Né il y a plus d’un siècle sous la plume d’Arthur Conan Doyle dans
une Etude en Rouge, Sherlock Holmes n’en finit plus d’inspirer scénaristes, cinéastes et romanciers qui le revisitent sans vergogne… C’est au tour des prolifiques de Jean-Pierre Pécau et de Fred Duval de s’emparer du personnage pour l’immerger le Londres victorien mâtiné de stampunk…
Londres, 1899. Un homme nerveux et difforme s’engouffre dans une fumerie d’opium dont il est visiblement un habitué… Son comportement inquiétant pousse le tenancier à faire venir la police dans son établissement… L’homme est abattu de sept balles dans le corps… Alors que sa survie défie l’entendement, il parvient à s’échapper du London Hôpital quelques heures à peine après son admission…
Pendant ce temps, au Club Diogène, Sherlock Holmes parvient à mettre en échec un automate joueur de cartes…
Les deux affaires sont bien évidemment liées et si le célèbre détective s’intéresse de près à ses étranges événements, c’est qu’il soupçonne Moriarty, le Napoléon du crime, d’en être l’instigateur…
Jean-Pierre Pécau et de Fred Duval amorce un diptyque jubilatoire et prometteur qui mélange les genres et les personnages fictifs et réels pour esquisser les contours d’un univers enthousiasmant et jubilatoire…
Les deux scénaristes chevronnés ont choisi de faire se dérouler leur récit dans une Londres uchronique d’inspiration steampunk, apportant à leur récit une délicieuse note rétrofuturiste… Si on retrouve bien évidemment des personnages créés par Conan Doyle, tels Mycroft Holmes, Watson ou Moriarty dont l’ombre plane sur le récit, on y croise aussi un certain Winston Churchill… Mais, surtout, les scénaristes invitent en guest-star un autre personnage emblématique de la littérature du XIXe siècle, à savoir le Docteur Jekyll et son double maléfique, le sinistre Mister Hyde, créé par Robert Louis Stevenson en 1886… Et le fait est que le mélange s’avère particulièrement convaincant d’autant qu’il semble très cohérent que la nature de ses recherches puisse intéresser quelques esprits criminels torturés…
Stevan Subic signe un album graphiquement des plus intéressants. Porté par un découpage soigné et des cadrages dynamiques, son trait est joliment mis en valeur par un encrage élégant et une mise en couleur remarquable signée Scarlett Smulkowski qui parvient avec maestria à distiller une atmosphère inquiétante emplie de mystères…
Après Wonderball, excellent polar hardboiled, Jean-Pierre Pécau retrouve Fred Duval pour nous entraîner dans une Londres victorienne rétrofuturiste d’inspiration steampunk…
Porté par le dessin élégant du dessinateur serbe Stevan Subic, les scénaristes s’emparent des personnages de Sherlock Holmes et de Mister Hyde pour tisser un récit fidèle à l’esprit des romans dont ils sont tirés tout en s’affranchissant salutairement du carcan que pourrait représenter deux personnages aussi emblématiques que ces deux figures de la littérature du XIXe siècle…
Mais ne vous trompez pas: le véritable héros de cette série n’est ni Holmes ni la créature qu’est devenu le docteur Jekyll… Mais bel et bien Moriarty qui n’a pas été englouti dans la Chutes de Reichenbach et revient de son Grand Hiatus plus dangereux que jamais!
Un récit en deux tomes dont il nous tarde de lire la suite…
- Holmes, ce mystérieux investisseur que vous soupçonnais d’avoir créé l’automate a-t-il un lien avec celui qu vous avez traqué durant toutes ces années où je vous ai cru mort?
- Bien entendu, Watson, autrement cette affaire ne présenterait aucun intérrêt.dialogue entre Watson et Holmes