père, et c’est à sa sœur aînée, Anne de France, épouse de Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu, qui reviendra la régence du royaume. Avec le soutien de François II, Duc de Bretagne et de Maximilien d'Autriche, Louis II d’Orléans, cousin du Roi, engagera contre la couronne une rébellion qu’on appellera la « Guerre Folle ». Charles VIII rêve quant à lui de croisades et tourne son regard vers les royaumes d’Italie, espérant faire valoir ses droits sur le Royaume de Naples…
Jean-Pierre Pécau revisite le règne de deux rois dont les règnes ont été des pivots de l’histoire de France, Charles VII et son petit-fils Charles VIII.
 A l’instar du premier opus, l’album est une fois encore joliment édité, avec ce dos toilé rehaussé d’or du plus bel effet qui met joliment en valeur la somptueuse couverture d’Ugo Pinson. Solidement documenté, chacun de ces récits se teinte de fantastique avec cet « homme en noir », un étrange charbonnier qui intervient dans chacun des deux récits, dans le premier en servant les desseins Yolande d'Aragon dans le second en venant visiter le roi mourant qui prend sa présence comme un présage de mort. La façon dont le scénariste déconstruit le mythe de Jeanne d’Arc, de l’éducation qu’elle a reçue au fameux épisode de la reconnaissance de Chinon s’avère cohérente et par la même captivante…
Ancrés dans l’histoire, les récits consacrés aux règnes de Charles VII et de Charles VIII sont tout à la fois captivants et exigeants. Captivants parce que les angles choisis pour nous conter l’histoire de leur règne sont suffisamment originaux pour entraîner le lecteur. Exigeant car le récit propose plusieurs ellipses narratives, évoquant des évènements sans nécessairement les dépeindre ou les développer, laissant au lecteur le soin de les combler avec ses propres connaissances du sujet, telle la mort accidentelle de Charles VIII ou le procès de Jeanne d’Arc qui n’est pas il est vrai le personnage central de l’histoire même si elle demeure l’une des grandes figures de la période… Toutefois, le dossier figurant en fin d’album revient sur le background histoiruqe, venant préciser le déroulé des évènements.
Le dessin de Marco Pizi est joliment mis en valeur par les couleurs de Diego Lopez Parada qui soigne les reliefs et la profondeur de champ par un travail soigné sur les ombres et les lumières. Mis en couleur par Bertrand Denoulet, le dessin de Roberto Jorge Viacava est quant à lui plus épuré avec des décors plus minimalistes mais des personnages tout aussi convaincants.
 Après un premier tome consacré à Philippe Auguste et à Philippe le Bel, Jean-Pierre Pécau s’intéresse à présent à Charles VII et Charles VIII qui, à leur façon, ont marqué l’histoire du royaume de France de leur empreinte…
Si, bien que déshérité par son père, le premier gagna la Guerre de Cent ans et mis fin aux prétentions anglaises sur la couronne de France grâce au secours d’une petite bergère prénommée Jeanne, le second qui parait plus terne dans la galerie des Valois, avec ses rêves de grandeur qui le poussèrent à revendiquer le Royaume de Naples ou à rêver de croisade… Rêves qui se fracassèrent sur l’autel de la réalité, après plusieurs trahisons, et sur le chambranle d’une porte du château d’Amboise… Dans l’ombre de chacun d’eux, comme dans celui des monarques suscités, un mystérieux charbonnier qui dans l’ombre du trône sert la couronne…
Marco Pizi et Roberto Jorge Viacava mettent chacun l’un des récits en image, de façon pour le moins convaincante… Les amateurs d’Histoire devraient apprécier ces récits solidement documentés qui nous comptes les heurs et malheurs de la couronne de France.
Pourquoi me mentir, gentil seigneur ? pourquoi vouloir vous moquer de moi ? Vous n’êtes pas le roi de France.Jeanne d’Arc
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