Fiche descriptive
34€95
Chronique | ![]() ![]() |





La mémoire des aztèques
![]() ![]() ![]() Mexico, 1539. Voilà vingt ans déjà que Hernán Cortés a conquis Tenochtitlán. Le prêtre franciscain Bernardino de Sahagun déplore la destruction systématique de la culture autochtone par les conquistadors. Le prêtre se lance alors dans la rédaction d’un imposant codex afin d’y transcrire la mémoire aztèque, sa culture et sa religion.Le jeune indien Antonio Valeriano va croiser sa route. La vivacité de son esprit séduit le franciscain qui va l’instruire au sein du collège franciscain de Santa Cruz de Tlatelolco avec d’autres jeunes membres de la noblesse nahua qui allaient travailler avec lui à son ambitieux projet dont la rédaction prendra plus d’un demi-siècle. Ensemble, ils allaient recueillir, traduire et consigner par écrit les traditions et l’histoire du peuple aztèques… une enquête fascinante sur une culture décimée par la conquête espagnole porté par l’hallucinant travail de Jean Dytar Diplômé de l’institut d'études politiques de Bordeaux et spécialiste des dominations coloniales, l’historien Romain Bertrand associe sa plume à celle du talentueux Jean Dytar pour nous raconter la genèse du fameux Codex de Florence, véritable encyclopédie du monde aztèque, de sa culture, de son histoire et de ses croyances. Conservé à la Bibliothèque Laurentienne de Florence, ce codex en douze volumes est rédigé dans deux langues et enrichie par de somptueuses illustrations…![]() L’album intrigue tout d’abord par son format atypique et la somptueuse couverture, rehaussée d’or et dont l’illustration montre le jeune Antonio regardant l’Archange Saint-Michel et sans doute Huitzilopochtli, dieu guerrier protecteur des Aztèque se combattre dans le ciel. Jean Dytar, auteur de l’édifiant Florida, du fascinant #J’accuse ! ou des brillants et poétiques Illuminés (sur un scénario de Laurent-Frédéric Bollée), change une nouvelle fois de style pour servir au mieux le propos du livre. Pour mettre en image cette histoire qui raconte la rencontre entre deux cultures qui semblent n’avoir aucun point en commun, il use de deux techniques très différentes : les images concernant les espagnols sont dessinés à la manière des gravures sur bois de la Renaissance, avec des hachures qui viennent suggérer les ombres. Celles concernant les aztèques évoquent pour leur part l’art plumassier aztèque. On retrouve ainsi dans son dessin les codes graphiques de cette civilisation… Trait d’union entre ces deux cultures et ces deux formes d’art, le jeune et attachant Antonio Valeriano va s’émerveiller des connaissances apprise au sein du collège et, étant né après que les conquistadors aient conquis le pays, découvrir l’histoire de son peuple. Au fil des pages, le style des dessins d’inspirations aztèque se modifie subtilement, comme influencé par la culture européenne, les dernières planches étant une fusion de ces deux mondes… Le fond et la forme forment ainsi un tout aussi fascinant que cohérent, le dessin épousant l’évolution du personnage principal de l’histoire de façon confondante… ![]() Spécialiste des dominations coloniales, l’historien Romain Bertrand s’associe à l’inénarrable et éclectique Jean Dytar (Florida, #J’Accuse !, Les tableaux de l'ombre, Les Illuminés…) pour nous raconter les fascinantes coulisses de l’écriture du fameux Codex de Florence…Voici près de vingt ans que Tenochtitlán est tombé sous domination espagnole. Alors que la culture aztèque semble promise à disparaître, Bernardino de Sahagun s’est donné pour mission de recueillir, traduire et coucher par écrit l’histoire, les croyances et les usages des indiens autochtones. Pour se faire, il va s’appuyer sur de jeunes membres de la noblesse nahua qui vont être instruits au sein du Collège Santa Cruz de Tlatelolco. Le jeune et prometteur Antonio Valeriano compte parmi eux et sera l’un des artisans du codex, dévoilant des pans méconnus de l’histoire de son peuple, tout en découvrant émerveillé le christianisme et la culture européenne… Ecrit à quatre mains, l’histoire s’avère d’autant plus passionnante que le fond et la forme se rejoignent grâce au saisissant travail de Jean Dytar qui n’en finit plus de nous impressionner. Le parti prix graphiques est à la fois follement audacieux et particulièrement pertinent. Lorsque s’ouvre l’album, il amorce le récit avec deux styles qui vont coexister avant de se fondre peu à peu l’un dans l’autre : le premier évoquant les gravures sur bois de la Renaissance sera utilisé pour les faits et gestes des colons espagnols. Le second, inspiré de l’art plumassier aztèque, pour ceux des autochtones. Ce contraste saisissant lui permet de faire du jeune et attachant Antonio un trait d’union entre ces deux cultures si différentes et de donner une vision riche et nuancée de la rencontre, souvent violente, entre ces deux cultures. Présenté dans un format atypique, somptueusement édité, Les Sentiers d'Anahuac est un roman graphique historique tout aussi édifiant que passionnant. Assurément un des gros coups de cœur de cette rentrée littéraire qui montre le saisissant talent d’un dessinateur protéiforme et inspiré ! - Je t’ai déjà parlé du Collège de la Sainte-Croix ?
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Série & fiches liées
Liens
Bernardino de Sahagún [wikipedia]
Le Codex de Florence [wikipedia]
Galerie
Les Sentiers d'Anahuac, planche de l'album © Delcourt / Dytar / Bertrand
Les Sentiers d'Anahuac, planche de l'album © Delcourt / Dytar / Bertrand
Les Sentiers d'Anahuac, planche de l'album © Delcourt / Dytar / Bertrand