Mon père était boxeur est un roman graphique bouleversant écrit à six mains par Barbara Pellerin, Kriss et Vincent Bailly, l’histoire d’une rencontre, trop tardive, entre un père et sa fille…

Lorsqu’il lui avoue sortir d’un séjour en hôpital psychiatrique, Barbara comprend que son père qu’elle n’a pas vu depuis deux ans désire la voir. Armé d’une caméra, elle le retrouve dans la salle où il officie comme entraîneur… Sous prétexte de réaliser un documentaire sur la boxe, elle trouver l’occasion de se confronter directement à son père et non au souvenir, un brin effrayant qu’elle gardait de lui…

Avec une pudeur désarmante, les auteurs nous entraînent dans l’intimité d’un père et de sa fille qui ressemble à s’y méprendre à un match de boxe, avec rounds d’observation, esquives, évitements, uppercuts et crochets.

La jeune fille fait remonter des souvenirs diffus de son enfance et esquisse par petites touches le portrait d’un homme cabossé, meurtri par ses finales perdues et que le métier de démarcheur tenait à l’écart de sa famille. Un homme qu’une trop grande pudeur a empêché de montrer son attachement à ses proches et à sa fille, un homme débordant d’amour mais aussi de jalousie et de violence…

Avec finesse, Vincent Bailly met en image ce récit intimiste. Tout en retenue, son trait spontané aborde ce récit avec le tact et subtilité nécessaire pour pénétrer dans l’intimité d’un homme tout en contraste et d’une jeune femme désireuse de confronter son père aux souvenirs qu’elle ne a.

L’album est complété par un DVD contenant un reportage vidéo que Barbara Pellerin consacre à la boxe… ou plutôt à son père…

Album et DVD se répondent et s’enrichissent mutuellement pour raconter l’histoire de deux êtres qui s’aiment sans être vraiment parvenu à se le dire, sans s’être jamais vraiment rencontré… L’histoire d’une esquive, de renoncements et de non-dits, de blessures anciennes encore béantes… Le portrait d’une petite fille et celui, en clair-obscur d’un père aimant mais maladroit, parfois violent lorsque l’alcool et la jalousie s’invitaient au bal…

Mon père était boxeur fait partie de ces albums touchants, voir bouleversants… De ceux qui vous remue les entrailles et vous laisse parfois sonné dans les cordes, posant en filigrane la question de la filiation en général et du rapport parfois difficile entre un père et son enfant en particulier…