Dans ce nouveau jeu de Days of Wonder, les joueurs incarnent des pionniers désireux de s’établir sur les terres fertiles d’un nouveau monde plein de promesses…
Règles et matériel
Days of Wonder fait parti de ces éditeurs qui privilégient la qualité à la quantité, tant et si bien que nous attendons toujours avec impatience leurs nouvelles publications…
Difficile de ne pas tomber sous le charme des superbes illustrations d’Andrew Bosley qui rendent le matériel plus attractif encore… Comme de coutume, l’éditeur a peaufiné son jeu dans les moindres détails : une iconographie intuitive, des plateaux colorés et néanmoins lisibles, de sympathiques meeples, des tuiles de qualité et des jetons ressources tout juste parfaits (avec mention spéciale pour les dindons)… Ajoutons à cela un thermoformage aux petits oignons et vous obtenez un jeu qui donne d’emblée envie de partir à l’aventure !
La règle (8 pages à peine) est de celle qu’on lit avec plaisir tant elle s’avère claire et bien écrite… Une lecture suffit d’ailleurs pour être à même d’expliquer les règles tant les différents rouages du jeu s’imbriquent parfaitement les uns dans les autres pour former un tout fluide et cohérent…
Contenu de la boîte : 1 plateau principal réversible, 65 tuiles Terrain (de 5 types différents), 20 jetons bonus, 1 meeple bateau premier joueur, 44 ressources en bois (bois, argile, pierre et nourriture), 33 cartes bâtiments (où figurent le coût et les points de victoire) et, pour chacun des 4 joueurs, un set comprenant : plateau individuel réversible, 1 bateau et 5 pionniers.
Déroulement d’une partie
Mise en place
Malgré un matériel foisonnant, la mise en place du jeu est à la fois rapide et fluide. La double page détaillant le setting du jeu s’avère d’autant plus claire que figurent sur le plateau principal de nombreuses indications permettant de bien positionner tous les éléments du jeu…
Déroulement
A son tour de jeu, le joueur doit poser l’un de ses pionniers sur une des 7 îles du plateau principal (le nombre de places est parfois limité) pour effectuer l’action associée.
Il pourra ainsi :
Revendiquer une tuile Terrain et la placer sur son plateau en remontant la rivière
Produire des ressources en engrangeant autant de jetons que de zone de production de la ressources désirées figurant sur son plateau. Chaque ressource devra être stockée dans une grange sous peine d’être perdue !
Réserver un bâtiment et le placer la carte face cachée devant soi
Construire un bâtiment en s’acquittant de son coût et en prenant le jeton bonus de plus forte valeur encore disponible. A noter que les Bâtiments réservés voient leur coût baisser d’une ressource.
Prendre le pion Premier Joueur
Permuter deux tuiles terrain précédemment posées sur son plateau de jeu
Fin de partie
La partie s’achève dans la manche où un joueur place son douzième terrain ou pose son cinquième jeton bonus.
On procède alors à un décompte : chaque lot de 3 ressources rapporte 3 points et chaque colonne contenant 2 ou 3 terrains de même type consécutifs rapporte respectivement 2 et 6 points. S’ajoute ensuite les éventuels bonus accordés par les tuiles Prairie.
Le joueur totalisant le plus de points remporte comme il se doit la partie !
l’Avis de la Rédaction
Days of Wonder signe une fois de plus un jeu familial tout juste parfait dont les règles simples et fluides révèlent un jeu subtil et profond…
A la lecture des règles, rien de bien nouveau sous le soleil : un mécanisme de pose d’ouvriers ouvrant lieu à une action; des collectes de ressources permettant de construire de nouveaux bâtiments et d’engranger des points de victoire et un système de contrat permettant de se les réserver… Pourtant, les différents rouages s’imbriquent parfaitement et de petites subtilités font souffler sur l’ensemble un vent délicieusement rafraîchissant…
Tout d’abord la façon dont sont générées les ressources s’avère diaboliquement efficace : en plaçant un pionnier sur une île, le joueur produit autant de ressources que le nombre de fois où elle est représentée sur son plateau individuel… L’acquisition des tuiles terrains influera donc directement la production de tel ou tel type de ressources, d’autant que les nouveaux terrains vont venir masquer certaines icônes imprimées sur le plateau ! Et ce petit bonus au premier arrivant sur une île accentue subtilement l’aspect éminemment cornélien des choix offerts aux joueurs…
De plus, il faudra songer à stocker ces ressources en prenant soin de bien gérer le nombre de granges disponible, qui fluctue au grès de l’acquisitions de nouveaux terrains, obligeant les joueurs à planifier un tant soit peu leur colonie sous peine de devoir rejeter moult ressources à la rivière !
Dans le même ordre d’idée, l’équipage de son bateau fluctue au grès de l’avancée de la partie… Si la construction de son second bâtiment permet d’enrôler un nouveau pionnier, certains décideront de s’établir et de quitter le navire au fil de la partie alors que votre colonie s’étendra en bordure de la rivière… Autant d’actions potentielles en moins !
La limitation du nombre de pionniers en fonction des îles équilibre subtilement le jeu alors que la possibilité de sacrifier un pionnier pour s’emparer du pion Premier Joueur peut s’avérer cruciale pour pouvoir acquérir les terrains les plus fertiles, les bâtiments les plus lucratifs ou les ressources convoitées ! Car le nombre de ressources étant limité, une pénurie est à craindre !
L’ensemble de ces mécanismes conjugués au système de déclenchement de fin de partie savoureux rend le jeu particulièrement stratégique et la notion de timing cruciale… Chaque choix s’avère cornélien et la délicieuse frustration en résultant est pour nous la marque des grands jeux…
Ajoutons à cela des plateaux réversibles et un nombre de ressources initial fluctuant pour s’adapter au nombre de joueurs et vous obtenez un jeu familial passionnant et tendu quel que soit la configuration…
Rares sont les jeux suscitant un tel engouement dès la première partie.
Il faut dire que The River a de nombreux atouts pour séduire un large public : des règles simples, fluides et cohérentes ; un matériel superbe et bien pensé ; des choix cornéliens induisant ce délicieux sentiment de frustration qui est la marque des grands jeux…
En un mot comme en cent, Sébastien Pauchon et Ismaël Perrin signent avec The River un petit bijou qui réunira autour d’une même table et avec un même plaisir joueurs occasionnels et confirmés… Sans compter que son format en fait un jeu idéal pour initier de nouveaux joueurs aux joies du jeu de société moderne…
Un futur classique assurément !
On aime...
le matériel superbe et ergonomique
l’équilibre parfait fluidité / profondeur
les meeples dindons
les parties tendues à l’issue incertaine
On n'aime pas...
la tristesse de voir un pionnier quitter notre navire
(*) sur un air de gospel