Il suffit de poser son regard sur la couverture pour que l’envie de feuilleter l’album se fasse immanquablement sentir… Il suffit de le feuilleter pour avoir une furieuse envie de le lire. Le dessin envoûtant de Prugne qui atteignait déjà des sommets dans l’Auberge du bout du Monde est tel qu’il invite au voyage. Sa mise en couleur absolument éblouissante achevant de conquérir le lecteur le plus réfractaire.

Le duo formé Tiburce Oger se reforme donc pour ce récit impeccable qui évoque immanquablement l’Île au Trésor de Stevenson. Par sa thématique tout d’abord puisqu’il est ici aussi question d’une joyeuse équipée de pirate partis à la recherche d’un fabuleux trésor… Mais aussi par l’esprit de liberté et le souffle de l’aventure qui balaye les superbes planches de Patrick Prugne.
Le personnage de Jack, orphelin parti à la rencontre de son destin évoque évidemment Jim Hawkins et celui de Lucky Roberts, pirate humaniste, rappelle peut-être, par certains côté, un certain Long John Silver. L’idée de rattacher Jack à l’histoire de la flibuste en en faisant la progéniture de la célèbre Anne Bonny dont on perd la trace suite à sa grâce est excellente et ancre le récit dans l’Histoire. Jack n’est plus un simple orphelin lancé sur les mers, mais bien un enfant qui part à la rencontre de son destin.

Pour camper ses personnages, Patrick Prugne a modelé certain d’entre eux en terre afin de pouvoir les étudier sous toutes leurs coutures. Le résultat est saisissant et si l’auteur affirme que le dessin doit se faire oublier au profit de l’histoire, la qualité de son travail et sa palette toute en nuance le rende inoubliable… Le travail sur les décors est saisissant, de même que celui sur les costumes des différents personnages.

Cet album est tout simplement superbe… Par son contenu, bien évidemment, mais aussi par l’objet lui-même : une couverture somptueuse, un cahier graphique riche et varié qui nous invite à découvrir les coulisses de l’album. S’éloignant du carcan des 48 pages et développant l’histoire sur 78, les deux auteurs peuvent installer tranquillement leur intrigue, en prenant le temps d’installer les personnages et celui de poser des décors somptueux. Profitons en pour saluer le travail d’édition réalisé par Daniel Maghen qui propose un livre magnifique de près de 100 pages sur un papier de grande qualité pour à peine à peine 16€50!

Canoë Bay est à mon avis un album incontournable pour l’objet, l’histoire et la qualité des dessins et de la narration… Indispensable.