    Tombée entre les mains des anglais et après un procès à charge, Jeanne s’avance vers le bûcher, le visage dissimulé par une résille… En ce 30 mai 1431, celle qui délivra Orléans et fit sacrer Charles VII à Reims est dévorée par les flammes sans que son roi n’ai rien fait pour la sauver…
C’est du moins ce que dit l’histoire officielle… En vérité, Gilles de Rais et la Hire sont parvenus à la faire évader la nuit de son exécution, une autre qu’elle endossant le rôle du martyr, ce que Jeanne ne peut accepter… Mais il lui reste encore tant de promesses à tenir : achever de bouter les anglais hors de France, faire sortir Charles d’Orléans de sa prison londonienne et délivrer le tombeau du Christ…
Si Gilles est parvenu à réunir une armée de fidèle, il lui faut de l’or pour engager les troupes d’écorcheurs nécessaire à ces projets et, pour cela, il doit se tourner vers la Reine Yollande d’Aragon qui a forgé Jeanne pour qu’elle accomplisse son destin… Mais sa créature, semble lui échapper sous l’impulsion de Gilles qui en est amoureux…
Les héros ne meurent jamais vraiment. Aussi, après la mort de la Pucelle d’Orléans sur le bûcher, plusieurs femmes se sont présentées comme étant Jeanne d’Arc, de Jeanne des Armoises, reconnues par ses frères, à Jeanne de Sermaises, sans que l’une ou l’autre ne parvienne à convaincre les historiens…
 C’est pourtant sur le mythe de la survivance que s’appuie Jean-Pierre Pécau, Fred Duval et Fred Blanchard pour construire cette uchronie ainsi que la fascination qu’exerçait Jeanne sur ses contemporains, à commencer par Gilles de Rais auquel on prête, sans que cela ait pu être étayé, le projet d’avoir tenté de délivrer Jeanne de sa prison rouennaise. Mêlant histoire politique et fiction, cet ultime récit de Jour J s’avère comme il se doit captivant, de la substitution sur le bûcher à sa volonté de tenir les promesses qui furent les siennes à l’évocation de la possibilité de schisme religieux, avec ces deux papes revendiquant le trône de Saint-Pierre. L’aura de la Pucelle est tel dans ce récit que Gilles la pousse à revendiquer la couronne de France, puisque, n’ayant rien fait pour tenter de la sauver, Charles VII n’est plus digne de la porter. Ayant contraint Yollande à se ranger à ses vues, le Maréchal de France va, en fin politique, lui trouver les appuis nécessaires pour que Jeanne puisse respecter ses promesses… Mais la Reine Yollande, dont les auteurs font, comme d’autres avant eux, l’instigatrice de l’épopée de Jeanne d’Arc, n’a pas dit son dernier mot et tentera une fois encore à infléchir le destin de la couronne de France…
Travaillant chacun sur une partie de l’album, Sinisa Radovic et Marco Bianchini réalisent un remarquable travail, harmonisé par les couleurs de Jean-Paul Fernandez. Leur travail immerge le lecteur dans ce XIIIe siècle tumultueux, redonnant vie à ces personnages emblématiques de l’histoire de France tandis que les brasiers de la guerre de Cent ans s’éteignent peu à peu…
 Après cinquante-deux tomes qui revisitaient des moments clefs de notre histoire, les auteurs clôturent la série Jour J avec un ultime album nous entraînent dans le royaume de France du XVe siècle. S’appuyant sur le mythe de la survivance de Jeanne d’Arc, ils imaginent ce qu’aurait pu être la suite de son épopée…
Alors que, tombée aux mains des anglais, elle était promise à mourir, Jeanne est sauvée par Gilles de Rais et La Hire, une autre qu’elle prenant sa place prenant sa place sur le bucher. Ayant besoin de fonds pour louer les services de mercenaires, le Maréchal de France va trouver Yollande d’Aragon, qui a fait de Jeanne son instrument politique… D’abord réticente, elle décide de rallier le projet de Gilles de Rais… Mais elle n’a pas encore dit son dernier mot.
Le scénario uchronique concocté par Jean-Pierre Pécau et Fred Duval, assisté par l’inénarrable Fred Blanchard, s’avère aussi entraînant que captivant. Il dépeint un royaume de France convainquant, avec les villes anglaises qui tombent une à une sous le giron français tandis qu’après avoir frôlé le schisme, la papauté réaffermit son pouvoir. Le personnage tourmenté de Jeanne s’avère particulièrement intéressant et la fin de l’album, ouvrant une porte sur tous les possibles, laisse au lecteur le soin d’imaginer une suite à cet album qui clôture une série au long court qui revisite l’Histoire…
- Oh, Gilles, tout cela est inutile. Une épée, un anneau et un étendard ne valent pas une armée.
- Non, Jeannette, ils valent bien plus… Et quant à l’armée, pourquoi t’en faire puisqu’elle est déjà là ? Regarde à l’orée du bois, ces hommes qui avancent vers nous, on dirait une forêt qui marche…dialogue entre Jeanne et Gilles de Rais
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