Chaque nouveau tome du Tueur apporte une pierre de plus à l'édifice de cette incontournable série, l'une des pierres angulaires de la collection Ligne Rouge de Casterman.

Les réflexions cyniques du personnage principal, son regard désabusé sur la société, sa façon incisive d'en relever les travers et la mise en abîme de la violence du Tueur et de celles, plus sourdes, de la société, font tout le sel de cette série hors norme.

S'il continu à exercer son métier de façon froide et professionnelle, l'existence de son fils semble lui faire porter un regard différent sur ses actions et leurs implications politiques, comme si le fait d'avoir fondé une famille, avait fait apparaître une fêlure dans son implacable froideur, lui faisant gagner en épaisseur et en complexité. Et en faisant évoluer le personnage du Tueur, en infléchissant subtilement son comportement et sa façon d'agir, les auteurs rehaussent encore d'un cran l'intérêt que suscite la série.
Le cliffhanger abrupt qui clos l'album accentue la furieuse envie qu'a le lecteur de découvrir la suite des pérégrination de ce personnage aux réflexions dérangeantes mais lucides sur « l'ordre naturel des choses ».

Le scénario de Matz se déroule impeccablement, avec un suspens et un rythme savamment étudié tandis que le trait semi-réaliste de Jacamon, son traitement de la lumière et sa façon si particulière de mettre en scène les scènes d'action (effet de miroir brisé qui accélère le rythme tout en faisant voler en éclat le vernis de la de la civilisation) continuent de faire merveille.

Ce second cycle du Tueur est une petite merveille à la hauteur du premier et ancre définitivement cette série dans les incontournables du neuvième art.