Ayant la charge de meunier, Jean mène une vie paisible en compagnie de sa femme et de sa fille. Homme bon et généreux, il est aimé de tous… Mais il s’attire les foudres de Rolant, Baron en titre depuis la mort de son père, en refusant d’augmenter les banalités…

Pour servir ses ambitions, Rolant n’hésite pas à contraindre ses cerfs à prendre les armes pour guerroyer avec un seigneur voisin dont il convoite les terres. Pour ne pas voir partir la jeunesse du village, Jean se porte volontaire… S’il en revient vivant, rien ne sera désormais plus comme avant : le village a été attaqué par des pillards venus du nord. Au moulin, il trouve sa femme et sa fille, mortes… Depuis lors, Jean, jadis vigoureux et jovial, est comme éteint et rien ne semble pouvoir lui redonner goût à la vie…

Mais lorsqu’il recueille chez lui un nourrisson, il semble sortir de sa torpeur. Il l’élève comme sa propre fille et retrouve goût au bonheur… Les années passent mais Rolant devient de plus en plus mesquin et cruel et son mariage avec la douce et bienveillante fille du conte n’y change rien… Lorsque ses ambitions démesurées menacent une fois de plus le village, Jean est cette fois bien décidé à ne pas le laisser faire…

Après les Mondes Perdus, dessinée par la talentueuses Isabelle Lemaux-Piedfert, Aucha nous propose un nouveau récit qui nous entraîne aux temps médiévaux dans un petit pillage en apparence paisible…

L’autrice prend le temps de poser le personnage principal, de dépeindre son caractère et sa vie douce et paisible avant que la guerre ne vienne s’inviter dans son quotidien, avec son lot de drames et de souffrances. Le découvrir à ce point brisé alors qu’il était si plein de vie et d’entrain n’en est que plus bouleversant. Mais chacun des protagonistes de l’histoire, du cruel Rolant à Pivoine en passant par la Baronne de Suzenne ou chacun des paysans du village, semble avoir fait l’objet d’un soin tout particulier… La qualité d’écriture des personnages est pour beaucoup au plaisir que l’on prend à découvrir ce récit plein de drames et de larmes mais qui s’avère aussi porteur d’espoir, le destinant au final à un large public, les scènes les plus violentes et les plus révoltantes étant subtilement suggérées plutôt que d’être montrée dans leur crudité… Le scénario met joliment en lumière cette période trouble qui vit, au cours du XIIIe siècle, de petits nobliaux de provinces remettre en question les liens de vassalité et se comporter en brigands pour accroître leur domaine ou leur fortune… Le Baron Rolant en est une parfaite illustration.

Difficile de ne pas être impressionné par le travail graphique de Maxime Belloche qui fait montre d’une impressionnante maîtrise alors qu’il signe avec le temps des pivoines son tout premier album. La couverture donne d’emblée un aperçu de son talent par sa composition comme par sa réalisation singulière. Son dessin faussement enfantin retranscrit avec force les émotions de chacun des personnages. Il met en scène le bonheur de Jean et de sa petite famille avec une désarmante facilité et son chagrin indicible avec une redoutable efficacité. A travers la réaction des villageois qui sont impuissants à l’aider, on comprend combien il est apprécié par tout un chacun, renforçant son aura et sa bienveillance passée. Son découpage s’avère particulièrement pertinent et ses couleurs accentuent l’émotions et les sentiments de façon on ne peut plus saisissante…

Aucha, scénariste des Mondes Perdus signe une nouvelle histoire qui nous entraîne au Moyen-Âge, au cœur d’un petit village en apparence paisible…

Meunier du village, Jean est un homme affable, bon et généreux aimé de tous. Lorsque son seigneur le Baron Rolant décide de partir en guerre, il se porte volontaire pour prendre les armes pour qu’un jeune n’aient pas à le faire… Mais lorsqu’il revient, sa femme et sa fille ont été tué par des pillards venus du nord. Jean n’est désormais plus que l’ombre de lui-même. Pourtant, lorsqu’il recueille un nourrisson qu’il va élever comme sa propre fille, il retrouve le goût du bonheur… Mais le temps qui passe ne rend pas Rolant plus sage et posé et il ne va pas tarder à revenir menacer la quiétude retrouvée du village…

La scénariste donne vie à des personnages particulièrement bien écrits qui confèrent toute sa force à l’histoire alors que le contexte évoque celui de ces âges sombre où, reniant leurs serments de vassalité, des seigneurs se firent brigands pour accroître leurs domaines ou leur trésorerie… Mais cet album est aussi l’occasion pour le dessinateur, Maxime Belloche, de faire une entrée remarquée dans le petit monde de la bande dessinée. Son dessin généreux et ses couleurs subtiles font naître l’émotion de façon saisissante, rendant le récit oscillant entre drame et espoir, particulièrement poignant et convaincant… Drame médiéval, le Temps des pivoines est un album très réussi à même de séduire un large public…

Tu aimes les pivoines ? C’était aussi les fleurs préférées de Margot. Je crois qu’elle aurait aimé t’appeler Pivoine, qu’est-ce que tu en penses. Pivoine te va comme un gant ! Je veillerai sur toi et la nourrice viendra tous les jours te voir. Tu ne manqueras de rien..Jean