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Les règles du jeu
Urban



Fiche descriptive

Anticipation

Urban

Tome 1

Luc Brunschwig

Roberto Ricci

Roberto Ricci

Futuropolis

15 septembre 2011

Chroniques

Zacchary Buzz quitte sa famille de fermiers pour se rendre à Monplaisir, une immense cité dédiée aux loisirs, aux jeux, aux plaisirs… Avec pour modèle Overtime, le plus grand justicier de tous les temps, il rêve d’intégrer la meilleure police du monde : les Urban Interceptor.

Monplaisir est une société hyper contrôlée, dirigée par l’omniprésent Springy Fool. A grands renforts de caméras et d’écrans géants, toute la ville peut suivre en direct les moindres faits et gestes de ses habitants. Monplaisir est également sous le contrôle d’A.L.I.C.E., un système automatisé composé de robots nettoyeurs qui font la chasse aux voleurs, avec des méthodes plutôt musclées… Ce système permet aux policiers de s’occuper des vrais crimes, car derrière la fête et l’amusement, on retrouve les corps mutilés de plusieurs jeunes filles. Devenant trop gênant, l’enquêteur principal est lui même assassiné par Antiochus Ebrahimi. On met alors sur le coup le meilleur Urban Interceptor : Isham El Ghellab. Cette traque est mise en scène en direct sous forme de jeu télévisé, où les spectateurs peuvent parier sur la mise à mort d’un des deux protagonistes.

Zach, qui rêvait de justice, découvre que tout n’est que violence et cynisme et que le monde magique de Monplaisir est bien cruel…
un chef d'oeuvre!


un remake immersif
Urban est un projet ancien qui s'amorce d'un point de vue éditorial en 1999. A l'époque, je dévorais du cyberpunk et l'album avait été une grosse claque. Scénarisé par Luc Brunschwig, designé par Cagnat et dessinée par Raufflet, Les Rues de Monplaisir posait les bases d'un univers solide en esquissant une histoire qui s'annonçait des plus prometteuse. Hélas, pour moult raisons, le projet est passé aux oubliettes (lire à ce propos la série de quatre articles rédigés par le scénariste sur le site de Futuro et où il revient sur cet album maudit et sur la génèse de cette nouvelle série... passionnant!).

C'est dire si c'est fébrilement que j'ai entamé la lecture d'Urban, scénario remanié d'Urban Games... Première impression : une fulgurante claque en découvrant les planches de Roberto Ricci. Le travail réalisé sur l'architecture et les décors est tout simplement époustouflant. Les planches fourmillent de détails qui donnent à l'ensemble une réelle densité et apportent beaucoup à la crédibilité du récit. L'ambiance est plus sombre et oppressante que celle distillée dans Urban Games. La noirceur apparaît dès que l'on gratte un peu le strass et les paillettes de la cité des plaisirs, inscrivant graphiquement l'album dans la lignée de films dépeignant un univers sombres tel le Blade Runner de Ridley Scott. Graphiquement, c'est une tuerie qui à elle seule justifie la lecture de l'album. L'auteur s'est amusé à truffer ses planches de références à des héros de BD ou de ciné, offrant au lecteur averti un second niveau de lecture très ludique... Petites notes d'humour qui contrastent avec la noirceur du propos...

Côté scénario, Luc Brunschwig a profondément retravaillé son approche. Alors que la première version se voulait didactique et poser en un album l'ensemble du décor, il dépeint ici la cité dédiée aux loisirs par petites touches, à la manière impressionniste, à travers le regard de Zack, grand dadais fraîchement débarqué à Monplaisir. Son regard délicieusement naïf accentue de façon subtile les faux semblants et la noirceur qui se cache derrière les façades pleines de néons, conférant au récit un aspect immersif des plus appréciable.
L'univers d'anticipation est particulièrement bien construit, tragiquement crédible. Car le monde dépeint n'est pas si éloigné du nôtre. Alors que la société de l'image et du spectacle s'imposent, que les émissions de télé-réalité toutes aussi navrantes les unes que les autres envahissent nos écrans, que les villes se déshumanisent et que les rapports humains se délitent, il ne faut finalement que déplacer légèrement quelques curseurs vers la droite pour obtenir un avenir sinistrement proche de celui d'Urban... Alors qu'A.L.I.C.E., ordinateur omniscient scrute les actions des citoyens et s'occupe de leur « bien être », la justice est une mascarade télévisée qui fait le bonheur d'un peuple qui noie son triste quotidien dans des plaisirs immédiats et futiles. Opulence et misère se côtoient mais tout est fait pour gommer l'envers du décor, pour que les touristes venu pour échapper à leur morne vie n'y voient que du feu.

L'anticipation est un genre sous-exploité en BD car il demande une inventivité scénaristique, un regard aiguisé sur les dérives de notre société, des personnages denses et crédibles, un décorum riche et foisonnant et un dessinateur de haute volée capable de mettre en image de façon vraissemblable l'univers de l'auteur. Luc Brunschwig et Roberto Ricci signent avec Urban une série d'anticipation magistrale qui répond à tous ces critères sans aucune fausse note en posant les bases d'une intrigue captivante avec une rare efficacité... Du grand art!
Le Korrigan


un chef d'oeuvre!


Un album magnifique
Monplaisir, un monde fascinant et déroutant dédié aux loisirs, aux jeux et aux plaisirs. Zacchary Buzz quitte sa famille de fermiers pour rejoindre cette cité afin d’intégrer la meilleure police du monde : les Urban Interceptor. Dix ans après Urban Game, sa première tentative pour développer son univers d'anticipation, Luc Brunschwig a amélioré son histoire et livre ici une œuvre incroyablement riche et cohérente. Ce premier album d’introduction multiplie les détails et les pistes. Le lecteur découvre un monde où règnent le voyeurisme, le conditionnement des masses, l'exploitation des êtres et la télésurveillance. Le scénario de Brunschwig monte en puissance au fur et à mesure des pages. Côté graphique, le travail de Roberto Ricci est impressionnant de réalisme. Avec force de détails, le dessinateur Italien rend les architectures réalistes et la foule vivante. Les panoramas de la ville, les prises de vues et la mise en page très dynamique permettent au lecteur de s’immerger dans l’univers d’Urban. Les couleurs percutantes servent un scénario passionnant. Avec Urban, Luc Brunschwig et Roberto Ricci ont réussit à créer un univers sombre et décadent qui captive le lecteur du début à la fin. Un album à posséder d’urgence.

par François Duclermortier
1000 visages

un chef d'oeuvre!


Découverte d'une société déshumanisée
Normalement quand je découvre une BD, je la lis une première fois pour découvrir l'histoire, puis une deuxième fois durant laquelle je vais prendre le temps de détailler le dessin. Pour Urban, j'ai commencé par parcourir l'album pour m'imprégner du graphisme, de l'ambiance créée.C'est réellement beau. Le dessin est précis, fin, offrant une richesse de détail et de clins d'oeil au travers des costumes de la population. Tout semble avoir été pensé avec minutie tant les visages expressifs, les cadrages, le design de ce monde futuriste. La colorisation reflète complètement l'atmosphère de cet univers artificiel.

Et l'histoire? Ceux qui aiment suivre une trame centrale relativement bien définie seront sans doute déçus. L'album porte bien son titre "les règles du jeu". Il se "contente" pour le moment de nous faire découvrir Zach, le personnage central, et le fonctionnement de Monplaisir. Je dis "se contente" mais attention, d'expérience avec Luc Brunschwig, les éléments les plus anodins peuvent prendre de l'ampleur au fil des tomes suivants. En tout cas la découverte de ce monde est déjà un plaisir en soit grâce à la force et à la cohérence des thèmes abordés : le voyeurisme, le conditionnement des masses, l'exploitation (l'esclavage?) des êtres, la téléréalité, la misère derrière une façade clinquante, la télésurveillance (Big Brother). Tout dans ce monde n'est que lavage de cerveau, recherche commerciale (les tatouages publicitaires, brrr); même le système policier est organisé autour de ces concepts en cherchant à se débarrasser le plus rapidement possible des auteurs de menus larcins qui pourraient incommoder voire effrayer les clients pour mettre en valeur (et à l'écran) la recherche des grands criminels, transformant la traque en jeux du cirque (avec paris bien entendu).
Au sein de cet univers, Zach, le personnage central, pourrait paraître bien palot : il est naïf, simple (pas simplet), il a du mal à appréhender le fonctionnement de cette société et également les relations humaines. Il constitue au contraire un ilot de fraîcheur, de gentillesse, bref d'humanité au sein de ce monde qui en manque tant. Il sera très intéressant de voir comment il pourra (ou ne pourra pas) comprendre progressivement les rouages de cet univers somme toute sordide et à quel prix. En tout cas Luc Brunschwig nous donne encore une fois un personnage bien travaillé.

Au final, une série qui par la fascination qu'exerce le dessin, la qualité de la narration et la cohérence de l'univers s'amorce avec un 1er tome de très haute volée.
mome



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Inspiration jeux de rôle

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Cyberpunk est le premier jeu de rôles à exploiter le thème littéraire du même nom. Il est donc fortement inspiré des romans de William Gibson, Walter Jon Williams, Bruce Sterling, Allec Effinger, Pat Cadigan, etc. L'expression cyberpunk vient du mot cybernétique, la science de la communication entre l'homme et la machine, et du mot punk : mouvement musical et social du début des années 80 ayant lancé le slogan "no future". Le mélange des deux nous plonge dans un futur proche et sombre, où la technologie est omniprésente tandis que la décomposition sociale atteint son paroxysme. ..