Jeb semait déjà les cadavres sur sa route lorsqu’il a croisé celle de Bess, une gamine aussi paumée et tourmentée que lui. Ensemble, ils allaient entamer une odyssée sanglante vers nulle part…
Sans le sous et embarqué à bord d’un véhicule en fin de course, Maxine et ses deux fils roulent vers la côte ouest pour tenter d’échapper à un douloureux passé…
Dans leur sillage, un agent spécial et Bo, brute épaisse et suprémaciste blanc qui n’est pas du genre à laisser des coups de battes impunis…
Chapitré comme un comics,
No Direction est un road movie sanglant et violent qui esquisse le saisissant portrait d’une Amérique déglinguée qui engendre ses propres monstres…
Avec une narration parfaitement maîtrisée, l’impressionnant Emmanuel Moynot nous livre un polar suffocant, après
L'original, autre petit bijou de polar hardboiled…
Il donne vie à une formidable galerie de personnages hétéroclites, du pasteur préférant la chair fraîche aux sermons en passant par le biker dont la Norton Commando tombe en rade, du gérant de motel tourmenté par sa mère malade en passant par le simplet souffre-douleur, le généreux gérant de fastfood ou l’agent Thomson, policière froide et calculatrice… Tous vont se croiser, se mêler et s’entremêler pour le meilleur, parfois, mais le plus souvent pour le pire, formant un saisissant récit choral en apparence (mais en apparence seulement !) chaotique qui ne laisse bientôt plus guère de doute sur son issue tragique…
L’auteur fait montre d’un sens du découpage saisissant qui impulse au récit un rythme soutenu et entraînant, happant le lecteur dès les premières pages pour ne l’abandonner, éreinté, qu’à la toute dernière page de l’album.
Ses cadrages ciselés contribuent à distiller avec art cette ambiance glauque et suffocante digne des meilleurs polars. Soigneusement travaillés, ses récitatifs dévoilent les états d’âmes des différents protagonistes, qui, au fil de leur périple, apparaissent profondément et tragiquement humains…
No Direction fait partie de ces albums dont on ne sort pas vraiment indemne.
Parfaitement maîtrisé par un Emmanuel Moynot très inspiré, remarquablement bien écrit et mis en images avec subtilité, tenant à la fois du récit choral que du road movie, cet album met en scène des personnages en clair-obscur dont les portraits se complètent au fil des pages, révélant des personnages tourmentés et tragiquement humains dont les destins vont se croiser et se télescoper…
Amateurs de polars noirs, ne passez pas à côté de ce diamant brut de 180 pages…
Mais on ne peut pas rester môme toute sa vie. Et il n’y a pas trente-six façons de faire comprendre ça aux autres. La première fois que Jeb avait exercé son métier, ce n’était pas prémédité. Ç’avait été dégueulasse. D’instinct, sa main avait porté les coups qui allaient devenir sa signature. Pour finir par le coup de grâce, impérieux, au plexus. Jeb