Avec Du plomb dans la tête Matz fait montre de sa formidable capacité à nous conter des histoires efficaces et percutantes.

La premières scènes et ses dialogues ciselés évoquent immanquablement les meilleurs films de Quentin Tarantino, de l’incontournable Reservoir Dog en passant par le superbe Pulp Fiction. La discussion légère et décalée qui entame l’album n’est pas sans rappeler l’échange anodin entre copains autour d’une table de restaurant sur le message portée par Like a Virgin et sur l’absurdité des pourboires ou les digressions sur le mac Donald du duo inimitable formé par Samuel L. Jackson / John Travolta.

Tout commence par une discussion dans une voiture entre deux types apparemment ordinaires qui devisent sur l’utilité de porter une paire de pompe italienne à 2000 dollars. Deux types pas si ordinaires puisque, poursuivant la discussion, ils vont froidement un couple en train de batifoler dans un appartement. Deux tueurs efficaces qui viennent d’abattre un sénateur en compagnie d’une prostituée de luxe mineure. Cela fait mauvais genre et il semblerait qu’en haut lieu, on chercher à estomper l’aspect compromettant de l’affaire…

Le découpage, très cinématographique, est dynamique et efficace. Le trait est sûr et il est fort dommage que la mise en couleur ne soit pas à la hauteur. Bien que classique, le scénario est solidement charpenté et qui plus est servi par des dialogues aussi futiles que savoureux, en total décalage avec la noirceur de l’intrigue. Les amateurs apprécieront !

Les titres des albums de la trilogie et la théorie des poissons, gros et petits, et du bordel dans l’aquarium sont particulièrement bien trouvés et résument à eux seuls ce polar à l’intrigue classique mais au schéma narratif impeccable et sur lequel il règne une ambiance délectable…

Du plomb dans la tête est un polar incontournable qui ravira les amateurs d’atmosphères sombre, décalées et légèrement déjantées…