Si Paul Down, Nick Bruno et Michael Yates sont inconnus du grand public, paradoxalement, tout le monde connaît les œuvres auxquelles ils ont participé :
L’Âge des Glaces,
Les Peanuts,
Rio,
Cars ou la série
Chasseur de Trolls (du génial Guillermo del Toro) comptent au nombre des films d’animation auxquels l’un ou l’autre a collaboré… ça pose indéniablement son artiste…
Suite au décès de sa mère, Dwayne et sa famille viennent s’installer chez sa grand-mère, dans le petit appartement de Brooklyn où leur mère sa mère grandit… Entre un père policier souvent absent et un frère sérial-dragueur désireux d’aller de l’avant, Dwayne se sent un peu esseulé. La seule chose qui faite tenir ce jeune garçon est de savoir que sa maman adorait vivre dans ce quartier… Mais ce dernier est en pleine restructuration, la mairie s’étant lancée dans un chantier pharaonique de réhabilitation…
Bien vite, Dwayne va croiser la route d’une bande de gamins débrouillards désireux d’enquêter sur d’étranges évènements se déroulant dans Brooklyn… Bientôt secondés par les laissés pour compte du quartier, ces gosses vont suivre les traces de ces créatures cauchemardesques semblant être les incarnations des nombreuses légendes urbaines dont on ne peut parler sans frissonner……
Il est presque dommage
Légendes Zurbaines ne soit qu’un one shot tant ce récit destiné à la jeunesse s’avère captivant et enthousiasmant…
L’histoire repose bien sûr sur cette joyeuse bande de gosses bien moins archétypaux qu’il n’y parait : Cajou, le chef de bande, drôle et courageux ; Mya, élevée dans la rue avec son franc parler et n’a pas froid aux yeux ; ou Rat, l’intello de la bande… Mais chacun a son petit secret qu’il porte comme un fardeau et qui lui confère ce relief qui en fait un personnage à part entière… Sans oublier Dwayne qui peine à aller de l’avant et refuse d’abord de rejoindre la joyeuse bande qui lui demande rien de moins que de dérober le scanner de police de son père pour qu’ils puissent se rendre au plut tôt sur les lieux des étranges évènements qui secouent Brooklyn… Mais l’étrangeté des évènements auquel il allait être confronté allait le décider à sauter le pas…
Difficile de ne pas être impressionné par le rythme soutenu de l’album, par le découpage virtuose et les cadrages ciselés qui empruntent clairement au vocabulaire cinématographique pour développer cette délicieuse ambiance oppressante qui va crescendo au fil de l’album. Epuré et plein d’énergie, le trait expressif du talentueux Michael Yates est une petite merveille de sobriété et d’efficacité.
Ses décors justes esquissés mais posent permettent au jeune lecteur de s’y projeter, des les habiter, renforçant son immersion dans l’histoire de façon saisissante… L’usage parcimonieux qu’il fait de la couleur s’avère particulièrement pertinent, jouant avec les ombres et les lumières comme un éclairagiste.
Ecrit à quatre mains par Paul Down et Nick Bruno et mis en images par le trait énergique et minimaliste de Michael Yates, tous trois venus de l’animation, Légendes Zurbaines est un album jeunesse riche et incroyablement dynamique…
Empruntant au vocabulaire cinématographique, les auteurs tissent un récit d’aventure urbain inquiétant et dérangeant donnant les premiers rôles à une bande de gosses particulièrement attachants… Les Goonies et Chasseur de Troll ne sont pas bien loin et on ne peut qu’espérer que les auteurs et l’éditeur donneront une suite à cet album particulièrement enthousiasmant… qui ferait qui ferait par ailleurs un excellent film d’animation !
- Attendez,vous dites qu’on est attaqué par des légendes urbaines ?
- Exactement.
- Mais rien de tout ça n’existe.
- A la base, il y a du vrai là-dedans. Sinon pourquoi survivraient-elles depuis si longtemps ?
- C’est sûr que ça se tient… Mais pourquoi maintenant ?
- C’est ce qu’il nous faut découvrir. Qu’est-ce que tu fabriques ?
- Je regarde sur wikipedia.
- Tu ne peux pas te fier à ça. Ce qu’il vous faut, les mômes, c’est une carte de bibliothèque. Vous ne trouverez pas meilleur outil !dialogue entre l’équipe des Légendes Zurbaines et Riff Raff