Les Sentiers de la Perdition est incontestablement une œuvre phare du comics américain et du polar noir. Adapté par Sam Mendes au cinéma (avec Tom Hanks, Paul Newman, Jude Law), le scénario sombre et désespéré met en scène un tueur, brave soldat dévoué à un maître qui va le trahir et qui va sombrer dans une implacable vengeance avec au bout, une lueur d’espoir vacillante.
Le narrateur n’est autre que le fils du tueur, dont la curiosité fut la cause involontaire de ce déchaînement de violence. La façon dont il mène son récit renforce sa crédibilité. Car s’il raconte les faits auxquels il a assisté, il tente de reconstituer certains évènements qui lui ont été rapporté, comme s’il avait tenté, devenu adulte, de reconstituer les tragiques événements auquel il a été mêlé.
Le titre se veut à double sens. D’une part, Michael Sullivan (le tueur, alias l’Ange de la Mort) désire emmener son fils dans la ville de Perdition, chez ses beaux parents où il espère qu’il sera à l’abris des foudres de son ancien mentor. D’autre part il a surtout pour but de détourner son fils des Sentiers de la Perdition qu’il a lui-même emprunté…
Graphiquement, les planches évoquent des photographies d’époque où la lumière et les ombres restituent à merveille l’atmosphère de cette sombre chronique mafieuse. Max Allan Collins parvient avec un talent certain à mettre en scène tant les scènes d’actions virevoltantes que les scènes intimistes. Ses cadrages empruntent le vocabulaire cinématographique dont les auteurs semblent férus puisqu’ils ont disséminé des clins d’œil à des monuments du septième art.
Un polar noir sombre et fulgurant, en un mot : indispensable.
Rôlistiquement vôtre
Tant dans sa construction scénaristique que sans son ambiance sombre, cet album pourra fournir d’intéressantes pistes à un meneur de jeu de Cyberpunk pour élaborer une trahison haute en couleur d’un employeur en qui ils avaient placé toute leur confiance…