    A l’aube du second siècle de notre ère, quittant la Caledonia le Centurion Lucius Aemilius Karus fait route vers Rome pour y attendre son châtiment. Il avait capturé Leta, fille de Galam, chef des barbares et l’avait convaincue d’inciter son père à négocier la paix avec Rome. Mais Leta le trahit lui est ses hommes tombèrent dans une embuscade où l’armée de Galam, accompagnée de terrifiant géants, massacrèrent la IXe légion… Lucius fut le seul survivant…
Plaidant sa cause devant un comité civique, où il avait partisans et ennemis jurés, il fut finalement reçu par l’empereur Hadrien qui lui maintint sa confiance et le renvoya, dégradé, sur les terres maudites de Caledonia pour y ériger un gigantesque mur à même de contenir un temps ces terrifiants géants… Mais, hanté par le souvenir de Leta et son infâme trahison, et nourrissant des sentiments troubles à son égard, il n’aura de cesse que de la retrouver… Sans savoir qu’elle et lui allaient devenir la proie des barbares comme des romains et que leur seul refuge se trouverait sur l’île des Mangeurs d’Hommes…
Eric Corbeyran et Emmanuel Despujol poursuivent leur péplum fantastique qui nous entraînent sur les terres sauvages de Caledonia…
 Le récit s’articule en deux parties distinctes dont chacune complète le portrait du personnage central de l’histoire : le centurion Lucius Aemilius Karus, qui a vu les hommes de la IXe légion se faire massacrer sous ses yeux par d’improbables géants alliés de leurs ennemis… Dans la première partie, on voit Lucius marcher vers son destin. Il sait qu’il aura fort à faire pour convaincre le comité civique qu’il n’a pas trahit Rome au profit de Galam mais il a conscience que son récit est tellement improbable qu’il sait, malgré les preuves qu’il s’apprête à exhiber, que son sort ne tient qu’à un fil… D’autant qu’un des membres de la commission n’est autre que l’ancien consul que le père de Lucius a traîné devant les tribunaux et qui pourrait saisir l’occasion pour se venger de cet affront passé… Mais ces séquences sont aussi l’occasion de préciser le trouble que fait naître en lui le souvenir de Leta, de sa traitrise et de sa perfidie mais aussi et surtout de ses charmes qui sont loin de le laisser indifférents indifférent…
Dans la seconde partie, Lucius, désormais simple soldat, revient en Caledonia pour participer à l’édification du fameux mur d’Hadrien. Tout le monde ou presque le considère comme un traître, le fils de l’ancien consul attisant les haines et cherchant à le discréditer aux yeux du Légat Faustus qui tient encore l’ex-centurion en haute estime… Hanté par le souvenir de Leta, il n’aura de cesse que de la retrouver, sans savoir que son peuple se méfie autant d’elle que les romains de lui… La fin de l’album laisse augurer un savoureux basculement dans les mythes et les légendes… Avec ce récit annoncé comme une trilogie, le scénariste joue avec art avec les mystères entourant la disparition de la IXe Légion qui divise encore aujourd’hui les historiens qui ne s’accordent pas même sur le lieux de sa disparition ! Eric Corbeyran en propose une explication, teintée de fantastique, qui a le mérite d’expliquer pourquoi les historiens contemporains de l’histoire se sont bien gardés de mentionner les causes de sa disparition…
Basé sur une solide documentation historique, le trait élégant d’Emmanuel Despujol est comme de coutume d’une redoutable efficacité. Son dessin nous immerge avec force dans la Rome d’Hadrien comme dans les terres sauvages de Calenonia dont il souligne l’atmosphère inquiétante et mystérieuse. Ses compositions soignées et ses cadrages percutants mettant en avant les personnages et leurs ressentis nous offrent une lecture particulièrement fluide… La colorisation soignée de Juliette Despujol, fille du dessinateur, joue avec art avec la lumière pour renforcer l’atmosphère de chaque séquence…
 Eric Corbeyran et Emmanuel Despujol poursuivent leur trilogie antique, entre histoire et mythe…
Après le massacre de la IX Légion, Lucius Aemilius Karus doit se rendre à Rome pour y rendre des comptes. Auditionné par un comité civique où il compte autant d’alliés et d’ennemis, il aura fort à faire pour échapper au châtiment… Auditionné par l’Empereur qui lui conserve sa confiance malgré l’étrangeté des faits relatés, il repart pour la terre maudite de Calédonia pour construire un mur puissant à même de les défendre contre les géants… Mais Lucius est hanté par le souvenir de Leta, fille de Galam, chef des barbares, qui fut sa captive et qui l’a trahi…
Le scénario d’Eric Corbeyran apporte une explication fantastique à la mystérieuse disparition qui divise encore aujourd’hui les historiens. Divisé en deux parties distinctes, l’une se déroulant à Rome pour l’audition de Lucius à l’issue plus qu’incertaine et l’autre en Caledonia où Lucius, dégradé, va participer à l’édification du fameux Mur d’Hadrien. Les retrouvailles mouvementées du romain et de Leta feront basculer plus avant le récit dans le fantastique. S’appuyant sur une solide documentation historique, les compositions puissantes d’Emmanuel Despujol mettent en images le récit de façon bougrement convaincante… La dernière séquence laisse augurer une suite et fin des plus originales.
Je ne sais plus comment faire pour me débarrasser des pensées qui me hantent et me ramènent inlassablement à cette guerrière tatouée. Les souvenirs de sa trahison alimentent la haine que je ressens pour elle et attise mon désir de vengeance. Mais d’autres images alimentent un tout autre sentiment que je suis incapable de décrire.Lucius Aemilius Karus
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