Sous peine de perdre sa licence, Horous, célébrissime nécromancien du Donjon de Cavallère, est contraint de se rendre au vingt-huitième congrès des nécromanciens… Mais il a fort à faire et doit rester de permanence au donjon où ses pouvoirs sont indispensables pour en assurer la défense…

Aussi décide-t-il d’envoyer Herbert, soi-disant victime d’un sort de canard, pour qu’il se fasse passer pour lui… Voilà donc Herbert débarquant sous une fausse identité au fameux congrès en compagnie de Marvin qui se fait passer pour son assistant…

Tout aurait pu bien se passer… Mais c’était mal connaître la formidable capacité d’Herbert à se mettre dans des situations aussi improbables qu’inextricables…

Après une accalmie de cinq années, Donjon Parade repart sur les chapeaux de roues avec une foule de tomes prévus cette année et ce Nécromancien pour de faux, troisième opus publié en 2025…

C’est donc Delaf, récemment audacieux mais talentueux repreneur de Gaston Lagaffe qui rejoint la grande famille des dessinateurs dans leur irrésistiblement donjonnesque bac à sable… Dans les premiers rôles, on retrouve les sémillants Herbert, dans le rôle (délicieuse mise en abîme !) d’Horous, nécromancien en titre du fameux Donjon, et Marvin, dans le rôle de son assistant… Après une première page un brin déstabilisante (car le lecteur voit bien, lui, qu’Herbert n’est pas Horous !), Herbert va accumuler bévue sur bévue, rendant de plus en plus improbable sa fonction de puissant et respecté nécromancien… Après avoir vomi son repas sur la salle où se tenait la sans doute passionnante conférence sur le pus dans les cadavres et son utilisation, il s’accroche avec un collègue d’Horous qui le défi en duel magique avant d’ingurgiter un Martini-Œil (à la cuillère ou au shaker, l’histoire ne le dit pas !) cul sec, pour faire bonne mesure… Et tout va aller de mal en pis, puisqu’après l’avoir défait sans user de magie (et pour cause !), il va empêcher son suicide, le trucider par inadvertance, et ouvrir un inquiétant portail en tentant de maquiller la scène de crime avec divers produit trouvé chez la victime… Un joyeux et inextricable bordel dont on voit mal comment nos deux compères pourront s’en sortir…

Les dialogues sont comme aussi décapants et savoureux que le scénario concocté par le tandem Sfar / Trondheim et l’insouciance et la désinvolture d’Herbert contraste de façon singulière et jubilatoire avec le calme et la lucidité de Marvin… Chaque scénette est un régal pour les afficionados du spin-off le plus déjanté de la tentaculaire série Donjon et la lecture est ponctuée d’éclats de rires en cascades alors que le dénouement pour le moins inattendu surprendra plus d’un lecteur…

Mais Donjon, ce n’est pas qu’un scénario déjanté mais parfaitement maîtrisé… C’est aussi un dessinateur qui se glisse avec jubilation dans cet univers savoureusement rôlistique pour y imprimer sa patte… Et Delaf fait montre d’un indéniable talent pour mettre en scène les personnages récurrents de la série comme les figurants qu’on ne reverra sans doute plus (Bengarseri Begawan, petite brute nécromancienne partie trop tôt) alors que son découpage percutant et cartonnesque sert au mieux l’action, renforçant l’intensité dramatiques ou sexuelle (si, si) de façon on ne peut plus convaincante !

Joann Sfar et Lewis Trondheim poursuive sur un rythme endiablé la publication des Donjon Parade qui tombent comme à Gravelotte (pardonnez l’anachronisme) après cinq années de disette.

Etant indispensable au Donjon, Horous ne peut se rendre au congrès des Nécromancien et risque de perdre sa licence. C’est pourquoi il demande, assez insciemment sans doute, à Herbert d’y aller et de se faire passer pour lui, accompagné de Marvin qui jouera le rôle de son assistant… Accumulant les bévues, Herbert va se mettre dans des situations aussi improbables qu’inextricables qui mettent gravement en péril sa fausse identité…

Spin-off le plus déjanté de la série-mère, Donjon Parade remplit une fois encore toute ses promesses avec un scénario chaotique et décapant à souhait porté par le dessin inventif et dynamique d’un Delaf ma foi très à l’aise dans cet univers jubilatoire…

- Bah voilà. Affaire résolue. Ah ! Ah ! Ah ! J’y vais pas.
- Herbert, on ne joue pas avec l’honneur. Ni le sien, ni celui des autres. Tu dois y aller.
- Donc je suis pas vraiment ton copain ? Tu préfères me voir tuer pour une histoire d’honneur ?
- Herbert…
- Ça va, je sais ce que tu vas dire : que ce sera un grand honneur de venir sur ma tombe ou quelque chose comme ça.
- Voilà.
- Donc, j’y vais. T’as une idée de comment je pourrais tricher ? Ou c’est contre ton code d’honneur ?
- […]
- Je m’en fous, je me tire !dialogue entre Herbert et Marvin