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P.I.
P.I.



Fiche descriptive

Grand Jeux

Treefrog

Martin Wallace

Steve Noon

2 à 5

60 mn

décembre 2012

Chronique

Enquêtez dans l’Amérique des années 50 !

Prouvez vos talents de détective en trois manches. À chaque manche, tentez de résoudre une affaire détenue par votre voisin de droite en découvrant le suspect, le crime et l’endroit où le suspect se cache.


Matériel

1 plateau de jeu
1 règle en français
36 cartes Preuve
12 cartes Suspect
10 cartes Crime
14 cartes Lieu
14 tuiles Crime
14 tuiles Suspect
3 disques noirs
1 marqueur de premier joueur.
5 pions Détective Privé, 3 disques, 1 pion malus, 3 pions de score par joueur.


Déroulement

Pour résoudre vos affaires, vous pouvez placer des Détectives sur différents Lieux du plateau (Trocadero, Little Italy, etc.) contenant chacun une tuile Crime et une tuile Suspect.

Si le Lieu, le Crime ou le Suspect sur lesquels votre Détective se trouve correspond à l’affaire à résoudre, votre voisin vous dit de poser un disque sur la case. Vous tenez un indice !

Vous pourrez également prendre des cartes « Preuve » Lieux, Suspects ou Crimes disposées face visible. Si la carte Preuve choisie est bonne, posez un disque sur le plateau.

Plus vous serez rapides à résoudre une affaire, plus vous marquerez de points !
un chef d'oeuvre!


Wallace on the rock
Loin du glamour d’Hollywood, maris trompés et femmes infidèles sont le fonds de commerce des privés. A voir son air de chien battu, mon futur client souffrait le martyr. Il soupçonnait sa femme d’avoir une liaison avec son associé. Sa calvitie avancée et sa bedaine proéminente lui conférant le charisme du chien de George O’Brien dans « Trois sublimes canailles », il n’était pas complétement aberrant que sa trop jeune épouse, ses courbes troublantes et son affolante chute de reins, aient pris un amant, pour passer le temps. Et il faut croire qu’en plus d’avoir largement dépassé la date limite de consommation, Anthony Cluedo avait la vue qui baissait. Même un adolescent pré pubère analphabète aurait vu l’étrange ressemblance entre Anthony Cluedo Jr et Marco Masterind, leur chauffeur. Après une semaine d’enquête et de filatures, je rassurai néanmoins mon client sur la fidélité de son épouse, empochant un chèque gros et gras qui allait rejoindre celui que m’avait fait madame Marilyn Cluedo pour que je détourne pudiquement les yeux de ses ébats échevelés… Affaire classée…

L’affaire du fils caché

P.I. (pour Private Investigator) est un jeu de déduction prenant et captivant, fruit du croisement audacieux entre le Cluedo et le Mastermind. Au Cluedo, il emprunte l’idée des trois composantes du crime (ici le coupable, le crime et sa planque) que le joueur devra élucider. Au Mastermind, le mécanisme d’indices sur lesquels reposera le raisonnement des joueurs. Mais, contrairement au Cluedo, les joueurs ne luttent pas pour résoudre l’enquête avant les autres! Chacun travaille sur sa propre affaire, grâce à un mécanisme simple et élégant : les composantes de l’enquête de chaque joueur sont connues du joueur situé à sa droite… Et, contrairement au Mastermind, le nombre de joueur n’est pas limité à deux!

Le meilleur privé de la ville

Avant de démarrer une manche, les tuiles suspects et crimes sont réparties aléatoirement dans chacun des lieux qui composent le plateau. Ensuite, neuf cartes Preuve (représentants des lieux, des personnages ou des crimes) sont piochées et retournées à côté du plateau.

A son tour de jeu, un joueur a le choix entre trois actions :
1Placer son détective:Il place l’un de ses pions détectives sur le lieu de son choix. Le joueur de droite (celui qui possède les cartes de son affaire en cours) place sur son pion détective un disque pour chaque carte possédée représentée sur le lieu et un cube pour chaque carte représentée sur un lieu adjacent.
2Choisir une carte preuve:Lorsqu’un joueur choisit une carte preuve, son voisin de droite lui indique si elle correspond à l’une des carte de son affaire en plaçant un disque sur la tuile associée, ou un cube, si la carte affaire est adjacente.
3Résoudre une affaire :Lorsqu’il pense avoir toutes les cartes en mains, un joueur peut tenter de résoudre son affaire. Il place alors les trois disques noirs sur le suspect, le lieu où il se planque et le crime qu’il a commis. Si le joueur de droite valide ses réponses, il marque alors des points (7 s’il est le premier à résoudre son affaire puis 5, 3,1 et 0). S’il s’est trompé sur un ou plusieurs éléments (sans savoir lesquels!), il déplace son jeton malus d’un cran vers la droite. A noter que si deux joueurs ou plus résolvent leurs affaires dans le même tour, on considère qu’elles ont été résolues en même temps pour l’attribution des points. A la fin de la manche, les pions « Détectives » utilisés sont défaussés…
La partie s’achève au bout de trois manches. Le joueur totalisant le plus de points remporte la partie.


Affaire classée

La mécanique de ce redoutable jeu de déduction est à la fois simple et élégante. Servi par des illustrations de haute tenue signées du talentueux illustrateur britannique Steve Noon, la thématique et les illustrations du jeu immergent les joueurs dans une délicieuse ambiance de polar hardboiled. Impers et feutres mous, véritables crapules, femmes fatales et trafics en tous genre sont au menu de ce petit bijou de Martin Wallace qui, étrangement, ne ressemble pas à du Wallace… Cet auteur impressionnant est surtout connu pour ses formidables jeux de gestions que la richesse et la complexité destinent aux joueurs confirmés, avec des mécaniques superbement huilées au service d’une thématique toujours forte… Une sorte de synthèse entre le jeu « à l’allemande » et le jeu « à l’américaine ». Pourtant, si P.I. n’atteint pas la complexité d’un Age of Steam, une fois encore, l’auteur britannique ne s’est pas contenté de plaquer un thème sur une mécanique tirée au cordeau! Les règles et la thématique du jeu sont en parfaite osmose alors que le design soigné de l’ensemble aide l’immersion.
Le plateau de jeu représente un tableau sur lequel les enquêteurs auraient punaisé des fragments d’enquêtes afin d’essayer d’y relier les différents éléments. Chaque lieu est fort joliment illustré, faisant de la ville un personnage à part entière, comme dans tout polar qui se respecte. Les personnages semblent tout droit sortis d’un film noir, évoquant immanquablement les figures archétypales du polar. Mais si ce foisonnement graphique aide à s’immerger dans l’ambiance du jeu, force est de reconnaître que les informations contenues dans le plateau se font moins lisible lorsque croît le nombre de joueurs.

Les règles sont aérées, bien écrites mais mal traduites. Limpides dans la langue de Shakespeare, certains passages (celui qui concerne la seconde option de jeu notamment) s’avèrent obscurs et seraient tout simplement incompréhensibles sans les exemples qui accompagnent le texte et qui permettent de lever toutes ambiguïtés.

Si les premiers tours de la première manche peuvent laisser quelque peu dubitatifs quant à la façon de mener son enquête, les pièces du puzzle commencent peu à peu à s’imbriquer au fur et à mesure qu’apparaissent toutes les subtilités induites par la règle. Car vos actions ne sont pas seules à vous donner des éléments. La façon dont le joueur situé à votre droite mène son enquête peut aussi vous donner de précieuses informations sur les cartes qu’il possède en main… Si le facteur chance est indiscutablement présent, il s’équilibre très bien au fil des trois manches et s’estompe derrière la façon dont les joueurs vont gérer leurs pions « Détective Privé », exploiter les informations récoltées et utiliser à bon escient les cartes Preuves. Mais peu à peu, le jeu se fait plus vicelard encore lorsqu’on se rend compte qu’on peut entraver les enquêtes des autres joueurs en utilisant les cartes Preuve qui lui apporteraient trop d’éléments…

P.I. est une petite merveille qui ravira les amateurs de jeux de déduction riches et subtils. Sa thématique forte, très bien rendue par des illustrations de haute tenue, instaure une ambiance savoureuse évoquant l’âge d’or du film de gangster. La modularité du plateau (les tuiles crimes et personnages étant distribuées aléatoirement, de même que les tuiles « no crime » ou « no suspect») assure des parties variées et une grande rejouabilité. Et si les règles pouvaient laisser présager un « simple » jeu de déduction, on se rend rapidement compte qu’il n’en est rien et que ce bougre de Martin Wallace a donné naissance à un jeu qui devrait faire référence dans le genre… C’est du Wallace light, mais ça reste du Wallace… Bref, que du bonheur…


On aime...

le thème fort et bien rendu
une mécanique simple et élégante
un pur jeu de déduction
aussi intéressant à 2 qu’à 5

On n'aime pas...

la traduction qui manque parfois de précision
la lisibilité du plateau à plus de trois joueurs
Le Korrigan




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Inspiration jeux de rôle

Cette fiche n' est référencée comme inspi pour aucun jeux de rôle.