Dans un van calciné, deux flics trouvent le cadavre de deux proxénètes… Sur la scène de crime, ils trouvent les papiers d’une junkie prostituée connue de leurs services qu’ils ont tôt fait de penser impliquée…

Ils parviennent sans mal à la retrouver et la placer en garde à vue pour l’interroger. Cette dernière leur sert une histoire hallucinée : elle prétend avoir été enlevée par des extra-terrestres et avoir eu vent d’un complot visant à décimer l’humanité… Voyant que ses interlocuteurs ne la prennent pas au sérieux, elle leur fausse compagnie de manière pour le moins spectaculaire…

C’est graphiquement tout d’abord que l’album explose au visage du lecteur. Réédition d’un récit datant de 2005 (Lola Cordova, retouché et renommé pour l’occasion en Apocalypse selon Lola), la couverture s’avère sans doute plus réussie que la précédente qui ne reflétait pas la puissance et la folle originalité du récit… Les planches sont de celles qui heurtent et déstabilisent le lecteur tant par leur composition audacieuse que par leur découpage d’une rare efficacité qui distille avec art cette atmosphère hallucinée qui brouille les repères de façon savoureuse. S’il a recours aux outils numériques encore assez peu usités à l’aube des années 2000, Arthur Qwak les met entièrement au service de la narration pour développer un récit déjanté porté par son imagination débridée et une folle inventivité…

Si le récit s’amorce comme un polar, Arthur Qwak le fait bifurquer de façon vertigineuse dès la seconde séquence, faisant exploser les repères du lecteur qui ne sait plus s’il évolue dans la réalité décrite par Lola ou dans ses délires psychotropes. Sur un rythme plus que soutenu, il l’entraîne dans une histoire totalement barrée qui joue avec art avec des codes pour mieux les détourner et tisser un univers unique et foisonnant… Sa narration éclatée s’avère néanmoins parfaitement maîtrisée, avec un twist aussi scotchant que savoureux qui apporte un éclairage mordant sur l’histoire qu’il nous conte avec une rare efficacité…

Nombreux sans doute étaient passés à côté de Lola Cordova lors de sa sortie à l’aube des années 2000… Une couverture peu aguicheuse, un dessin acéré atypique qui reflétait pourtant le talent du dessinateur de l’étonnant Soleil des Loups et un scénario qui pouvait sembler trop barré pour ceux qui avaient juste feuilleté l’album…

Mais pour les lecteurs et lectrices qui s’y sont plongés à l’époque, quelle claque magistrale ! Dessin et scénario étaient au diapason pour tisser un récit déjanté et follement inventif porté par des dialogues cru qu’une mise en scène brillante permettait subtilement de tempérer. Pour notre plus grand plaisir, les éditions Akiléos nous proposent une réédition augmentée de l’album et rehaussée d’un cahier graphique somptueux qui permet d’apprécier le formidable travail graphique du trop rare Arthur Qwak…

Un album coup de poing à ne manquer sous aucun prétextes…

Dans la vie, c’est avec mon cul que je m’en sortais. Dans l’espace, il n’y avait aucune raison que ça change.Lola