Trois années avant la déferlante impulsée par le Da Vinci Code de Dan Brown, Didier Convard avait concocté une série ésotérique mêlant habilement enquête, action et complots séculaires. Le triangle Secret était né, porté par l'érudition du scénariste. Et si le triangle secret innovait sur le fond, il était avant-gardiste sur la forme puisque plusieurs dessinateurs se sont relayés, assurant une publication régulière, chacun travaillant sur une époque ou un lieu particulier. C'est suite à la publication de cet série ambitieuse et passionnante qu'avait été crée la Loge Noire, collection destinée à devenir le creuser de nombreux récits à forte connotation ésotérique.

Mais tout n'avait pas été dit dans la série mère, malgré les opus apportant un autre éclairage sur les évènements relatés dans les les sept tomes de la séries (Géométrie Mortelle et Dans le Secret du Triangle)... Trois séries parallèles furent crées, d'I.N.R.I qui nous plongeait aux origines du Triangle Secret, en passant par Hertz qui se proposait de parler du passé de certains personnages et les Gardiens du Sang se propose de nous en apprendre d'avantage sur le bras armé du Vatican, l'intrigue s'articulant autour des connaissances secrètes de Joseph Balsamo, plus connu sous le nom de Cagliostro... L'auteur n'a pas son pareil pour inscrire ses histoires dans les replis obscurs de l'histoire, l'ensemble des albums publiés formant un tout dense qui développe sa propre cohérence.

Ce troisième album de la série conserve ce subtil équilibre entre action effrénée et enquête plus feutrée. L'auteur parvient à ménager le suspens et à scotcher le lecteur à son album par des fréquents changement d'angle, passant d'un groupe à un autre, chaque fragment s'assemblant pour former un tout époustouflant de maîtrise, à se demander comment Didier Convard s'organise pour accoucher de scénarios à la trame si alambiquées et tellement cohérente...

Le dessin de Denis Falque, s'il souffre parfois d'un léger manque de souplesse, sert remarquablement cette histoire avec son trait sobre et réaliste, ses changements d'angle savamment pensés qui ne sont bien sûr pas sans évoquer le septième art.

Le Carnet de Cagliostro est un album prenant, dans la lignée des précédents, qui poursuit l'incroyable édifice amorcé avec Le Testament du fou il y a plus d'une décennie... Du grand art!