Bastien est secrètement amoureux d’Iris. Alors que d’autres souhaitent poser le pied sur la Lune, d’autres se sont donnés pour mission de conquérir un cœur… Le garçon tient chaque jour un journal intime où il écrit les progrès de sa mission… Mais, un jour, jaloux de l’intérêt que porte Iris à Alphonse, il souhaite qu’il lui arrive quelque chose… Et le lendemain, à l’école, Alphonse est absent… Qu’a-t-il donc fait ?

Fort heureusement, quelques jours plus tard, il est de retour à l’école et Bastien se prépare à redevenir invisible aux yeux d’Iris… Pourtant, elle l’invite à les rejoindre : ils ont besoin de ses compétences de mathématiques pour construire une fusée à même de leur permettre d’explorer l’espace ! Avec le plus grand sérieux et ne laissant rien au hasard, les trois enfants vont s’atteler à leur tâche, bientôt rejoint par Jojo, la petite sœur d’Alphonse…

Mais Bastien surprend une conversation entre ses parents : Alphonse est gravement malade et le traitement ne semble pas marcher…

Il est des albums qu’on ouvre presque par hasard, attiré par une couverture pleine de vie rehaussé par des couleurs métallisées… Une page, puis deux… Et on est happé par l’histoire, par ces dessins faussement naïfs qui nous font aborder aux rivages de l’enfance et par ce narrateur qui consigne dans son journal intime les différentes étapes de la conquête d’Iris, la petite fille dont il est secrètement amoureux… C’est tout à la fois tendre et poétique, nous rappelant nos premiers émois amoureux et les choses stupides qu’on a pu faire pour se rapprocher de l’être aimé…

Et puis, par petite touche au départ anodine, le récit bascule, vers quelque chose de plus poignant, qui vous prend aux tripes et vous noue l’estomac… La maladie fait partie de la vie, mais lorsqu’elle touche un gamin qui commence juste à la découvrir, l’injustice criante fait picoter nos yeux… Et l’amour de Bastien pour Iris passe au second plan, pour laisser place à une amitié simple et touchante, une amitié qui fait qu’on n’est plus seul, qu’on peut partager les joies et les bonheurs à plusieurs, et tenter, envers et contre tous, de donner corps à ses rêves, même les plus fous… Bien sûr, ces gamins qui rêvent de voler en construisant une fusée de carton-pâte peut prêter à sourire mais leur pugnacité fait plaisir à voir et la tonalité de l’histoire, portée par les pensées de Bastien et des dialogues d’un rare douceur parviennent à capter et retranscrire l’insouciance de l’enfance… Et si on est touché par cette histoire, révolté de voir que la maladie risque de gagner et que cette petite vie à peine amorcée va sans doute bientôt s’éteindre, c’est aussi parce que cette histoire est enchâssée dans une autre qui parle du décollage d’un véritable engin spatial qui amorce et clôture le récit, nous rappelant que les lumières de toutes ces petites étoiles dont on a croisé la route sont de celles qui nous accompagnent, nous inspirent et nous portent toute notre vie durant…

Si le scénario touchant et poétique de Nicolas Bary et Nina Philipps nous a à ce point enthousiasmé, c’est qu’il est porté par le dessin généreux de et les merveilleuses couleurs d’Etienne Péran qui nous en mettent plein les mirettes. Le trait stylisé et singulier de l’auteur met en scène avec douceur, tendresse et sensibilité notre fine équipe de cosmonautes, rendant l’histoire plus poignante encore. Signée par Arnaud Prost, astronaute européen réserviste, la préface nous rappelle quant à elle combien il est important de poursuivre ses rêves, car là réside la beauté de la vie…

Bien que destiné à la jeunesse, Les Cosmonautes est une petite merveille d’album qui parlera aux grands ayant conservé leurs rêves et leurs âmes d’enfant et leur capacité d’émerveillement…

Bastien est amoureux d’Iris et raconte dans son journal intime les étapes de ses tentatives conquête… Mais elle ne semble avoir d’yeux que pour Alphonse… Jaloux, Bastien fait le souhait qu’il lui arrive quelque chose et le regrette dès le lendemain, Alphonse étant absent à l’école… Fort heureusement, il est de retour quelques jours plus tard et, alors que Bastien pensait redevenir invisible aux yeux d’Iris, elle lui demande de participer à leur projet de construction de fusée ! Peu après l’amorce de la construction de leur premier prototype, Bastien surprend une conversation entre ses parents : Alphonse est atteint d’une maladie rare…

Racontée à hauteur d’enfant, Bastien étant le narrateur de l’histoire, et porté par une structure narrative bougrement efficace, l’histoire nous raconte comment trois gamins vont tout mettre en œuvre pour réaliser leur impossible rêve… Le ton se fait plus grave lorsque la maladie s’insinue dans leur vie… Porté par un délicieux sens du rythme et du contrepoint, les dialogues de Nicolas Bary et Nina Philipps font mouche à chaque fois, faisant naître l’émotion de façon confondante… Il faut dire que les somptueux dessins de Etienne Péran, sublimés par sa mise en couleur merveilleuse, sont au diapason de ce récit qui nous rappelle qu’il faut croire en ses rêves et profiter de la lumière de ces belles étoiles que l’on rencontre et qui, toute notre vie durant, vont nous accompagner, nous porter et nous inspirer…

Récit bouleversant et poétique, Les Cosmonautes est un hymne à l’amitié et à la vie, tout à la fois beau et triste qu’apaisant et porteur d’un espoir revigorant.

On a encore perdu notre meilleur allié. Et je sens bien que je n’arrive plus à faire rire Iris. Même moi, j’ai du mal à rester concentré.Bastien