Les Dossiers de la Cellule Prométhée se propose d’ouvrir un dossier portant sur une ténébreuse affaire s’étant déroulé durant l’entre deux guerre. Quand une affaire se situe à la lisière du crime et du fantastique, on fait appel à ce groupe d’enquêteurs de l’étrange.

La Cellule Prométhée, un temps dissoute, reprend du service pour s’intéresser à l’étrange cas d’un héros de la Grande Guerre qui a basculé dans la folie furieuse en dévorant son fils et son épouse. Ses trois membres sont composés des deux seuls rescapés de l’ancienne cellule et d’un prêtre fraîchement débarqué du Congo qui devait choisir entre diriger cette cellule ou être excommunié.

Si l’affaire, nième variation sur la thématique des drogue de combat testées in situ dans les tranchées (remplacé es ici par un sanglant rituel), s’avère des plus classique, son traitement iconoclaste et ses personnages truculents s’avèrent particulièrement captivants, de même que l’aspect graphique de l’intrigue, très « nouvelle vague » du neuvième art. Le trait « indé » de James adoucit la rugosité du récit dont certaines scènes pourraient sembler insoutenables. Ses personnages zoomorphes s’avèrent très expressifs, avec une mention spéciale aux rescapés de l’Escouade 126 aux apparences particulièrement inquiétantes et bien pensées.

Les auteurs jouent les équilibristes entre plusieurs genres pour insuffler à la série un souffle unique qui lui confère tout son sel. Car le récit est un subtil dosage d’histoire, d’humour et d’horreur, étendant ses ramifications dans le champ politique, oscillant entre le fantastique et l’historique. Par son esprit décalé et l’intrusion du fantastique dans le quotidien, les Dossiers de la Cellule Prométhée se rapproche de l’esprit des aventures de celui des Adèle Blansec de l’inénarrable Tardi.

Comme à son habitude, Patrice Larcenet semble avoir pris un réel plaisir à concocter des dialogues incisifs très second degré mais son univers se fait plus sombre et moins poétique qu’à l’accoutumée puisqu’il n’hésite pas à immerger le lecteur dans la folie furieuse de l’Escouade 126 à travers de planches très inspirées qui permettent à James de laisser libre cours à sa créativité débordante.

Ce premier opus des Dossiers de la Cellule Prométhée posent les bases d’une série récréative, pleine de créativité, de malice et d’inventivité particulièrement convaincante.