Durango est à la BD ce que l’homme sans nom est au cinéma : l’archétype du héros de western spaghetti… On le retrouve dans les plus grands succès de Sergio Leone, de « Pour une poignée de dollars » en passant par le « Bon, la brute et le truand » et « et pour quelques dollars de plus »…

Et le fait est que le héros de Swolf a beaucoup de points commun avec ce personnages sans nom… Sa gueule tout d’abord. Car s’il ressemble au dessinateur qui lui a donné vie, il fait immanquablement penser à Clint Easwood… Comme son double cinématographique, il est agile au pistolet, avare de paroles et solitaire. Lui non plus n’a pas de passé. Après 13 tomes, l’une des seules informations qu’a le lecteur sur le passé du héros est qu’il a eu un frère, information révélée dès le premier tome de la série, alors que le frère repose déjà six pieds sous terre…

Swolf met en scène ses albums comme en empruntant au vocabulaire et à la grammaire crée par Leone au cinéma. Ce rapprochement est particulièrement clair dans les scènes de duels ou les plans rapprochés se succèdent à un rythme soutenu avant que ne retentisse le coup de feu décisif… Les amateurs de western spaghetti seront en terrain connu et se délecterons des intrigues simples mais efficaces concoctées par Swolf… Ses planches, riches en détails, évoquent la superbe musique d’Ennio Morricone, qui soulignait tellement bien l’action des chefs d’œuvre du maître italien…

On serait tenté de croire que les albums de Durango peuvent se lire de façon indépendantes… A part la superbe trilogie gravitant autour d’Amos (tomes 4 à 6) et celle gravitant autour de l’Héritière (tomes 11 à 13), les albums peuvent effectivement se lire comme des one-shot. Cependant, la série est bien plus intéressante dans son ensemble, pour comprendre certaines allusions et implications de ce qu’est Durango, tueur doué au passé des plus troubles et à la personnalité torturée…

Avec Durango, Swolf a donné au western spaghetti ses lettres de noblesse en BD. Un western violent et efficace qui ravira sans nul doute les amateurs du genre…