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Ar-Men - l'enfer des enfers
Ar-Men - l'enfer des enfers



Fiche descriptive

Roman Graphique

Emmanuel Lepage

Emmanuel Lepage

Emmanuel Lepage

Futuropolis

16 Novembre 2017


21€

9782754823364

Chronique

Il est le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne, c'est-à-dire du monde. On le surnomme « l'Enfer des enfers ». Germain en est l'un des gardiens.

Il y a trouvé sa place exacte, emportant avec lui sa solitude et ses blessures. La porte du phare cède sous les coups de butoir de la mer en furie, et l'eau vient griffer le crépi de l'escalier. Sous le crépi, médusé, Germain découvre des mots, des phrases, une histoire. Un trésor. Le récit de Moïzez. Fortune de mer trouvée parmi les débris d'un bateau fracassé, Moïzez grandit à l'écart des autres sur l'île de Sein.

Merlin, natif de l'île, est son compagnon d'aventure, Ys la magnifique son royaume perdu. Sur la Chaussée de Sein glisse le Bag Noz, le bateau fantôme, piloté par l'Ankou, le valet de la mort, et Moïzez est aux premières loges. Plus tard il participera à la folle entreprise de la construction d'Ar-Men, quatorze ans durant, de 1867 à 1881.

Fébrilement, Germain note tout sur un carnet. Après le travail quotidien, une fois répété les gestes précis et nécessaires à l'entretien du phare et de son feu, Germain raconte encore et encore. Blottie au fond de la salle de veille, une silhouette est tout ouïe...
un chef d'oeuvre!


Vie et mort d’une sentinelle des mer…
Ar-Menz, planche de l'album © Futuropolis / LepageChaque nouvel album d’Emmanuel Lepage est une invitation au voyage et cet Ar-Men, l’Enfer des Enfers ne fait pas exception à la règle…

Germain est l’un des gardiens de l’Ar-Men, un phare surnommé l’Enfer des Enfers… Cet homme meurtri a trouvé sa place exacte sur ce menhir dressé sur la mer qui semble défier l’océan… Là, s’abandonnant à sa solitude, il peut vivre entouré de ses fantômes…

Un jour, une tempête particulièrement violente fait voler en éclat la porte du phare et l’eau vient lacérer le crépi des murs du vénérable édifice, révélant des fragments d’un passé oublié, des bribes de la vie de Moïzez qui fut un jour retrouvé sur la grève parmi les débris d’un bateau qui s’était fracassé sur les récifs une nuit de tempête… Rejeté par les autres, il fut un enfant solitaire avant de participer à la folle aventure de la construction d’Ar-Men qui dura quatorze longues années avant d’en devenir l’un des gardiens…


Ar-Menz, planche de l'album © Futuropolis / LepageIl suffit de se plonger dans la contemplation des sublimes planches de l’album pour comprendre à quel point Emmanuel Lepage est un artiste hors norme… Ses visuels sont tout juste sublimes et nous entraînent avec une facilité désarmante dans les entrailles du mythique Ar-Mer, dépeignant avec une force évocatrice peu commune tant l’océan, ses beautés indéniables et ses dangers insondables que le quotidien des gardiens du phare dont chaque relève est une aventure en soit… De confidences en confidences, de coups du sort en souvenirs, Emmanuel Lepage tisse un récit poignant et profondément humain, rendant un hommage appuyé à ces hommes, marins immobiles et solitaires…

Des hommes au purgatoire…
Son trait et ses couleurs sont à ce point magnifiques et immersives qu’Emmanuel Lepage nous fait entendre les bruits des vagues qui se fracassent sur les récifs ou font vibrer cette frêle construction, l’humidité qui suinte des murs, la peur qui saisit les gardiens les soirs de tempête et cette solitude qu’ils peuplent de leurs fantômes et de mondes imaginaires et féériques… Dans un superbe récit enchâssé dans celui de l’album, l’auteur met en scène la fin légendaire de la ville d’Ys dans un style inspiré de l’art nouveau évoquant des œuvres telles celles d’Edwar Okun ou de Léo Schnung.

A travers le destin de deux hommes, Germain et Moïzez, l’auteur nous esquisse l’incroyable histoire de cette sentinelle des mers… Il revient sur l’accueil plutôt froid réservé par les habitants de l’île de Sein à l’annonce du projet: bâtir un phare sur Ar-Menz, planche de l'album © Futuropolis / Lepagel’Ar-Men, c’était les priver de la fortune des mers qui recrachait les reliques des navires venant se fracasser sur la « chaussée »… Et que penser de cet incroyable chantier que de bâtir un phare sur ce rocher où il était quasi impossible d’accoster… Comment ne pas s’étonner du peu de victime occasionné par cette construction titanesque?

Au fil de l’album, l’auteur dépeint avec force détails le quotidien de ces hommes, rythmé par des tâches répétitives, nous offrant un huis clos iconoclaste qui s’ouvre sur l’immensité de l’océan

Emmanuel Lepage signe un album somptueux qui nous raconte l’histoire de l’Ar-Men, l’un des phares les plus breton les mythique… A travers le destin de deux de ses gardiens, dont le quotidien est décrit de façon saisissante, l’auteur entraîne le lecteur aux premières années de sa construction et poursuit son récit jusqu’à l’automatisation de cette sentinelle des mers dont les murs furent les témoins de bien des histoires.

Mêlant petite et grande histoire, légendes et vie quotidienne, Ar-Men - l'Enfer des Enfers est un album sublime et poignant qui tente de cerner les raisons qui ont pu pousser ses hommes à choisir une vie quasi monacale, à vivre coupés du siècle pour devenir les gardiens du feu et guider les navires au cœur de la nuit et des tempête…


Le marin rêve face à la mer. Le Gardien de phare face à la terre.Germain

Ar-Menz, planche de l'album © Futuropolis / Lepage
Le Korrigan




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