Les hommes ont fini par épuiser les ressources de la planète Terre. Les plus riches ont migré depuis longtemps sur Mars et les plus pauvres attendent, désespérément, qu’on vienne les secourir… Au fil du temps, les connaissances se sont perdues, les villes sont redevenues des forêts et l’humanité voue un culte sanglant au dieu Mars, qui cristallisent tous ses espoirs…
Laissant le hasard décider de son chemin, Hermès va de tribus en tribus, consignant dans un gros grimoire les vestiges d’un savoir aujourd’hui disparu pour aider l’humanité à renaître de ses cendres…
Après son impressionnant
Roi Ours où elle faisait montre de ses talents de conteuse et de dessinatrice, Mobidic nous entraîne dans un futur apocalyptique saisissant. A travers un récit joliment construit, elle s’intéresse aux liens entre civilisation et connaissance, cherchant à savoir si la disparition de l’une entraînerait celle de l’autre…
Après avoir esquissé le devenir de l’humanité en quelques planches, l’autrice nous présente Hermès, jeune homme qui arpente le monde en déclamant des vers de François Villon et en laissant une pièce choisir son chemin… On ignore tout de son passé, bien qu’il en porte les stigmates, mais sa capacité d’émerveillement, l’empathie qu’il dégage et la quête des savoirs perdus qu’il a entreprise le rendent d’emblée très attachant… Les connaissances qu’il a complié dans son encyclopédie pourront-elle sauver l’humanité de l’obscurantisme ?
Mais Hermès est loin d’être le seul protagoniste intéressant de l’histoire et il est difficile de ne pas être impressionné par la capacité de Mobidic à esquisser le portrait de personnages fouillés, telle Caroline, jeune femme muette dont la rencontre avec Hermès allait bouleverser leurs existences respectives…
Graphiquement, on retrouve le style sensible et délicat de l’artiste, ses encrages généreux évoquant ceux de Ruben Pellejero, ses superbes couleurs automnales et ses lumières savamment travaillées qui subliment la nature à qui elle sait si bien donner vie.
Son approche de la végétation qui a peu à peu recouvert les ruines d’une civilisation disparue s’avère particulièrement subtile et confère un charme certain à son récit solidement charpenté, le baignant d’une douce et poétique mélancolie.
Cinq année après son superbe Roi Ours, Mobidic nous entraîne dans un récit post-apocalyptique dont le déroulé nous réserve bien des surprises…
Son trait plein d’élégance, ses encrages généreux et sa remarquable mise en couleur mettent en scène une nature luxuriante recouvrant peu à peu les derniers vestiges de la civilisation alors que ses crayons donnent vie à des personnages crédibles et attachants dont elle esquisse le portrait de façon saisissante…
Très cohérent et solidement charpenté, son scénario interroge sur la survivance du savoir de l’humanité après l’effondrement de la civilisation… Ce Culte de Mars confirme les talents de conteuses et de dessinatrice de cette jeune autrice dont nous attendons le prochain album avec une impatience frénétique…
- Où est la magie des anciens?
- Il n’y a pas de magie. Tout ce que j’ai trouvé est là !
- Mais… Et les fusées ? Les ordinateurs ? Je croyais que c’était ça votre livre ! On raconte que vous étiez capable de…
- On raconte bien trop de choses sur moi… Presque tout est faux. Je recueille seulement le savoir oublié des anciens… Le peu qu’il en reste, avant qu’il n’en reste plus rien. Et je vous assure que ça n’a rien de magique.dialogue entre Hermès et des autochtones