Christian De Metter est un incroyable conteur qui impose, album après album, un style et un univers sombre et inquiétant, peuplé de personnages torturés.

L'Oeil était dans la tombe, dont le titre est tiré d'un poème de Victor Hugo (La conscience) évoquant le remord et la culpabilité, met en scène un personnage tourmenté qui va perdre pied et glisser vers l'abîme de la folie et du crime, avant de lui redonner cette parcelle d'humanité qui fait qu'on ne peut sombrer dans la facilité et se contenter de qualifier de monstre sadique... La touche finale déconstruit l'intrigue en la replaçant dans une nouvelle perspective, celle d'une ancienne blessure qui n'a jamais cicatrisée...

Classique mais remarquablement construit, le scénario glaçant d'efficacité est servi par des dessins magnifiques. Le pinceaux nerveux de l'auteur fige les personnage dans des positions théâtrale exacerbant les sentiments ressentis par les différents protagonistes, accentuant ainsi l'aspect dramatique et inquiétant de l'action. Son découpage, sobre et efficace, est pleinement au service d'un récit sombre et sans concession... Les formidables couleurs de De Metter impose un rythme lancinant à l'album, alternant teintes charbonneuses lorsque la folie meurtrière domine et teintes lumineuse, lorsqu'elle s'apaise, accompagnant le lecteur au bout de l'horreur...

Les lecteurs attentifs décéleront des clins d'oeil à Shutter Island (chef d'oeuvre de Dennis Lehane que Christian De Metter allait adapter avec le brio que l'on sait) et à l'univers inquiétant d'Alfred Hitchcock...

L'Oeil était dans la tombe est un polar sombre et tortueux comme l'âme humaine. Tirant vers le thriller, il démontre une fois de plus le formidable talent de Christian De Metter... A lire, impérativement...