Voici donc Durango de retour après huit longues années de traversée du désert. Autant dire que cet album, maintes fois reporté, était attendu par les aficionados de la série…Yves Swolf, qui signait jusque là scénarios et dessins avait délaissé ce personnage tout droit sorti des films de Leone pour le Prince de la Nuit et pour sa nouvelle série, Légendes, dont le troisième opus vient de sortir. Mais l’appel de l’ouest, l’envie de poursuivre les pérégrinations de ce titreur doué, de reprendre à nouveau les pistes sablonneuses se fit sentir… Mais faute de temps, il ne pouvait assurer lui même les dessins…
Ceux qui se souviennent de la reprise de Dampierre pouvaient craindre le pire pour notre cowboy aux verbe rare mais à la gachette facile… C’était oublier que Thierry Girod avait dessiné 6 tomes de la série Wanted, scénarisé par Simon Rocca, alias Ramaioli… Autant dire que l’ouest sauvage, il connaît! Et force est de reconnaître que son style convient parfaitement à l’univers né sous les pinceaux agiles de Swolf. L’homogénéité de ce tome avec les précédents est renforcé par la mise en couleur de Jocelyne Charrance, très proche de celle de Sophie Swolf… Graphiquement, cette reprise est donc incontestablement une réussite, et ce d’autant plus que Girod parvient à épouser le style de Swolf tout en y insufflant sa personnalité propre...

Côté scénario, cela reste très conventionnel, à quelques petites nuances cependant… Après avoir pris quelques temps racine à Nortonville, le voilà à nouveau sur les pistes, animé par une soif de vengeance. Mais il se veut plus sombre peut-être qu’à l’accoutumé… Le héros est plus froid et désabusé que jamais. Par le truchement de flash-back, le voile se lève peu à peu, sur les raisons qui l’ont poussé à reprendre la route. Le lecteur comprend que quelque chose s’est cassé et que pitié et compassion semblent l’avoir définitivement quitté…
Mais si le scénario est classique, c’est néanmoins avec un réel plaisir qu’on retrouve ce personnage et ces ambiances inspirée des grandes heures du western spaghetti dotn Durango est le meilleur représentant dans le neuvième art…

La nouvelle maquette est très réussie, l’utilisation du noir rehaussant de belle façon l’illustration de couverture, accentuant le côté affiche de cinéma… Mais cela accentue une fois encore l’hétérogénéité de cette série, qui a si souvent changé d’éditeur et donc de maquette…

Une reprise d’une série phare tant attendue que réussie… Gageons que la suite sera moins conventionnelle et nous réservera son lot de surprise… Et rêvons à une trilogie aussi haute en couleur que celle formée par Amos / Sierra sauvage et Destin d'un desperado qui reste quand même l’une des plus belle page de western du neuvième art …

Fan des western spaguetti des années 60-70, c'est avec un grand bonheur que j'ai découvert cette excellente série dessinée par un non moins excellent dessinateur,Yves SWOLFS. J'ai eu le bonheur de rencontrer il y a quelques années déjà ce grand Monsieur, fan également de ces WESTERN italiens, et qui m'a avoué, sans nullement le cacher d'ailleurs, s'être inspiré pour son personnage du personnage du film le "grand silence" avec Jean-Louis TRINTIGNANT. DURANGO est d'ailleurs adepte du même mauser M98 automatique qu'il récupère chez un armurier dans la première page du tome 3 "piège pour un tueur". Comme le dit l'armurier : "elle appartenait à un pistolero muet abattu dans un coin perdu de l'UTAH l'hiver dernier". D'autres hommages sont d'ailleurs présents dans les 15 albums de cette série avec notamment BLUEBERRY et MC CLURE dans le tome 13 et LUCKY LUKE dans le tome 15. Personnage solitaire qui ne tue que par légitime défense et sans état d'âme, DURANGO va se trouver confronter à toutes sortes de criminels qu'il va froidement éliminer pour protéger les innocents. Au delà du pur WESTERN SPAGHETTI et de ses massacres, les thèmes les plus variés, tels que l'esclavage ou l'inceste sont ainsi abordés en arrière plan par l'auteur. DURANGO va cependant petit à petit évoluer pour enfin vouloir vivre en paix et se marier. Mais dans ce monde de brutes, la réalité va vite le rattraper et la mort de sa femme va l'emmener vers une vengeance implacable. Le Pacificateur est de retour!

par Jean-Michel Gasperment