Arun et Lorio ne se sont jamais éloigné de la ferme familiale où ils vivent en compagnie de leur père, de leur sœur Lorna et d’Orym, ancien libre-lame recueilli par leur paternel et qui travaille avec eux à la ferme et leur raconte des histoires de batailles… Les deux frères rêvent d’apprendre à combattre pour pouvoir défendre les faibles et les valeurs auxquelles ils croient, contre l’avis de leur père qui voit dans la violence la source des maux et non leur remède…

Un triste jour, Arun trouva la ferme familiale en feu et ne put empêcher la mort de son père et sa sœur… Sitôt rétabli, il décide de prendre la route pour trouver leurs assassins, accompagné de son frère aîné qui ne peut se résoudre à le laisser partir seul… Tous deux deviennent des combattants accomplis, louant leurs lames aux plus offrant avant que Lorio ne se fasse occire et Arun ne soit contraint de travailler dans le sinistre bagne de Kaltë, fouillant les entrailles de la terre, à la recherche de la plus précieuse des ressources de Draal : les orbes noires…

Rongé par la culpabilité, il va finir par attirer l’attention du légendaire capitaine de la compagnie de la Croix-blanche et intégrer son armée de fanatiques, exécutant les ordres, quels qu’ils soient… Mais peu à peu, l’image du petit garçon qu’il fut et qu’il trahit par son engagement va venir le hanter…

Chaque album de la série apporte sa pierre à l’édifice et continue de nous dépeindre un monde vaste et cohérent, marqué par la violence et le sang.

Ecrit par le talentueux Nicolas Jarry, ce troisième opus va nous conter la vie d’un garçon idéaliste qui va se fracasser sur le mur de la réalité. De drames en drames, rongé par la culpabilité, alors qu’il n’est pour rien dans la mort de ses proches, il va perdre ses illusions et renier, pour un temps au moins, l’enfant qu’il fut jadis, lorsqu’il vivait dans la ferme familiale, relativement épargné par le tumulte et le fracas du monde. Après le drame qui allait voir mourir sous ses yeux son père et sa sœur, il allait apprendre le métier des armes, comme il l’avait toujours rêvé, se rapprochant de ses aspirations sans se rendre compte qu’au fil des guerres et des campagnes, il se perdait, peu à peu… Son entrée dans la Compagnie de la Croix Blanche qui donne son titre à l’album allait sceller son destin et lui faire commettre les pires ignominies, tuant femmes, vieillards et enfants si tels étaient les ordres. Ce personnage tourmenté, détruit de l’intérieur, étant aussi le narrateur de l’histoire, le lecteur a accès à ses tourments et pense un temps qu’il s’est résigné… Mais la répétition des massacres va le rappeler à la vie… mais sans doute sa prise de conscience n’a que trop tardé et on peut légitimement penser que l’issue de sa révolte lui sera fatale… Mais vaut-il mieux courber l’échine et servir des maîtres indignes ou mourir en homme libre ?

Succédant à Vax, Miguel Angel Ruiz est de retour au dessin pour ce troisième opus. Porté par une narration efficace et un découpage nerveux et résolument cinématographique, l’album est rehaussé par les jeux d’ombres et de lumières orchestrés par l’impressionnant Vincent Powell. Le soin apporté aux décors comme aux personnages ou aux créatures esquissent les contours d’un univers crédible et cohérent, invitant le lecteur à découvrir aux côtés d’Arun la Marche Blanche, le culte de la déesse brisée ou la sinistre compagnie de la Croix Blanche…

Créateur de l’univers avec Jean-Luc Istin, Nicolas Jarry fait une nouvelle fois montre de ces talents de conteur avec ce nouveau récit qui nous dépeint une nouvelle région de ce petit monde dominé par de puissants empires…

Arun rêvait de devenir un libre-lame et de défendre les plus faibles, contre l’avis de son père qui voyait dans la violence la source du mal et non son remède. Mais lorsque celui-ci meurt avec la sœur d’Arun, massacré par des assassins, il décide de prendre la route et d’apprendre le métier des armes… Après bien des péripéties où il fut tour à tour libre-lame et mineur au sinistre bagne de Kaltë, il est remarqué par le légendaire commandant de la Compagnie de la Croix Blanche qui l’intègre dans ses rangs… Mais que reste-t-il de l’enfant idéaliste qu’il fut ?

Narré par Arun lui-même, le scénario de Nicolas Jarry s’avère aussi entraînant que poignant tant le sort semble s’acharner contre lui, tuant peu à peu le gamin qu’il fut lorsqu’il vivait, insouciant, dans la ferme familiale avant que celle-ci ne soit réduite en cendre… Son destin tragique est mis en image par le trait puissant de Miguel Angel Ruiz, rehaussé par les jeux de lumière de Elodie jaquemoire, déjà coloriste sur le second opus de la série… Cette Compagnie de la Croix Blanche continue d’étoffer un univers fascinant suffisamment dense et intéressant pour devenir celui d’un jeu de rôle… Un livre retraçant l’histoire de ce monde et de ses habitants compléterait agréablement cette série…

- On ne veut pas tuer des gens, on veut au contraire les protéger. Arun et moi, on compte pas gagner notre croute en labourant des champs. Que tu sois d’accord ou pas on deviendra des libres-lames.
- Pourtant vous connaissez les horreurs que peuvent perpétrer une compagnie quand elle a vendu son âme à un doge corrompu ou qu’elle se trouve désœuvrée.
- Nous, on ne fera pas ce genre de choses, on aidera les plus faibles ! On vendra nos services à ceux qui en ont besoin.
- Vous ne serez jamais riche, les faibles n’ont que des brisures dans les poches. Et encore, quand elles ne sont pas percées !dialogue entre Lorio, son père et Orym