En 1888, au moins sept femmes furent assassinées à Londres. La nature de ces meurtres provoqua la terreur et donna naissance au surnom qui allait devenir synonyme de serial killer : Jack l'Éventreur. Pendant cent quinze ans, ces meurtres ont constitué une des plus grandes énigmes criminelles du monde. C'est lors d'une visite à Scotland Yard, en mai 2001, que Patricia Cornwell s'est intéressée à "l'affaire" Jack l'Éventreur. Mettant à profit ses formidables techniques et connaissances dans le domaine médico-légal, Patricia Cornwell a utilisé les méthodes rigoureuses des enquêtes policières du XXIe siècle pour analyser les éléments encore existants et donner enfin une réponse
En amorçant la lecture de ce livre, je m’attendais à trouver un raisonnement cartésien établissant la culpabilité de Walter Sickert à partir de preuves et de données nouvelles.
Et en lieu et place de preuves, Patricia Cornwell nous propose un faisceau de vagues supputations qui alimentent sa théories sans apporter la moindre preuve. L’édifice construit à coups de raisonnements qui feraient frémir d’horreur tout logisticien amateur est pour le moins fragile. Jugez plutôt :
Au fil du livre, l’auteur a souvent recours aux même procédés pour tenter de convaincre le lecteur incrédule (on le comprend) de sa vision des choses. Première ficelle : « Rien ne prouve que Sickert a fait cela, mais rien ne prouve qu’il ne l’a pas fait » (sous entendu s’il rien ne prouve qu’il ne l’a pas fait, il a pu le faire, puis : s’il a pu le faire, c’est qu’il la fait)… No comment…
Autre ficelle, la théorie du « et si »… L’auteur propose de passer les fameuses lettres de Jack aux cribles des nouvelles technologies dont le test ADN qu’elle nous explique de et long en large pour rechercher l’adhésion du lecteur. Pour conclure sur « si tel ou tel document n’avait pas été détruit ou perdu, les tests ADN auraient pu prouver de façon irréfutable la culpabilité de Sickert ». On comprendra que de telles inepties sont pour le moins troublantes dans un livre dont l’auteur prétend avoir résolu une affaire vieille de plus d’un siècle.
Une bonne partie de l’ouvrage cherche à prouver que l’auteur des lettres écrites par l’éventreur sont l’œuvre de Sickert. Certes, il semblerait que les techniques et le matériel utilisé puisse être celui d’un peintre. De plus, Sickert utilisait le même papier et un expert en papier semble avoir établi qu’il pouvait provenir de la même rame que celui utilisé par l’Eventreur dans certaines lettres. Et alors? Quand bien même Sickert aurait-il rédigé ces lettres, aucun jury ne pourra le condamner d’avoir commis les crimes imputés à l’Eventreur!
Cornwell s’appuie en outre sur les toiles peintes par Sickret pour prouver sa culpabilité sans en reproduire aucune dans son ouvrage. En lançant quelques recherches sur le net, on peut trouver quelques unes de ces prétendues preuves… Et ne pas être convaincu…N’est-il pas en soit logique qu’un peintre se soit inspiré de son siècle pour peindre? La majorité des londoniens ont sans nul doute été profondément marqués par les sanglants meurtres de White Chapel et le battage médiatique qui entoura cette affaire… En quoi cela fait de Sickret l’un des premiers serial killer recensé de l’histoire?
La biographie de Walter Sickert que nous propose Patricia Cornwell est orientée et partiale. Pour elle, ce peintre n’est qu’un psychopathe dont la violence prend sa source à sa petite enfance et aux divers traumatismes qu’il y a subit. Mais ce n’est que sa vision des choses, et s’il est possible que, comme tout un chacun, Sickret possédait une part d’ombre et qu’il aie été fasciné par les meurtres de Jack, comme bon nombre de londonien ont dû l’être, cela ne constitue en rien une preuve…
Passons rapidement sur la manière dont l’auteur balaye d’un revers de main et avec condescendance toutes hypothèses contraires à la sienne avec l’imparable argument : « j’ai raison, les autres ont tort ».
On a la furieuse impression que Patricia Cornwell s’est lancé dans une étude avec la conviction de la culpabilité de Sickert et que tout devait concorder à prouver cette prétendue culpabilité, au risque d’interpréter les faits à outrance pour les faire entrer dans le moule de sa théorie, à coups de marteaux s’il le faut. Peut-être aurait-il été préférable qu’elle écrive un roman présentant sa vision des choses et mettant en avant ses hypothèses au lieu de se décrédibiliser avec cette prétendue enquête qui ne convaincra personne…
Au final, le résultat est ennuyeux et ne prouve ne rien la culpabilité de Walter Sickert…De là à penser que ce bouquin raté n’était qu’un coup publicitaire réussi…
Pour ceux qui souhaite en apprendre plus sur cet affaire toujours non élucidée, préférez de loin la lecture du brillant « From Hell » de Campbell et Moore. La théorie des auteurs est des plus séduisante, bien que fort improbable… Mais, à la différence de Cornwell, ils ne prétendent détenir LA vérité…
Avec Jack l'éventreur, affaire classée P. Cornwell propose sa théorie sur la réelle identité de Jack L'éventreur. Selon l'auteure, il s'agit sans doute d'un célèbre peintre anglais du XIXe siècle, Walter Sickert. Afin de convaincre ses lecteurs, elle apporte de multiples preuves.
Pourtant, à mes yeux, Jack l'éventreur, affaire classée, malgré son titre prometteur, reste un livre parmi d'autres concernant cette affaire. S'il est intéressant, la démonstration n'est pas convaincante.
Je vais reprendre quelques arguments avancés par l'auteur. P. Cornwell indique que le peintre semblait fasciné par Jack l'Eventreur, au point de réaliser des tableaux autour de ce personnage. Cependant, il n'était pas seul à se passionner pour cette histoire très médiatisée à l'époque. Ainsi, de nombreux déséquilibrés ou farceurs ont contacté la police en se faisant passer pour le tueur. Malgré l'absence de traces d'ADN sur les courriers analysés, elle soupçonne d'ailleurs Sickert d'avoir écrit aux enquêteurs. Mais même si cela était vérifié, ce pourrait autant être le signe d'un humour douteux que la preuve qu'il était l'assassin recherché. Elle pense également qu'en tant qu'artiste, Sickert organisait son emploi du temps comme il le voulait. Il pouvait donc sortir la nuit pour tuer. Mais il pouvait aussi faire autre chose...
Au cours de ce long travail, P. Cornwell avance d'autres « preuves » pouvant toutes être battues en brèche. A mon avis, ce qu'elle affirme tient davantage d'une possibilité que d'une certitude. J'ai refermé ce livre de 599 pages et je ne sais toujours pas qui est Jack The Ripper. Pour finir, je préfère avertir que l'auteure s'intéresse à la pratique de l'autopsie. Ses descriptions des corps des victimes sont donc détaillées et éprouvantes à lire.
Sandrine Mercier
homme invisible
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Maléfices a pour cadre la France de la Belle Époque (1870-1914), où les superstitions campagnardes et la mode citadine du spiritisme côtoient la pensée scientifique.
Crimes se déroule à la même époque et inscrit dans la tradition des littératures classique, fantastique et horrifique du XIXe siècle.