Max a monté un petit groupe de punk avec ses potes de facs et même fait presser un vinyle. Mais il faut se rendre à l’évidence : pour les autres ce n’est qu’un passe-temps comme un autre… Pour lui, c’est toute sa vie… Il veut se donner une chance de devenir rock star, quand bien même devait-il plaquer ses potes et abandonner pour un temps sa compagne pour traverser la Manche et se donner une chance de percer dans la musique… Ses potes ont bien tenté de le raisonner, mais rien n’y a fait… Il a pris le ferry pour rejoindre la patrie des Clash et des Sex Pistols, avec la promesse de donner régulièrement de ses nouvelles…

Mais voilà six mois qu’ils sont sans nouvelles de lui et ils commencent sérieusement à s’inquiéter… D’autant qu’il n’a pas donné signe de vie alors que sa compagne vint d’accoucher… Tous se retrouvent à la maternité et essaye de comprendre ce qui a pu se passer en se remémorant les jours qui ont précédé son départ…

Une bande de jeunes qui se retrouvent à la maternité pour se replonger dans leurs souvenirs et évoquer l’un des leurs qui a quitté le navire quelques temps avant… Voilà qui n’est pas évoquer le Péril jeune, film culte de Cédric Klapisch… Et l’analogie n’est sans doute pas fortuite tant la référence semble évidente…

Je me suis plongé dans ce roman graphique sans savoir ce que j’allais y trouver même si j’y allais avec un à priori positif, Xavier Bétaucourt ayant notamment signé le fascinant One two three four Ramones ! (dessin d’Eric Cartier) ou l’édifiante Pyramide de Ponzi (avec Nathalie Ferlut)… Et c’est peu dire que je me suis laisser emporter par cette bande de jeunes musicos qui se reprochent à demi-mots d’avoir laissé le plus idéaliste d’entre eux partir, seul, à la poursuite de ses rêves…

L’émotion affleure dès les premières pages et l’album s’avère particulièrement poignant, réservant bien des surprises aux lecteurs… Alternant les séquences présentes et passées, l’histoire s’avère parfaitement maîtrisé malgé sa structure alambiquée. En revenant sur leurs dernières heures passées avec Max avant son départ, chacun va nous donner à entendre sa petite musique subtilement nuancée, contribuant par petites touches à faire émerger, au fil des pages et des confidences, une vérité bien plus complexe et tortueuse qu’on pouvait le croire de prime abord…

Changeant subtilement de style à chacun de ses albums, Thierry Bouüaert signe une fois encore un album impressionnant de maîtrise. Sensible, nerveux et expressif, son trait semi-réaliste retranscrit avec force les émotions de chacun des acteurs de l’histoire concoctée par Xavier Bétaucourt, donnant un relief tout particulier à ses dialogues qui sonnent remarquablement justes, tout comme ses récitatifs… Subtile et délicate, la couleur rehausse avec élégance ses planches et les teintes choisies pour chaque séquence soulignent avec art l’atmosphère intimiste qui la baigne…

L’album se referme sur les crédits musicaux, permettant aux lecteurs qui le désirent de se replonger dans l’ambiance des titres évoqués tout au long du récit… Et on ne peut nier qu’on a bien envie de se replonger dans la lecture de l’album avec cette B.O. qui en accentue l’émotion…

Quelques années après One two three four Ramones !, Xavier Bétaucourt nous invite à plonger dans le quotidien d’un groupe de jeunes musiciens amateur de rock et de punk…

Malgré la promesse qu’il leur avait faite, Max n’a pas donné de nouvelles depuis qu’il les a quittés pour partir en Angleterre, rejoindre la patrie de Sex Pistols et des Clash… Se retrouvant à la maternité alors que sa compagne vient de donner naissance à leur enfant, ses potes évoquent les derniers moments passés avec Max, faisant au fil des confidences émerger une vérité plus nuancée qu’on pouvait le croire…

Evoquant le Péril jeune, film culte de Cédric Klapisch, le Ferry est une petite merveille de surprises et d’émotions, d’autant que le scénario bouleversant et entraînant de Xavier Bétaucourt est superbement mis en image par le trait sensible et expressif de Thierry Bouüaert…

D’aussi loin que je me souvienne, il a toujours dit qu’il le ferait. C’est vrai qu’l disait aussi vouloir devenir un super-héros. Pour le costume ? J’en suis pas sîur… Alors son appel ne m’a pas surpris. Une dernière nuit avant le grand saut… T’y crois, toit, comment trois accords pouvaient structurer ta vie ?Gérard