Agonie est le premier tome d'un diptyque à la thématique pour le moins surprenante mais qui s'avère particulièrement captivante... Staline, le Petit Père des peuples se meurt à la suite d'une attaque cérébrale. L'étrange ballet autour du futur cadavre (une danse macabre où folie, perversité, cynisme et soif du pouvoir se mêlent et s'entremêlent) peu commencer... Improbable récit dont on peine à croire qu'il s'inspire de témoignages réels tant les évènements relatés paraissent hallucinant...

Le récit a tout d'une farce macabre dans les coulisses d'un pouvoir totalitaire dont la peur est le principal carburant et dont Staline et sa folie semblent être le ciment qui fait, tant bien que mal, tenir cet improbable édifice debout... Tétanisés par la peur ou caressant secrètement l'ambition de recevoir l'héritage du Petit Père des peuples, la foule d'anonymes qui gravitent autour du dictateur donne le vertige, entraînant le lecteur dans la spirale de la folie furieuse qui semble régner ici de main de maître.

Fabien Nury fait montre une fois de plus de son formidable talent de conteur, alors que les dessins du talentueux Thierry Robin (dans un style évidemment plus austère que Koblenz) qui n'en finit pas d'explorer de nouveaux univers, servent admirablement ce récit. Les couleurs sépia de Lorien Aureyre l'ancre pour leur part dans son époque.

Le second et dernier tome de la Mort de Staline se proposera de nous montrer les coulisses des obsèques de celui qui régna d'une main de fer dans un gantelet d'acier sur la moitié du monde... Le spectacle promet d'être à la hauteur de ce premier acte, passionnant, édifiant, incisif et terriblement caustique...