La BD danoise est assez méconnue sous nos latitudes… Et, à lire ce second tome de Rune Ryberg publié dans la langue de Molière, on ne peut que se dire que c’est bien dommage !

Géant est un petit gars chétif et peu sûr de lui… Harcelé par Jack et Henrik, il songe même à changer de pays… Il est le premier étonné que Donna, une chic fille belle comme fleur, semble s’intéresser à un pâle type comme lui… Manque de chance, elle se fait engloutir par une créature pleine de yeux de dents vachement pointues venue d’outre-espace…

Contre toute attente, alors qu’il serait bien imaginé enfourcher sa bécane et filer sans demander son reste (ce qu’il fit dans un premier temps), pour sauver sa dulcinée, Géant plongera presque sans hésiter dans une dimension parallèle joyeusement foutraque peuplée de monstruosités indicibles… C’est pas géant ça ?

Géant fait partie de ces séries inclassables dans lesquelles ont se plonge sans trop savoir ou l’auteur va nous mener… Tout démarre comme une série Z avec invasion alien et monstres dévoreur de dulcinée avant que ne s’esquisse un récit symbolique et initiatique…

Géant, quolibet qu’on lui a jadis attribué pour se payer sa pomme, n’a rien du héros. Mais, alors que son improbable rendez-vous avec la belle Donna se déroulait à merveille, entraîné bien malgré lui dans une aventure rocambolesque riche en évènements improbables et en rencontres impromptues, le petit gars va opérer sa mue et se transformer, par amour, en héros véritable…

Cette quête initiatique chargée de symboles est mise en images par un trait nerveux et expressif rehaussé par une mise en couleur chamarrée qui impulse au récit une formidable énergie.

Géant et le fâcheux rendez-vous est un album joyeusement foutraque mais néanmoins parfaitement maîtrisé qui peut se lire comme un récit d’aventure rocambolesque ou comme un conte initiatique sur les peurs et les angoisses du passage de l’enfance à l’âge adulte qui s’incarnent dans d’horribles monstruosités que Géant devra combattre…

Porté par des dessins vifs et formidablement expressifs, ce récit jubilatoirement hallucinant de Rune Ryberg n’a qu’un seul défaut : on aimerait une suite !

Peut-être devrais juste partir. Aussi loin que possible. Aussi loin que n’importe quelle route qui pourrait me conduire.
- Ça serait dommage…
- Ah bon ? hmm…
- Je pense oui.Dialogue entre Géant et Donna