John Wagner et Vince Locke sont les auteurs d’un roman graphique noir et blanc (édité par Delcourt) dont est tiré le scénario de ce film… Il est d’ailleurs fort désagréable de la voire estampillée «BD du film» alors qu’un sticker « BD dont a été tiré le film » serait plus juste, mais certes moins commercial.

Loin de se réduire à un Thriller plutôt efficace, ce film nous propose de démonter les mécanismes de la violence, une violence filmée sans concessions. David Cronenberg ne cherche pas à filmer des scènes de combats esthétiques et bien léchée mais à montrer la violence telle qu’elle est : crue et brutale… une violence qui est tout, sauf séduisante. Des contre-champ montrent furtivement des visages tordus de douleurs, défigurés par les coups ou l’impact d’une balle, rompant avec le classicisme apparent de la mise en scène, la caméra pointe l’horreur de la brève scène qui vient de se dérouler. Le calme n’est qu’apparent et la violence omniprésente, perçant sous le calme apparent de manière toujours palpable. Le spectateur sent qu’il suffira d’une étincelle pour que tout s’embrase…

Le film laisse une grande part à l’ironie et l’humour qui vient émailler l’atmosphère pesante distillée par le scénario, la mise en scène et le jeu impeccable des acteurs, Vigo Mortensen (Aragorn, ça vous dit quelque chose?) en tête. Son regard expressif est pour beaucoup dans la crédibilité de son personnage, renforçant sa dualité et le paradoxe de cette vie calme et rangée qui bascule soudainement dans l’horreur et le sang… violence qui semble prendre racine bien en amont de ce que pouvait imaginer le spectateur… Le rêve américain se lézarde peu à peu pour finir par exploser dans un déluge de sang.

Un film fort à la fois brutal et prenant…