Avec le sixième et dernier opus s'achève la série le Casse, orchestrée avec brio par David Chauvel, jeune vieux routier de la BD...

A l'instar de la 7, pilotée par le même auteur, cette série propose à 6 trios d'auteurs (scénariste, dessinateur et coloriste) de concocter une histoire en un tome sur la thématique du casse... Chaque album explore différents lieux et différentes époques, des confins de la Sibérie à Jérusalem, de la Pennsylvanie au Klondide en passant par Londres et l'Allemagne.

Certaines mauvaises langues seraient tenté de dire que le concept est purement marketing. Pourquoi ne pas sortir chaque album sous forme de one-shot, sans chercher à les intégrer dans une série, fut-ce à coups de maillet?
Pourtant, la figure imposé par la thématique induit des histoires foisonnantes, riches e originales, tout laissant à penser que les auteurs se sont emparés du concept avec l'idée de surprendre ou d'épater les autres trinômes travaillant sur la série, le tout dans une saine émulation collective. Un chalenge artistique en somme, qui a fait naître six albums captivants...

Les six albums qui constituent cette série-concept vont du bon à l'excellent... L'ordre de préférence dépendra sans nul doute de chacun, tant est grande la variété des intrigues et de leurs contexte. Côté dessin, il y en a aussi pour tous les goûts, d'inspiration comics (Diamond, l'Héritage du Kaiser) en passant par la BD européenne (Soul Man, le Troisième jour, Gold Rush) et l'expérimentale (La Grande Escroquerie)... Ce dernier est sans doute l'album le plus exigeant car la connaissance de son background semble primordiale pour apprécier pleinement l'intrigue qui s'y déroule...

Les couvertures de chacun des six albums sont toutes très bien composées et esthétiquement très réussies, posant d'emblée l'ambiance de chacun des récits...

Au final, le Casse est bien plus qu'un concept marketing... L'intégration de ces six albums dans une série leur donne une résonance intéressante. L'émulation en résultant a poussé les auteurs à se dépasser, à exploiter la thématique de façon originale et percutante... pour le plus grand plaisir des lecteurs! La série constituant en quelques sorte une (excellente!) anthologie du casse...

A l'instar de la série Sept, le Casse est une série de six albums liés par une thématique commune, celle d'un casse. Chaque album sera conduit par des auteurs différents, chacun offrant sa variation autour du thème imposé. Et si 7 Psychopathes était la perle incontournable de la série 7, il est fort possible que Soul Man - Pittsburgh, état de Pennsylvanie. 1964 soit celle du Casse, tant elle impressionne par sa forme et son fond. Son intrigue ramassée qui se dévoile peu à peu, est solidement charpentée, tendue à l'extrême et fertile en rebondissement... une gageure puisqu'elle se passe pour sa majeure partie dans le décor étriqué d'une prison!

Centre correctionnel d'Attica, Pittsburgh, état de Pennsylvanie. 1964. Accusé d'avoir tué sa petite amie, le jeune Félix à la gueule d'ange est placé dans la sinistre cellule 701, celle occupée par Soul Man, prisonnier violent connu pour avoir tué tous ses codétenus. Sentant que cela cache sans doute quelque chose, le tueur lui donne une semaine pour lui donner une explication plausible sur sa présence dans ces murs et dans sa cellule. Passé ce délais...

A l'instar de Reservoir Dog, l'action s'est noué bien avant que l'album ne commence et se reconstitue peu à peu, par strate... Si Soul Man et Felix ont entamé un inquiétant jeu du chat et de la souris, les deux auteurs s'amuse avec le lecteur comme le chat avec sa proie, l'entraînant peu à peu loin du carcan carcéral par le truchement de multiples rebondissements aussi audacieux qu'inattendu, réservant pour la fin une ultime pirouette à couper le souffle.

Le trait réaliste de Denys (rehaussé par la colorisation de Hubert) et son inspiration cinématographique accentue la dynamique du récit et sert admirablement bien cet album qu'on referme avec la furieuse impression d'avoir visionné un polar magistral sur grand écran.

L'exercice périlleux du one-shot sous contrainte thématique est relevé de main de maître par les auteurs qui ont su développer une intrigue millimétrée en prenant néanmoins le temps d'installer des personnages denses et étoffés. Soul Man est un album puissant et prenant qu'on referme avec la furieuse envie de s'y replonger...