Xavier Dorison et Fabien Nury nous ont habitué à des scénarios captivant et très rythmés. Prophet, Sanctuaire, le Troisième testament, Je suis légion et W.E.S.T sont autant de série qui font déjà partie des monuments du neuvième art dont le scénario a été signé par l’un d’entre eux, quand ils ne l’ont pas co-signé (pour la série W.E.S.T.).

Ensemble, ils ont fait leurs premiers pas dans l’écriture pour le cinéma en co-scénarisant le scénario des Brigades du Tigre, adapté de la série éponyme et mis en scène par Jérôme Cornuau. Le propos de cette BD n’est pas de mettre en scène le film sur un autre média, mais bel et bien d’en être le complément, le prologue… Idée séduisante à la croisée des chemins entre septième et le neuvième art…

Ce premier album propose une intrigue serrée et tendue qui met en scène les principaux protagonistes du film. On y retrouve évidemment les trois héros de la série crée par Claude Desailly. Maison y croise aussi Jules Bonnot, anarchiste dont le feuilleton sanglant et éphémère s’est étalé à la une des journaux de la Belle Epoque. Mais dans l’album, les policier de la brigade mobile ne font que croiser Jules Bonnot, pressentant cependant qu’il refera parler de lui…
Les personnages, plus tourmentés que ceux de la série (et par la même plus intéressants car plus profonds et plsu nuancés!), de même que leur époque sont bien mis en place, mais on se sent quelque peu frustré de ne voir l’aboutissement que d’un pan de l’intrigue. Mais n’est ce pas la le propre des feuilletons qui à l’époque s’étalaient en bonne place dans les journaux? En cela, « Ni Dieu, ni Maître » est une réussite en créant une attente chez le lecteur, attente qui ne pourra être assouvie que dans le film… Et c’est tant mieux! Inutile dès lors d’avoir à patienter des mois ou des années pour voir l’intrigue se conclure, par, on le sait, la mort de Jules Bonnot après un assaut en règle et à la dynamite, sous le regard de journalistes et de passants désireux de voir mourir celui qui a si longtemps tenu tête à la police et à l’Etat…

Le dessin réaliste de Jean-Yves Delitte (les nouveaux Tsar, Neptune, Coulisses du pouvoir…) pose avec efficacité cette époque pas si lointaine et pourtant méconnue de cette France d’avant la Belle Epoque. On regrettera une certaine rigidité dans les attitudes des personnages mais le découpage rythmé, le trait de Jean-Yves Delitte et la mise en couleur de Patricia Faucon font de cet album un très bon cru dont on espère une suite prochaine, hors du film (dont un deuxième volet serait dit-on en préparation!)

Avec « ni Dieu ni Maître, Xavier Dorison, Fabien Nury et Jean-Yves Delitte nous entraîne un siècle en arrière, conservant le charme de la série en lui apportant une touche de modernité fort enthousiasmante…