Six Gun Gorilla est un savoureux mélange entre western et SF concocté par un scénariste confirmé et un dessinateur qui signe un épatant premier album.

L’action se déroule au XXIIIe siècle, dans un monde hostile colonisée par les humains et déchiré par une guerre sanglante. Des hommes et femmes candidats au suicide sont envoyés comme chair à canon sur les champs de batail où l’armée affronte des rebelles… Spectacle oblige, des caméras leur ont été greffée afin que les spectateurs avides de sensations ne rate rien de leur mort…
Bleu-3425, ancien bibliothécaire ravagé par une peine de cœur, est l’un d’entre eux. Obsédé par l’idée de mourir dignement sur le champ de bataille, sa rencontre avec un gorille solitaire as de la gâchette va contrarier son macabre dessein et retarder son trépas alors que le général Lancox agonisant lui confie sa montre pour qu’il la remette à son épouse…
Bleu-3425 et l’étrange Gorille vont traverser les plaines sauvages à la rencontre de leur destin…

La couverture de l’album, superbe et incroyablement dynamique, attire d’emblée le regard, conférant au lecteur amateur de western l’irrésistible envie de se plonger dans la lecture… Et le fait est que Simon Spurrier sait y faire pour captiver le lecteur en esquissant les contours d’un univers inquiétant et captivant porté par des personnages détonants sortant des sentiers battus et poussiéreux…

En fait de western, le scénariste nous propose un improbable cocktail mêlant allégrement pistoleros, récit de guerre et SF de façon particulièrement convaincante. Le graphisme acéré du jeune Jeff Stokely immerge avec délice le lecteur dans cet univers aussi décalé qu’original, intrigant et inventif…
Mais ce qui captive d’avantage encore, ce sont les révélations qui viennent émailler le récit, conférant à l’histoire une tout autre dimension. Comme tout bon récit de SF, les auteurs mettent le doigt là où notre société a mal en dénonçant la société du spectacle débridé et ces téléspectateurs décérébrés qui ne semblent vivre que pour suivre les aventures brèves et violentes des bleus désespérés et suicidaires débarquant en zone de guerre pour y mourir plus ou moins salement…

Difficile de faire le pitch de l’album sans spoiler et gâcher le plaisir de la lecture de ce récit original, dynamique et inventif joliment mis en image par un dessinateur des plus prometteurs. La structure narrative de l’album rehaussé d’un humour sombre et cynique ménage un suspens savoureux et accroche le lecteur pour ne plus le lâcher qu’à la dernière page… Six Gun Gorilla est un album inventif et percutant qui ravira les amateurs d’univers baroques et d’histoires bien troussées, plus subtiles qu’il n’y parait…