La flotte du redoutable chef viking Reidolf et sa joyeuse bande de branquignoles amorce une nouvelle saison de raids, de rapines, de massacres et de pillages.

Après avoir pillé un village de miséreux, le bilan de la saison sera bien maigre : un troupeau de moutons rachitiques et un christ porte-manteau avec une hache plantée à travers la tête… Mais le pire est à venir : lorsqu’ils retournent dans leur pénates ils trouvent leur village pillé et calciné, femmes et enfants ayant été enlevés par un clan concurrent…

Trop faible pour affronter seul Sven langue de phoque et ses hommes, Reidolf décide de faire appel à Ulf, son abrutit frère, tueur de draugars, avec qui il n’est pourtant pas vraiment en bon terme…

Après deux premiers tomes irrésistibles et iconoclastes, Reidolf, Wilfrid Lupano et Ohazar sont de retour pour nous dérouiller les zygomatiques… Et au vu de la conjecture actuelle et de l’actualité mondiale inquiétante, difficile de ne pas reconnaître que la date de sortie est pour le moins bien calée !

On retrouve donc notre joyeuse bande de vikings sanguinaires lancée dans un nouveau raid assez peu glorieux dont ils ne ramèneront qu’un (très) maigre butin et le fils du chef transformé en canard tandis que Sven langue de phoque (un sacré draugars celui-là !) a profité de leur départ pour piller, incendier et enlever femmes et enfants. Mais, toutes femmes quelles sont, elles ne manquent pas de ressources et vont faire montre d’un certain courage pour tenter d’échapper à leurs kidnappeurs, pas forcément plus compétent que leur époux…

Découpée comme les autres albums en strips indépendant qui forment pourtant une histoire cohérente (nonobstant quelques interventions divines ou fantastiques purement fictifs inventées par les vikings pour couvrir leur incompétence crasse ou par leurs femmes pour ménager l’égo démesuré de leurs maris), la lecture de l’album est truffée de sourires, eux-mêmes ponctués de fous rires devant les dialogues foldingues et les situations improbables dans lesquels les auteurs entraînent nos farouches guerriers…

Le dessin déjanté d’Ohazar mets en scène avec jubilation les vikings joyeusement barrés imaginés par son frère, l’inénarrable Wilfrid Lupano : du chef assez peu réfléchit à son frère qui voit des draugars partout (malheur à celui qui a passé une mauvaise nuit et dont les cernes trahissent à ses yeux une non-vie évidente !) en passant par le sinistre Sven (au risque de me répéter, m’étonnerait pas qu’il soit un draugars celui-là), Arnulf Reidolfson qui semble étrangement réfléchi (pour un viking je veux dire) sans oublier cette gamine chrétienne remmené du raid avec les moutons rachitiques, le christ crucifié à la hache et un tombereau de fleurs (histoire de se faire pardonner) ou le vieux tombé dans un tonneau de harengs avarié depuis des lustres…


Quel plaisir de retrouver notre joyeuse bande de bras cassés qui écornent quelque peu le mythe du guerrier farouche ne rêvant que de mourir au combat pour rejoindre Odin au Valhalla pour un baquet d’anthologie…

Reidolf entraîne ses hommes dans un raid qui aurait pu être glorieux s’ils n’avaient eu à se mettre sous la hache autre chose que des miséreux. Leur butin est dérisoire (un troupeau de mouton famélique et un christ en croix et à la hache) et, pour couronner le tout, son fils Arnulf a été changé en canard. Mais il y a pire : Sven langue de phoque a profité de leur absence pour piller, brûler leur village et enlever leurs femmes et leurs enfants…

Le dessin expressif et déjanté d’Ohazar met en scène avec une rare efficacité les scénettes totalement déjantées imaginées par son frère, Wilfrid Lupano, et qui, mises bout à bout, forment un récit aussi irrésistible que joyeusement foutraque… Et c’est peu dire que cela fait du bien au vu du climat général ! Bref, Même pas morts, troisième opus de Vikings dans la Brume, est chaudement recommandé pour se dérouiller les zygomatiques !

- Oncle Ulf ? Mais tu m’as toujours dit que vous étiez fâchés à mort et qu c’était un abruti.
- C’est le roi des abrutis. Mais, parfois, dans le vikisme, on a davantage besoin d’un abruti fiable que d’un allié hyper intelligent mais fiable.
- Comme qui, par exemple, qui serait hyper intelligent ?
- OK, je n’en connais pas, mais j’ai dans l’idée que ça ne me plairait pas des masses.dialogue entre Reidolf et son fils