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Amir et Théo vivent dans la rue et affrontent le quotidien en se serrant les coudes. Théo en connaît les codes et les usages pour y avoir passé plusieurs années. C’est donc tout naturellement qu’il est de venu le mentor d’Amir, migrant qui a fui son Kurdistan natal ravagé par la guerre.
Mais l’équilibre de leur relation reposant sur la relation maître/élève va être bouleversée par un petit chien droit sorti d’un salon de toilettage… Attendrit par la bestiole qu’il surnomme Whisky, Théo le ramène chez eux… Mais Amir ne comprend pas qu’on puisse s’attacher à un chien lorsqu’on peine à trouver de quoi manger ! D’ailleurs, c’est bien simple, il déteste les chiens !
Leur relation va rapidement s’envenimer… Et lorsque Théo est envoyé à l’hosto par une bande de dealers, Amir va se retrouver à s’occuper de ce petit chien par ailleurs recherché par ses anciens propriétaires…
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Si on excepte son
Butch Cassidy, il est vrai co-scénarisé avec Brrémaud, Bruno Duhamel avait pris l’habitude de dessiner lui-même les scénarios qu’il écrivait… Surprise donc que de voir ce
Whisky mis en image par un autre que lui… Surprise, certes, mais lorsque le dessinateur en question n’est autre que David Ratte, l’envie de nous plonger dans cet album se fait plus insistante encore !
Plantons le décor : l’histoire se déroule en France, à notre époque. La caméra va suivre deux SdF qui ont chacun leur vie et leur histoire dont la relation va être chamboulée par l’arrivée d’un chien. Difficile de ne pas être impressionné par la qualité d’écriture de chacun des personnages, de leur caractère à leurs fêlures, de leurs propos jusqu’à leurs réactions face à l’adversité qui vient bouleverser un quotidien déjà tortueux. La relation de maître à élève s’avère particulièrement bien retranscrite, avec le ton bourru et moralisateur de celui qui sait, et l’autre qui accepte d’être considéré comme un élève incapable de se débrouiller seul. Chacun semblant y trouver son compte… Tout au moins jusqu’à ce que l’élément perturbateur ne vienne tout bousculer l’équilibre précaire de leur relation et tout remettre en question. L’un comme l’autre s’avèrent particulièrement attachants mais c’est bien ce qui les lie qui confère à l’histoire toute sa force et toute son ampleur.
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Plein d’ironie et de mordant, les dialogues sont savoureux et rythmés, contribuant à distiller cette petite musique parfois grinçante qui accompagne la lecture de l’album et cette histoire aux allures de fables contemporaine…
Le dessin semi-réaliste de David Ratte est comme de coutume formidablement expressif, retranscrivant avec justesse les émotions qui animent et remuent ces personnages qui vivent en mode survie chaque jour que Dieu fait. En arrière-plan, se détachant par leur éclat des couleurs un peu délavée et joliment travaillé d’Atomix et du dessinateur, le lecteur pourra découvrir des publicités dont le message est à mille lieux des préoccupations de ces précaires marginaux, comme s’ils ne faisaient pas partie de ce monde dans lequel ils vivent pourtant… A moins que ça ne soit l’humain en général qui ne parvient pas à se fondre dans le capitalisme et la société de consommation qu’on nous impose à grand renforts de spots et d’affiches publicitaires. On sent une réelle complicité entre les deux auteurs tant leur rencontre et leur collaboration apparait comme une évidence à la lecture de l’album… Particulièrement dynamique, la couverture capte bien l’esprit de l’histoire et donne à elle seule furieusement envie de la lire…
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Une fois n’est pas coutume mais Bruno Duhamel confie sa nouvelle histoire aux crayons alertes de David Ratte… Deux noms de la BD qui sont autant de raisons d’avoir furieusement envie de découvrir leur nouvelle création !
Le vieux Théo et vit dans la rue depuis trop longtemps. Il en connaît les codes et les usages et a pris sous son aile un jeune réfugié kurde du nom d’Amir… Chacun semble se satisfaire de cette relation tant il est vrai qu’on supporte mieux le fardeau du quotidien à deux que seul… mais l’arrivée impromptue d’un chien dans leur tandem va venir bouleverser leur relation, Amir détestant les canidés et Théo refusant de s’en débarrasser… Et lorsque Théo, déjà cabossé par la vie, est envoyé à l’hôpital suite à une agression, Amir se retrouve seul avec le chien…
Porté par des dialogues irrésistibles et un duo de personnages joliment écrits et délicieusement décalés et un dessin semi-réaliste particulièrement expressif, l’histoire iconoclaste de ces deux clochards s’avère tout à la fois drôle et tendre tout autant que tragique et grinçante. Alors que les couleurs distillent la grisaille du quotidien, des publicités introduisent un subtil décalage avec le quotidien d’Amir et Théo, accentuant leur marginalité. Bruno Duhamel et David Ratte nous livrent une de ces fables contemporaines pleine d’humanité dont ils ont le secret… Si vous êtes amateurs des albums de l’un ou l’autre des auteurs ou si vous appréciez les récits décalés dépeignant avec humour et finesse les travers de nos sociétés, Whisky est un album à ne pas manquer…
- Il est super mignon. On ne peut pas le laisser là. C’est dangereux.
- Pssshhh ! Allez ! Pssshhh ! Partir !
- ? Ben quoi, t’aimes pas les chiens ? Il a l’air gentil.
- On n’a pas assez pour nourrir. Il pas rester.
- Dis donc, je te signale que c’est grâce à moi qu’on a un poulet ! Toi, t’as juste rapporté ne baguette aussi appétissante qu’un boudin de porte. Alors soit gentil avec notre ami si tu ne veux pas que je lui file ta part. Un chien c’est utile. Ça monte la garde. Ça aboie sur les intrus. Et ça permet de ne pas être embarqué dans les foyers d’urgence.dialogue entre Théo et Amir